Que l'on aime ou pas Les
dents de la mer de
Steven Spielberg, il a cependant dès sa sortie en 1975, mis en
évidence les dangers que peuvent receler les fonds marins. Ces eaux
tumultueuses dans lesquelles nous aimons si bien patauger. Pourtant,
la plupart des seuls véritables risques de s'y perdre sont causés
par la noyade ou l'hydrocution. Les requins sont comme les araignées.
L'homme dispense des idées fausses qui font de ces deux seuls
exemples des créatures dont la morsures peut à elle seule être
fatale. Mais en réalité, dans l'un comme dans l'autre cas, les
risques sont minimes. Si Les dents de la mer fut
responsable de nombreuses crises de panique à la suite de sa
diffusion dans les salles de cinéma, il causa également la
naissance presque spontanée de toute une ribambelle de plagiats,
ersatz parmi lesquels sa poignée de séquelles n'eurent pas à pâtir
du plus mauvais sort. Le film débute sa carrière sur grand écran
le 20 juin 1975 sur le territoire américain, soit la semaine même
du début des vacances d'été. Un pari risqué pour le réalisateur,
son équipe de tournage, ses interprètes et les sociétés de
production Universal
Pictures et
Zanuck-Brown
Productions qui
prennent alors le risque de voir les spectateurs américains fuir
devant ce qui pourrait être envisagé comme le signe avant coureur
d'un été meurtrier. Peut-être aurait-il fallut prendre des
précautions et ainsi avertir que le requin blanc n'est pas
spécialement adepte de chair humaine, laquelle semble insuffisamment
grasse à son goût !
L’œuvre
de Steven Spielberg révèle l'effroi que peut manifester l'homme à
l'idée d'être dévoré vivant. Ou plus simplement de baigner dans
une eau dont il ignore ce qui peut s'y trouver sous ses pieds. Sûrs
de leur fait, producteurs et réalisateur ont sans doute bien fait de
programmer le film à cette date là puisque seulement une semaine
après le jour de sa sortie, le film a déjà pratiquement récupéré
la mise de départ s'élevant à neuf millions de dollars. Un budget
qui aujourd'hui peut paraître presque ridicule en comparaison de
ceux qui dépassent dorénavant allégrement les deux-cent ou
trois-cent millions de dollars rien que sur le territoire américain.
En 1975, les budgets alloués au cinéma international oscillent
entre les quatre et les treize millions de dollars. Quelques-uns
osent dépasser ces limites en approchant dangereusement des
vingt-cinq millions mais Les dents de la mer n'en
fera pas partie. Il est d'ailleurs amusant de constater que le budget
du film équivaudra à peu près à ceux des trois premiers Sharknado
réunis et réalisés par Anthony C. Ferrante entre 2013 et 2015.
Steven Spielberg n'est peut-être pas le premier réalisateur à
avoir mis en scène une belliqueuse créature provenant des océans,
mais avec quelques-autres (Joe Dante lui emboîtera le pas trois ans
plus tard avec l'excellent Piranhas)
il est celui qui su donner au genre ses lettres de noblesse. La
preuve puisque presque quarante-cinq ans plus tard, Les
dents de la mer demeure
encore le plus célèbre d'entre tous et celui que l'on cite en
général en premier...
Mais
que raconte donc ce petit film au titre français si intriguant signé
d'un réalisateur qui n'a pour le moment tourné qu'une toute petite
poignée de longs-métrages (dont, tout de même, le génialissime
Duel) ?
L'histoire, toute bête, s'inspire tout d'abord du Roman Jaws
de l'écrivain américain Peter Benchley sorti un an seulement
auparavant. Elle met en scène le shérif Martin Brody (l'acteur Roy
Scheider), fraîchement débarqué de New York sur l'île d'Amity en
compagnie de son épouse Ellen et de leurs deux enfants Sean et
Michael, Matt Hooper (Richard Dreyfuss), un océanographe spécialiste
des requins ainsi que Bart Quint (Robert Shaw), un chasseur de
requins qui figure une alternative ''spielbergienne''
du Capitaine Achab du roman Moby Dick
de l'écrivain new-yorkais Herman Melville. Tous les trois vont
s'unir afin de mettre un terme aux agissements d'un grand blanc qui
sème la mort et la terreur sur cette localité très touristique que
représente Amity. Mais ils vont devoir faire face à son maire, le
retors Larry Vaughn (Murray Hamilton), lequel refuse pour des raisons pécuniaires de
fermer aux touristes l'accès à la plage malgré les conseils de
Martin Brody. Une attitude récurrente que l'on retrouve
effectivement dans bon nombre de longs-métrages portant sur le même
sujet. Après avoir fait une partie de sa carrière auprès du studio
Disney,
le concepteur d''EFX américain Robert A. Mattey quitte le
département des effets-spéciaux avant de se retrouver sur le
plateau de ce qui n'est encore qu'un projet : Les
dents de la mer de
Steven Spielberg. C'est à lui que sera confiée l'élaboration de
trois modèles de requins en polyuréthane...
Durant
près de deux heures le spectateur assistera au combat incessant du
shérif et de l'océanographe pour convaincre le maire de prendre les
disposition nécessaires mais également aux attaques répétées
d'un requin très impressionnant dont la puissance des rencontres est
augmentée par la superbe partition musicale du compositeur John
Williams et surtout le Jaws
Theme qui
avec deux notes seulement, parvient à rendre certaines séquences
véritablement anxiogènes. Dans son genre, Les
dents de la mer est
un blockbuster. Tout en étant un pur film d'épouvante, Steven
Spielberg nous propose un long-métrage catastrophe et une aventure
familiale. Si en terme d'effroi le film continue d'être efficace
même plus de quarante ans après sa création, on reprochera
cependant au film son manque de profondeur concernant les principaux
personnages. Une pénurie de caractérisation sans doute due à leur
multiplication à l'écran. Seul le couple Roy Scheider/Martin Brody
- Lorraine Gary/ Ellen Brody semble avoir bénéficié d'un minimum
de soin même si l'épouse du shérif tient ici un rôle bien moins
important que dans l'ouvrage de Peter Benchley. Les
dents de la mer n'en
demeure pas moins un classique du cinéma d'épouvante...
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