En Antarctique, une
expédition constituée de six hommes tous d'origine sud-coréenne
s'est lancée dans une traversée du continent le plus méridional de
notre planète afin d'y atteindre le pôle d'inaccessibilité. Un
lieu où aucun autre qu'eux ne semble avoir encore mis les pieds.
Choi Do-hyung, Seo Jae-kyung, Yang Geun-chan, Lee Young-min, Kim
Min-jae et Kim Sung-hoon traînent chacun dans leur sillage un
paquetage individuel. Le voyage est excessivement pénible. Les six
hommes doivent composer avec des très basses températures et le
passage régulier de tempêtes de neige. Sur leur route, il
découvrent un jour un piquet de bois affublé d'un drapeau en très
mauvais état planté dans la glace. En l'ôtant, ils découvrent
sous l'objet un vieux carnet d'expédition ayant appartenu à un
homme qui en 1922 partit conquérir en compagnie de cinq autre hommes
le même territoire que Choi Do-hyung et ses compagnons. Dès lors,
d'étranges événements commencent à se produire au sein de cette
nouvelle expédition. L'un des six hommes disparaît. Puis un second
meurt en chutant dans une fosse sans fond. Pourtant bien décidé à
aller jusqu'au bout, Choi Do-hyung fait contre fortune bon cœur
malgré une réticence de la part des autres qui commence très
nettement à se faire ressentir...
De la neige, toujours de
la neige, rien que de la neige. Question décors, on est avec
Antarctic Journal,
face à des neiges éternelles incessantes. La nuit n'y tombant
jamais, le spectateur est tout comme les six personnages condamné à
n'avoir comme point de vue que le Soleil. Vendu comme un thriller
psychologique mâtiné de fantastique, le premier long-métrage du
réalisateur sud-coréen Pil-Sung Yim est effectivement tout d'abord
centré sur ses six expéditeurs. Des caractères plus ou moins forts
dont le plus charismatique reste bien sûr Choi Do-hyung
qu'interprète la star sud-coréenne Song Kang-ho. L'acteur y
incarne ce type d'aventurier jusqu’au-boutiste près à mettre sa
vie et celle de ses compagnons en danger pour aboutir à son projet.
Scénarisé par le réalisateur de Memories of
Murder,
The Host,
Mother
ou encore Parasite Bong
Joon-ho, Antarctic Journal
n'en est pas moins une très grosse déception. Non pas que l'on
pouvait rêver y ressentir les mêmes sensations qu'un The
Thing,
chef-d’œuvre du réalisateur américain John Carpenter puisque le
sujet y est bien différent, mais les divagations de nos six
personnages et notamment celles de Choi Do-hyung nous laissent
totalement indifférents. Même la présence à l'écran de l'acteur
Yu Ji-tae que l'on a pu notamment voir dans le chef-d’œuvre de
Par-Chan Wook Old Boy
en 2003 n'y change absolument rien...
Pourtant,
le cadre choisi aurait pu et dû apporter au spectateur son comptant
de sensations fortes. Mais celles-ci se délimitent malheureusement à
quelques courtes séquences, toutefois impressionnantes. Comme les
quelques tempêtes de neige qui paralysent nos six hommes en les
bloquant sous leur tente commune ou la chute vertigineuse de l'un
d'eux au fond d'une crevasse en forme de puits. Trop long, trop
bavard, parfois brouillon, Pil-Sung Yim exécute le scénario qu'il
a donc écrit en collaboration avec Bong Joon-ho sur un mode
léthargique véritablement épuisant. Si l'atmosphère et la
photographie nous en mettent parfois plein la vue à travers de
magnifiques plans larges et son décors enneigé à perte de vue, le
message que tente de véhiculer le scénario est au mieux
incompréhensible et au pire, parfaitement inintéressant. Mélange
d'aventure et de fantastique dans lequel le voyage de six hommes
semble reproduire celui inscrit dans le journal d'une expédition
menée quatre-vingt années auparavant, Antarctic
Journal a
de plus l'outrecuidance de nous promettre d'entrée de jeu la
présence d'une étrange créature dont on n'entendra malheureusement
plus jamais parler. Reste ce plan final de toute beauté, sombre,
symbolique, désespéré et peut-être même nihiliste qui ne
rattrape pourtant pas l'énorme gâchis que représente le film. Si
Pil-Sung Yim semble avoir misé sur les dialogues, il paraît avoir
cependant oublié de donner du rythme à son œuvre. On s'y ennuie
donc très ferme...
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