Alors, Robocop 2
est-il meilleur que son modèle ? Et si oui, a-t-on aujourd'hui
le droit de le professer ? Parce que si mes souvenirs sont bon,
déjà à l'époque, évoquer en de bons termes la séquelle d'un
classique qu'il eut été de science-fiction ou autre, c'était une
chance de plus d'affronter les foudres des fans de l’œuvre
originale. Paul Verhoeven n'ayant pas repris les commandes de la
franchise, c'est au tour du réalisateur américain Irvin Kershner de
s'en charger. Pas un manchot le bonhomme vu qu'il a déjà derrière
lui à l'époque une certaine expérience de la mise en scène
puisqu'il a réalisé lui-même le second volet de la trilogie
originelle Star Wars
intitulée chez nous L'Empire contre-attaque,
qui si je ne me trompe pas, est considéré par les fans de la
franchise comme le meilleur de tous. Puis Les
yeux de Laura Mars,
sur un scénario de l'immense John Carpenter et même un James Bond
(Jamais plus jamais).
En même temps, quel cinéaste n'a jamais réalisé de purge ?
James Cameron ? David Lynch ? Paul Verhoeven ? David
Charhon ? Mais alors, que sont donc Piranha
2 : Les Tueurs volants,
Dune,
Showgirls
ou Cyprien,
Les naufragés
et Le dernier Mercenaire
sinon des ratés dans des carrières exemplaires (il est
conseillé de barrer les mentions inutiles concernant le
''réalisateur'' français) ?
D'une certaine manière,
Robocop 2 parvient
à maintenir le cap qui est celui de demeurer dans la droite lignée
de son prédécesseur. Peter Weller, Nancy Allen, Dan O'Herlihy,
Robert DoQui et Felton Perry font toujours partie de l'aventure et
seuls changent les méchants de l'histoire. Les effets-spéciaux
sont beaucoup plus nombreux puisque interviennent davantage de
situations faisant appel à la stop-motion et à l'animatronique. Une approche qui
s'explique par la présence à l'écran de plusieurs alternatives
ratées du Robocop et d'un nouveau modèle dont la crédibilité
reste à revoir. Irvin Kershner serait-il à l'origine du jeunisme
qui quelques décennies plus tard allait largement se déployer sur
les écrans ? Toujours est-il que le passage de relais entre les
criminels du premier Robocop
et les délinquants de sa séquelle ne se fait pas dans la douceur.
C'en est même grotesque que de voir une police débordée par des
voyous hauts comme trois pommes, dirigés par une sorte de gourou
charismatique interprété par l'inquiétant Tom Manhunter
Noonan. Et que dire de son improbable ''lieutenant'', le jeune Hob
qu'incarne Gabriel Damon alors âgé de treize ans seulement.
Visionnaire, Robocop 2 ?
Si on prend les choses ainsi, alors oui, ça peut le faire. Surtout
que le monde que décrit le scénario de Frank Miller et Walton Green
est proche de l'original mais en pire. L'OCP ne semble plus régir
que la sécurité mais l'ensemble des règles qui régissent la
société.
Dans
une ville de Détroit où la violence est arrivée à son apogée, le
retour de Robocop
semble plus que jamais indispensable... Oui mais voilà.
Qu'il soit quelque peu modifié pour intégrer un programme dont les
objectifs vont bien au delà de ceux pour lesquels il avait été
créé à l'origine, on aura peut-être un peu de mal à pardonner
cette touche humoristique qui malheureusement ne sert qu'à humilier
ce personnage mythique de la science-fiction. Un Robocop qui n'est
parfois qu'une réplique grotesque de lui-même, surtout lors de
gunfights où sont attitude cartoonesque est risible dans le plus
mauvais sens du terme. Genre : ''je tire à droite tout en
tournant ma tête de boite de conserve à gauche''. Des
adolescents tout juste entrés dans la période de l'adolescence, un
héros qui se caricature, et PIRE, un modèle d'un nouveau genre
auquel est administré le cerveau du pire des criminels (fallait
oser), mais de l'action et quelques séquences plutôt gratinées qui
contre-balancent le tout pour un résultat qui fait paraître cette
suite comme une volonté d'attirer un public plus large pour un
spectacle auquel les enfants sont désormais conviés...
Je vous laisse rarement des commentaires, j'en profite pour vous féliciter sur l'excellente tenue du site, que je suis avec beaucoup d'intérêt ! Robocop 2 ? Aussitôt vu, aussitôt oublié en ce qui me concerne. Il était impossible de faire des suites valables à Robocop, sauf à condamner avec complaisance le robot à errer dans les limbes de l'inhumanité. Personne n'a envie de voir le calvaire de Murphy se prolonger une fois terminé le générique final de Verhoeven.
RépondreSupprimerEt sinon, je trouve Le dernier mercenaire très bien. Les Américains cherchent désespérément à faire ce genre de film sans jamais y parvenir : pourquoi faut-il toujours que les Français battent leur coulpe ainsi ?
Mechanix