Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


dimanche 22 août 2021

My Heart Can't Beat Unless You Tell It To de Jonathan Cuartas (2020) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Pour son tout premier long-métrage après une poignée de courts réalisés entre 2013 et 2018, le réalisateur Jonathan Cuartas signe avec My Heart Can't Beat Unless You Tell It To une œuvre très particulière. De ces films qui choisissent pour thématique le vampirisme pour en explorer des facettes beaucoup plus intimistes, quitte à opter pour une vision réaliste du concept. Car ici, Thomas, le cadet d'une fratrie complétée par Dwight et leur sœur Jessie, n'est pas de ces créatures qui craignent l'ail, les crucifix et auxquels poussent de longues canines leurs permettant de sucer le sang de leurs proies. Tout juste la lumière du soleil lui est néfaste. Respectivement interprétés par Owen Campbell, Patrick Fugit et Ingrid Sophie Schram, ces trois membres d'une même famille soudés au point d'en être capable de commettre des meurtres pour le bien de l'un d'entre eux ne sont pas de ceux qui l'on oubliera de sitôt. Et pour cause, les uns et les autres interprètent leur rôle avec la très forte conviction de marquer d'une nouvelle pierre le mythe du vampirisme. Mais ici, pas de chichis, ni de surabondance en matière d'hémoglobine. Mais avec son caractère réaliste, sa noirceur et son pessimisme, My Heart Can't Beat Unless You Tell It To a parfois l'air de diffuser une horreur graphique plus significative qu'elle ne l'est en réalité. Parfois brutal, le long-métrage est le douloureux message d'un homme et de sa sœur qui ont tout sacrifié pour que leur jeune frère puisse survivre à l'étrange mal qui le contraint à boire du sang humain. Si My Heart Can't Beat Unless You Tell It To semble parfois se référer au classique de George Romero, Martin, il s'en éloigne du fait que le mal agit ici davantage d'un point de vue physiologique que psychologique...


Ici l'on échappe à cette vision aristocratique du mythe, à cette volonté de reproduction pour que perdure l'espèce. Au contraire, l'action se situe dans un contexte social rudimentaire et l'idée même de prolonger la lignée ne fait clairement pas partie du processus entamé par Dwight et Jessie. Eux ne veulent qu'une chose : que leur jeune frère Thomas vive, quitte à lui procurer le sang dont il a besoin pour rester en vie. Ce qui donne lieu alors à un étrange ballet, l’œuvre prenant l'apparence d'un film de tueurs en série dans lequel la nécessité de tuer ne relèverait plus ni d'une psychose, ni d'une perversion mais d'un besoin fondamental. Rythme minimaliste se conjugue ici avec des saillies d'une violence don le réalisme les rend particulièrement éprouvantes. Le sang pisse, recouvre les murs, les mains se parent de ''gants'' rouge carmin et les lames de couteaux s'extraient des plaies dans une douleur que même le spectateur aura l'occasion de ressentir. Mais surtout, My Heart Can't Beat Unless You Tell It To est un message d'amour... fou, pour un monstre au visage on ne peut plus humain. Owen Campbell est bouleversant dans le rôle de Thomas, cet adolescent au regard intense qui désire se faire des amis tout en sachant que cela lui est impossible. Quant à Patrick Fugit et Ingrid Sophie Schram, en incarnant les frère et sœur Dwight et Jessie, il épousent le concept de lien familial. De cet amour qui quoi que cela puisse en coûter, va les pousser à commettre des actes d'une très grande violence...


Sur un rythme qui risque de décontenancer une partie de son public, Jonathan Cuartas traite le personnage de Thomas non pas comme une créature repoussante et aux agissements abjectes (au même titre que ceux perpétrés par sa sœur et son frère), mais comme la victime d'un sort qui l'empêche de vivre comme n'importe quel adolescent de son âge. Minimaliste, souvent très lent dans son développement, son traitement semble parfois le rapprocher du très ennuyeux et très prétentieux A Ghost Story réalisé il y a quatre ans par David Lowery mais My Heart Can't Beat Unless You Tell It To lui est très largement supérieur en terme d'émotion et d'interprétation. Moins film d'auteur que long-métrage prenant le temps de réfléchir sur la situation de ses personnages, le réalisateur signe avec ce premier format long une œuvre qui n'attendra pas le nombre des années pour devenir une référence. Une alternative au genre très encombré du vampirisme sur grand écran, brillante, à l'exceptionnelle interprétation et à la mise en scène sobre mais efficace. Un must...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...