Le
Japon... ses Bonsaïs, l'ikebana, ses tapioca bubbles, ses gyozas
et... ses fantômes. Ringu ou
Honogurai Mizu no Soko Kara manshon
de Hideo Nakata, Juen
ou le très récent Jukai Mura
de Takashi Shimizu, Sakebi
de Kiyoshi Kurosawa. Leurs plus brillantes et plus célèbres
transpositions cinématographiques auxquelles nous ajouterons à
cette occasion, le Kaidan Shin Mimibukuro: Yūrei
Mansion
d'un certain Akio Yoshida dont j'oserais affirmer qu'il demeure un
parfait inconnu dans nos contrées. À moins de s'être tout d'abord
abreuvé de ses téléfilms et de ses divers épisodes de séries
télévisées dont Kaidan Shin Mimibukuro: Yūrei
Mansion
montre certains signes. Sorti en 2005, ce premier volet d'un diptyque
dont la séquelle fut visible quatre ans plus tard (Kaidan
Shin Mimibukuro Supesharu : Mae - Sugoi Kao),
empiète sur un genre tout en espérant y apporter alors, une vision
nouvelle. Une tentative de dépoussiérage aussi étrange qu'absurde.
Un rendez-vous que d'aucun, du moins ceux qui n'ont pas les fantômes
dans le sang comme certains addicts ont l'héroïne comme meilleure
amie, estimera de manqué. Pourtant, même s'il n'atteint jamais, Ô
grand jamais, les inaltérables qualités du plus grand d'entre tous,
le bien nommé Darkwater,
le long-métrage d'Akio Yoshida ne se verra pas non plus comme l'une
de ces purges dont on préfère en général oublier l'existence et
taire le nom...
Tout
étant histoire de goût, la seule véritable aura de Kaidan
Shin Mimibukuro: Yūrei Mansion,
ce sont peut-être certains de ses personnages sortis tout droit du
théâtre NÔ. L'outrance de leur interprètes. Dans le jeu et les
mimiques. À dire vrai, l’expressionnisme allemand revu et corrigé
par les habitants du pays du Soleil-Levant. Le ton en devient alors
fort comique. Que cela soit volontaire ou non, en matière d'humour,
la chose se révèle parfois efficace (l'escort-girl qui pour
échapper aux autorités se planque dans une poubelle généreusement
garnie de détritus). Le Japon, c'est aussi cette chaleur que l'on
sent poindre des locataires de cet immeuble où viennent s'installer
Aimi Yamato (l'actrice Mei Kuroxawa) et son père Mitsuru. Elle a
perdu sa mère, lui, une épouse. Elle aurait tant aimé rester vivre
dans la demeure qui l'a vue grandir aux côtés de celle qu'elle a
perdu voilà quelques années, lui noie son chagrin dans l'alcool.
Mais plutôt que de reprendre sereinement le cours de leur existence
comme le voudrait cette nouvelle installation, dans un nouvel
appartement, dans une nouvelle ville et aux côtés de... nouveaux
voisins, Aimi et son père vont découvrir que l'immeuble est au
centre d'une malédiction qui touche la totalité de ses habitants.
C'est d'une part ce qui fait de Kaidan Shin
Mimibukuro: Yūrei Mansion
son originalité. Ici, ça n'est plus simplement une fille et son
père qui deviennent les victimes d'une hantise belliqueuse mais un
ensemble de locataires qui n'ont surtout pas intérêt à rentrer
plus tard qu'à minuit pétante. Car ici, le risque, ça n'est plus
comme pour Cendrillon, que son carrosse redevienne une citrouille,
mais bien la vie de chacun qui est en jeu...
Prisonniers
de cet immeuble anodin, chaque famille de locataires est l'occasion
de créer pour le réalisateur, une situation bien précise qui se
fond dans le décor et dans un même principe. Il n'y a donc là, pas
de réel personnage principal mais plutôt une galerie d'individus
contraints de vivre sous la menace d'un fantôme. À moins que...
Tout en homogénéisant les divers événements pour faire de Kaidan
Shin Mimibukuro: Yūrei Mansion
un long-métrage avec un début, un milieu et une fin, l’œuvre
d'Akio Yoshida prend des allures de film à sketchs. Horrifique, mais
pas vraiment. Plutôt volontiers humoristique. La véritable terreur
pourra éventuellement naître de sa sinistre affiche, seul élément
nous rappelant que nous sommes bien devant un film fantastique ayant
pour vocation d'effrayer son public. On n'aura pas eu le temps
d'admirer le moindre effet-spécial ou de s'attacher aux personnages
même si Aimi est parfois touchante ou si le vieil excentrique Ebisu
(qu'interprète l'acteur Isao Yatsu que l'on retrouvait déjà dans
certains des classiques cités plus haut) apportent un semblant
d'intérêt à une œuvre qui souffre terriblement de la comparaison
avec les stars du genre...
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