Lorsque Sondra Locke
tourne dans Death Game
en 1977, elle a derrière elle une carrière d'actrice d'une dizaine
d'années et a déjà fait la rencontre de Clint
Eastwood avec lequel elle va vivre une relation et pour lequel elle a
notamment interprété le rôle de Laura Lee dans Josey Wales
hors-la-loi qu'il a lui-même signé l'année précédente.
Dans Death Game
(parfois titré The Seducers
et traduit chez nous sous le titre de Ça peut
vous arriver demain),
le réalisateur et producteur Peter S. Traynor dont il s'agissait là
du premier de ses deux seuls longs-métrages (avant Evil
Town
qu'il réalisa d'ailleurs la même année) imagine un home invasion
particulièrement cruel et d'une actualité cinématographique qui
n'a pas faibli puisque le genre connaît un certain regain d'intérêt
depuis quelques années. En compagnie de Collen Camp (dont la longue
carrière se poursuit encore de nos jours puisqu'elle a déjà tourné
deux longs-métrages rien qu'en 2021 et que deux autres sont en
post-production), les deux actrices incarnent deux très jeunes
femmes, voire même des adolescentes qui un soir viennent sonner à
la porte de George Manning (l'acteur Seymour Cassel). Bon père de
famille et époux aimant, il est ce soir-là tout seul à la maison.
Trempées jusqu'aux os, Agatha et Donna demandent à George s'ils les
autorisent à leur laisser passer un coup de téléphone pour que
l'on vienne les chercher. L'homme accepte et se montre très
prévenant avec les deux jeunes femmes qui se mettent très
rapidement à l'aise. Au point de séduire George et de lui faire
l'amour dans son jacuzzi, tout d'abord contre son gré. Alors
qu'Agatha et Donna ont passé la nuit chez leur hôte providentiel,
lors du petit déjeuner les choses se compliquent. George propose à
ses invitées de les ramener en voiture où qu'elle veuillent mais
refusent celles-ci et le menacent d'aller se plaindre à la police
d'avoir été violées...
Film
véritablement tendu (et tordu) qu'il sera de bon ton de découvrir
dans sa langue originale vu la piètre qualité du doublage en
français, Death Game est
de ces films qui incommodent très fortement.de part leur sujet, tout
d'abord, mais aussi par l'approche du dit sujet. Rien ne laisse
présager au départ le cauchemar que va vivre le personnage de
George qui en comparaison des deux jeunes femmes relativement frêles
que lui oppose le scénario d'Anthony Overman et Michael Ronald Ross,
ne semble pas avoir grand chose à craindre. Curieusement mis en
musique par le compositeur William Loose, le film arbore un ton
humoristico-dramatique dont les revirements perpétuels empêchent
une lecture claire de ce que cherche à atteindre le réalisateur.
Un fourre-tout d'où surnage une ambiguïté crasse à la manière
d'un Singapore Sling
(Nikos Nikolaïdis, 1990) mais au demeurant nettement moins abouti.
Musique burlesque, bruitages électroniques, expérimentaux et
anxiogènes, les deux actrices savent s'y prendre pour exprimer toute
la folie de leur personnage respectif. On a même droit à une
chanson interprétée par nos deux psychopathes de service,
lesquelles se maquillent à outrance pour un effet plutôt
saisissant. Renforcée par des éclairages verdâtres, l'ambiance est
glauque, humide et poisseuse. Viciée et fantasmée par deux
tortionnaires à l'imagination aussi fertile que diabolique. Barbares
dans les actes, capable de torturer physiquement leur victime, et
diaboliques dans leurs propos. Pour la modique somme de
cent-cinquante mille dollars, le tournage a eu lieu dans une demeure
du parc Hancock à Los Angeles. Une somme si misérable que l'on ne
s'étonnera pas d'y voir une œuvre scénaristiquement pauvre et
quasiment tournée en un lieu unique. Mais l'hystérie des deux
interprètes féminines jumelée à une bande-son morbide et des
éclairages saturés finissent de nous convaincre que l'on tient là
l'un de ces films-monstres dont la particularité aura tout de même
été d'inspirer deux remakes. La première fois avec le film
espagnol Viciosas al Desnudo de
Manuel Esteba en 1980, et beaucoup plus tard avec Knock
Knock
d'Eli Roth en 2015. Pour public averti, sachant que la version uncut
est plus longue d'une quinzaine de minutes et propose quelques
chaudes séquences de nudité déviante...
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