Quatre ans après
Dernier Train pour Busan,
le réalisateur sud-coréen Yeon Sang-ho revient avec Peninsula,
une ''séquelle'' qui n'en est pas vraiment une puisqu'il abandonne
les personnages de son prédécesseur et nous conte désormais les
aventures de Jeong-seok et Min-jeong, plongés dans une péninsule
sud-coréenne désormais totalement envahie par les zombies et où
seuls y survivent les plus téméraires. Cette fois-ci, le
réalisateur éteint toutes les lumières et n'éclaire plus la scène
qu'à l'aide de fumigènes et de fusées de détresse. Le soleil se
fait effectivement rare. Non pas qu'il soit lui-même l'objet d'un
cataclysme particulier, simplement, Yeon Sang-ho préfère filmer son
nouveau long-métrage dans la pénombre. Ce qui en soit n'est pas
dérangeant et apporte même une esthétique crépusculaire qui
tranche radicalement avec celle de Dernier Train
pour Busan.
Par opposition à l’exiguïté du train dans lequel se déroulait
alors une partie de l'intrigue, Peninsula
propose une aventure à ciel ouvert dans une péninsule grouillant de
zombies. Ou plus précisément d'infectés puisque les créatures en
question ressemblent davantage à celles de 28
Jours plus tard
de Danny Boyle qu'à celles de Zombie de
George Romero. Des créatures qui cavalent et s'avèrent donc
beaucoup plus véloces et dangereuses que les zombies, les vrais, qui
ont tendance à marcher très lentement. Il arrive à Yeon Sang-ho de
caricaturer l'attitude de ses infectés, ceux-ci frôlant parfois le
ridicule (certains se relèvent de leur mort dans d'improbables
contorsions de gymnastes tandis que deux ou trois d'entre eux se
déplacent tels des primates!)...
Dire
que l'on attendait Peninsula
avec impatience est un euphémisme. Et pourtant, la désillusion est
grande. Car si le film de Yeon Sang-ho n'est pas catastrophique, il
manque par contre cruellement d'ambitions scénaristiques. Et si une
partie du public n'est venue que pour voir des débordements
sanglants et des courses-poursuites, d'autres auraient sans doute
aimé un complément de psychologie ou du moins, une écriture plus
riche caractérisant davantage ses personnages. Parce que dans le
genre simpliste, le scénario de Peninsula
se pose là. Un groupe d'individus, dont l'ancien soldat Jung-seok et
son beau-frère (dont l'épouse et leur enfant sont morts dans
d'atroces conditions) est chargé de récupérer un camion rempli de
dollars américains dans la péninsule sud-coréenne désormais
envahie par les zombies. Voilà, c'est tout. Et si Yeon Sang-ho
assaisonne le tout d'une rencontre avec un bon gros méchant en la
personne du sergent Hwang (l'acteur Kim Min-jae) ou avec une
survivante (Lee Jeong-Hyeon dans le rôle de Min-jeong), Peninsula
n'est pas le film riche que l'on espérait. Si bien entendu les
effets-spéciaux sont là pour nous en mettre plein la vue, le récit
est bien trop convenu pour que le film se révèle véritablement
remarquable...
Ce
qu'il a, de remarquable par contre, c'est cette impression de déjà-vu
qui l'émaille de bout en bout. On ne reviendra pas sur l'apparence
des créatures qui logiquement ne pouvaient ressembler qu'à toutes
celles que l'on a déjà croisé par le passé (
le miteux World War Z de
Marc Forster pour
ne citer que lui) mais plutôt sur certaines des plus grandes idées
du film qui à vrai dire, pillent énormément au cinéma
outre-atlantique. Au hasard et dans le désordre, Peninsula
s'inspire très fortement de Je suis une Légende
de Francis Lawrence (à l'origine un roman de Richard Matheson déjà
adapté deux fois au cinéma en 1964 avec The
Last Man on Earth
de Ubaldo Ragona et Sidney Salkow et en 1971 avec The
Omega Man de
Boris Sagal), de Mad Max 2 : le Défi que
George Miller réalisa en 1981 (on peut également citer Mad
Max: Fury Road
du même réalisateur sorti il y a cinq ans) ou encore de New-York
1997
de l'immense John Carpenter. Entre arène de combat,
courses-poursuites dont l'objectif est de récupérer un bien
précieux, péninsule séparée du reste du continent, utilisation du
son et de la lumière pour attirer les créatures, faites votre
marché... trop de renvois à certains classiques nuisent à
Peninsula
qui ne ressemble alors plus qu'à un blockbuster ''testostéroné''
beaucoup trop chargé en références. Le réalisateur en profite
pour nous balancer une critique en début de long-métrage sur la
crise migratoire en faisant sans doute référence à celle que
connut le pays en 2018 avec l'arrivée de migrants yéménites. Le
film tente vainement de nous émouvoir comme pu le faire si bien son
prédécesseur en mettant sur ''pause'' ses zombies. Pas très
crédible mais bon. Peninsula
tient surtout sur son superbe décor nocturne où la nature à repris
ses droits et ses quelques courses-poursuites grouillantes de CGI en
forme de longues cinématiques de jeux vidéos. À part ça, le film
est loin d'être la claque attendue. Une semi-déception qui permet
tout de même de passer deux heures tout sauf ennuyeuses...
Bonjour,
RépondreSupprimerCe film m'intéresse, ainsi que beaucoup d'autres. Mais où sont les liens ?
Cordialement.
Jean