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dimanche 6 décembre 2020

Peninsula (반도) de Yeon Sang-ho (2020) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Quatre ans après Dernier Train pour Busan, le réalisateur sud-coréen Yeon Sang-ho revient avec Peninsula, une ''séquelle'' qui n'en est pas vraiment une puisqu'il abandonne les personnages de son prédécesseur et nous conte désormais les aventures de Jeong-seok et Min-jeong, plongés dans une péninsule sud-coréenne désormais totalement envahie par les zombies et où seuls y survivent les plus téméraires. Cette fois-ci, le réalisateur éteint toutes les lumières et n'éclaire plus la scène qu'à l'aide de fumigènes et de fusées de détresse. Le soleil se fait effectivement rare. Non pas qu'il soit lui-même l'objet d'un cataclysme particulier, simplement, Yeon Sang-ho préfère filmer son nouveau long-métrage dans la pénombre. Ce qui en soit n'est pas dérangeant et apporte même une esthétique crépusculaire qui tranche radicalement avec celle de Dernier Train pour Busan. Par opposition à l’exiguïté du train dans lequel se déroulait alors une partie de l'intrigue, Peninsula propose une aventure à ciel ouvert dans une péninsule grouillant de zombies. Ou plus précisément d'infectés puisque les créatures en question ressemblent davantage à celles de 28 Jours plus tard de Danny Boyle qu'à celles de Zombie de George Romero. Des créatures qui cavalent et s'avèrent donc beaucoup plus véloces et dangereuses que les zombies, les vrais, qui ont tendance à marcher très lentement. Il arrive à Yeon Sang-ho de caricaturer l'attitude de ses infectés, ceux-ci frôlant parfois le ridicule (certains se relèvent de leur mort dans d'improbables contorsions de gymnastes tandis que deux ou trois d'entre eux se déplacent tels des primates!)...


Dire que l'on attendait Peninsula avec impatience est un euphémisme. Et pourtant, la désillusion est grande. Car si le film de Yeon Sang-ho n'est pas catastrophique, il manque par contre cruellement d'ambitions scénaristiques. Et si une partie du public n'est venue que pour voir des débordements sanglants et des courses-poursuites, d'autres auraient sans doute aimé un complément de psychologie ou du moins, une écriture plus riche caractérisant davantage ses personnages. Parce que dans le genre simpliste, le scénario de Peninsula se pose là. Un groupe d'individus, dont l'ancien soldat Jung-seok et son beau-frère (dont l'épouse et leur enfant sont morts dans d'atroces conditions) est chargé de récupérer un camion rempli de dollars américains dans la péninsule sud-coréenne désormais envahie par les zombies. Voilà, c'est tout. Et si Yeon Sang-ho assaisonne le tout d'une rencontre avec un bon gros méchant en la personne du sergent Hwang (l'acteur Kim Min-jae) ou avec une survivante (Lee Jeong-Hyeon dans le rôle de Min-jeong), Peninsula n'est pas le film riche que l'on espérait. Si bien entendu les effets-spéciaux sont là pour nous en mettre plein la vue, le récit est bien trop convenu pour que le film se révèle véritablement remarquable...


Ce qu'il a, de remarquable par contre, c'est cette impression de déjà-vu qui l'émaille de bout en bout. On ne reviendra pas sur l'apparence des créatures qui logiquement ne pouvaient ressembler qu'à toutes celles que l'on a déjà croisé par le passé ( le miteux World War Z de Marc Forster pour ne citer que lui) mais plutôt sur certaines des plus grandes idées du film qui à vrai dire, pillent énormément au cinéma outre-atlantique. Au hasard et dans le désordre, Peninsula s'inspire très fortement de Je suis une Légende de Francis Lawrence (à l'origine un roman de Richard Matheson déjà adapté deux fois au cinéma en 1964 avec The Last Man on Earth de Ubaldo Ragona et Sidney Salkow et en 1971 avec The Omega Man de Boris Sagal), de Mad Max 2 : le Défi que George Miller réalisa en 1981 (on peut également citer Mad Max: Fury Road du même réalisateur sorti il y a cinq ans) ou encore de New-York 1997 de l'immense John Carpenter. Entre arène de combat, courses-poursuites dont l'objectif est de récupérer un bien précieux, péninsule séparée du reste du continent, utilisation du son et de la lumière pour attirer les créatures, faites votre marché... trop de renvois à certains classiques nuisent à Peninsula qui ne ressemble alors plus qu'à un blockbuster ''testostéroné'' beaucoup trop chargé en références. Le réalisateur en profite pour nous balancer une critique en début de long-métrage sur la crise migratoire en faisant sans doute référence à celle que connut le pays en 2018 avec l'arrivée de migrants yéménites. Le film tente vainement de nous émouvoir comme pu le faire si bien son prédécesseur en mettant sur ''pause'' ses zombies. Pas très crédible mais bon. Peninsula tient surtout sur son superbe décor nocturne où la nature à repris ses droits et ses quelques courses-poursuites grouillantes de CGI en forme de longues cinématiques de jeux vidéos. À part ça, le film est loin d'être la claque attendue. Une semi-déception qui permet tout de même de passer deux heures tout sauf ennuyeuses...

 

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Ce film m'intéresse, ainsi que beaucoup d'autres. Mais où sont les liens ?
    Cordialement.
    Jean

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