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jeudi 22 octobre 2020

Nue Propriété de Joachim Lafosse (2006)



Œuvre profondément tragique et ancrée au cœur de notre temps, le film de Joachim Lafosse fait preuve d'une force, d'une conviction et d'un réalisme qui confinent au sublime. A travers ce drame psychologique rural, on assiste impuissants à l'explosion imminente d'une famille dont les rapports mère-fils ressemblent avant tout à ceux que deux jumeaux entretiendraient normalement avec une amie alors que le père est absent. Des liens si forts qu'il semblent parfois ambigus, voire gênants. Du moins le temps de faire connaissance avec chacun des personnages. Les parents divorcés, les deux fils couvent sous un apparent bien être une révolte qui bientôt va apparaître en plein jour lorsque la mère avouera désirer vendre la demeure familiale au profit d'un projet personnel. Une fuite qui secrètement lui permettrait d'échapper au rôle qu'elle tient depuis quinze, celui de mère. Thierry est proche de son père Luc plus que de sa mère Pascale alors que son frère François semble encore éprouver le désir d'être couvé par sa mère. Alors bien sûr, quand éclate la colère de Thierry qui ne supporte pas l'insouciance et le détachement de sa mère, les liens profonds qui liaient les deux jumeaux se déchirent et transforment leurs fratricides rapports en disputes et bagarres quotidiennes.

Isabelle Huppert, qui une fois de plus interprète un rôle dramatique, est impeccable, juste et touchante. Elle livre une véritable performance dans l'interprétation de cette femme fragile dépassée par les événements et qui préfère se réfugier dans les bras de son amant plutôt que d'avoir à faire face à la violence toujours plus présente de son fils Thierry. Un Thierry magnifié par l'interprétation du talentueux Jérémie Regnier. Un personnage que l'on aime et que l'on hait selon que l'on choisisse de se rallier à la cause de la mère ou du fils désemparé. Difficile d'en vouloir à une Isabelle Huppert-Pascale éprise de liberté après quinze années de " sacrifice " même si elle donne parfois l'image d'une mère qui désavoue son rôle, préférant batifoler avec son amant Jan ( l'épatant Kris Cuppens ). Difficile aussi d'accepter les propos parfois très durs d' un Thierry à qui il arrive d'outrepasser son rôle de fils. On retrouve d'ailleurs mais d'une manière beaucoup moins plaisante ce qui faisait la force de leurs rapports avant le drame. Cette absence de barrières qui leur permettait de tout se dire, de tout oser. Aujourd'hui, c'est le revers de la médaille qui est mis à l'épreuve et l'on assiste alors à la disparition du symbole de la mère.

Un peu en retrait mais tout aussi talentueux que Jérémie, Yannick Renier (son frère dans le film et dans la vie) assure un rôle bien plus posé que celui de son frère et peut même sembler parfois anecdotique au regard des situations générées par le conflit permanent entre Pascale et Thierry. Comme une soupape, il permet toutefois de tempérer une situation pourtant inextricable et surtout permet de créer le rapport de force entre lui et son frère. Plus proche de sa mère, est-ce par hasard si toutefois cette dernière a le regard posé le plus souvent sur son fils Thierry plutôt que sur François? Peut-être peut-on déjà sentir alors le duel qui va opposer bientôt la mère et le fils. Comme si dans les regards on pouvait deviner la crainte éventuelle de Pascale pour Thierry.

Très beau film à voir. Sans restrictions...

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