Les films réunissant des
équipes sportives formées de joueurs hors du commun voient le jour
depuis quelques années sur les écrans de cinéma. En France, qui
n'a pas entendu parler en 2018 du Grand Bain de
Gilles Lellouche dont les médias n'ont eu de cesse de nous rabattre
les oreilles tandis que l'année suivante allait sortir sans tapage
médiatique le formidable Les Crevettes
Pailletées
de Cédric le Gallo et Maxime Govare ? Bien moins reluisant mais
pourtant sympathique allait suivre ensuite en début d'année 2020
Une Belle Équipe de
Mohamed Hamidi. Rapport entre ces trois longs-métrages ? Leur
propension à faire évoluer des personnages dans un contexte sportif
(d)étonnant. Dans le premier, une équipe de natation synchronisée
masculine, dans le second une équipe de Water Polo homosexuelle, et
dans le troisième, une équipe de football uniquement constituée de
femmes (pour ce dernier, rien d'incroyable à dire vrai). Mais alors
que ces trois là ont rencontré des fortunes diverses, c'est
peut-être sans doute du côté de l'Espagne qu'il fallait se tourner
lorsque la ''contagion'' a commencé à se propager. Sorti chez nous
quatre mois seulement avant Le Grand Bain,
Campeones (Champions)
du réalisateur espagnol Javier Fesser conte cette fois-ci l'histoire
de l'entraîneur de basket Marco Montes qui pour avoir provoqué une
bagarre à l'issue d'une rencontre est licencié puis envoyé devant
une juge après avoir provoqué un accident de voiture alors qu'il
était en état d'ébriété. Condamné par la justice, il a le choix
entre faire deux ans de prison ou entraîner durant trois mois une
équipe de joueurs de basket déficients mentaux. Marco Montes
choisit alors cette seconde option. Un choix qui va bouleverser sa
vie...
… ainsi
que celle des spectateurs, ou du moins, durant les quelque deux
heures environ que dure cette comédie dramatique heureusement plus
drôle que larmoyante même si à leur simple évocation, le souvenir
de certaines séquences réellement touchantes demeure encore vif.
Interprété par un Javier Gutiérrez Álvarez absolument divin,
Marco Montes change du tout au tout. De l'arrogant personnage qui en
font tout d'abord un antagoniste épouvantable, son implication
forcée à l'entraînement d'une équipe entièrement constituée de
handicapés mentaux va le changer pour en faire un homme bon et
surtout, beaucoup moins matérialiste, opportuniste et orgueilleux
qu'au départ. À l'origine, Campeones
s'inspire vaguement d'un fait divers incroyable ayant secoué les
Jeux Paralympiques de Sydney en 2000 et dont le réalisateur français
Vianney Lebasque s'inspirera pour son très réussi Chacun
pour Tous
sorti un an auparavant en 2017. En effet, lors de ces jeux, il fut
révélé que dix des douze joueurs de l'équipe de basket espagnole
n'étaient pas de véritables handicapés. Un scandale qu'évoque en
arrière-plan le film de Javier fesser avec toute la subtilité
nécessaire eu égard aux acteurs interprétant les joueurs de
l'équipe de basket qui pour le coup sont eux, de véritables
handicapés mentaux. Cela pourrait paraître pour certains anodin et
pourtant, c'est sans doute grâce à ce ''détail'' que Campeones
se
démarque de la concurrence et fait toute la différence...
Inutile
de préciser qu'ici, le voyeurisme n'a absolument pas sa place. Et
même si la curiosité génère au départ un certain intérêt, on
est très vite happé par l'incroyable présence de ces interprètes
qui plutôt que de créer un climat de malaise se révèlent
immédiatement attachants. Qu'il s'agisse de Jesús Lago, de Fran
Fuentes, de Stefan López ou encore de Jesús Vidal ou de José de
Luna, il demeure difficile de rester insensible devant cette équipe
hors du commun dont les ''faiblesses intellectuelles'' ne l'empêche
pas de révéler une grande humanité et surtout, une extraordinaire
sincérité. Surtout, Campeones
ne cherche jamais l’apitoiement du spectateur. Ces êtres pas tout
à fait comme le commun des mortels se révèlent au final aussi
attachants que n'importe quel acteur dit normal. Et même, sans
jamais s'apitoyer sur cette infirmité qui ne semble à l'écran,
jamais être véritablement un handicap pour chacun d'entre eux,
l’œuvre de l'espagnol se permet d'utiliser ses interprètes lors
de séquences irrésistiblement drôles sans qu'à aucun moment le
spectateur ne puisse évoquer une quelconque forme de ridiculisation
de ses interprètes et de leur infirmité. Divertissant, drôle et
émouvant, Campeones
est une grande leçon d'humanité. Preuve que le film est une totale
réussite : Comme pour le ''héros'' interprété par Javier
Gutiérrez Álvarez, c'est avec beaucoup de difficulté que l'on
accepte de dire au revoir à ces merveilleux personnages lorsque le
générique de fin met un terme à cette jolie histoire...
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