Jeune employée de bureau
fiancée à Yûsuke Nogami et vivant seule dans un minuscule
appartement à Tokyo, Chihiro Yamazaki fut victime cinq ans en
arrière d'un viol orchestré par trois hommes dans son village
natal. Depuis, la jeune femme a refait sa vie et semble s'en être
plutôt bien remise. Mais un jour, alors qu'elle rentre du travail,
l'un des trois violeurs du nom de Noboru Hirokawa refait surface et
s’introduit chez elle en la menaçant de révéler à son entourage
l'existence d'une cassette vidéo du viol. Contrainte d'accepter la
présence chez elle de son bourreau, celui-ci la maltraite et abuse
d'elle autant de fois qu'il en ressent le besoin. Mais il y a pire :
en effet, Noboru annonce à Chihiro qu'il a communiqué la nouvelle
adresse de la jeune femme aux deux autres violeurs Atsushi Kojima et
Minoru Baba et que ceux-ci sont en route pour les retrouver. N'en
pouvant plus de cette situation, Chihiro profite du fait que Noboru
se détende dans un bain pour l'assassiner. Une fois l'homme décédé,
elle l'enferme dans le réfrigérateur et attend patiemment que ses
deux autres bourreaux viennent à leur tour ''frapper'' à sa porte.
Et c'est Atsushi Kojima qui débarque le premier. Se confondant en
excuses pour le viol qu'il a commis sur Chihiro, l'homme n'en est
malheureusement pas moins malintentionné...
Déjà auteur de dix
longs-métrages avant de réaliser ce digne héritier de L'Ange
de la Vengeance
d'Abel Ferrara, le cinéaste japonais Takashi Ishii signe avec Furîzu
mî
un rape an revenge
étonnant et se déroulant presque exclusivement dans le minuscule
appartement de la victime/héroïne interprétée par l'actrice et
mannequin japonaise Harumi Inoue dont la carrière a tout d'abord
débuté à la télévision japonaise en 1995 avant que les sirènes
du cinéma ne fassent appel à elle pour la première fois en 1999
avec Gekkô no Sasayaki de
Akihiko Shiota. Furîzu mî perpétue
cette grande tradition du Rape
and Revenge
qui consiste généralement en la vengeance d'une jeune femme abusée
par un ou plusieurs individus de sexe masculin. Après les classiques
Thriller - en grym film
de Bo Arne Vibenius en 1973, I Spit on Your
Grave
de Meir Zarchi en 1978 ou L'Ange de la Vengeance
d'Abel Ferrara en 1981, Furîzu mî
transpose donc le thème au pays du soleil levant. Une œuvre
exotique qui n'en demeure pas moins sauvage dans le traitement
qu'inflige la victime à ses violeurs...
Takashi
Ishii ne traite jamais son sujet avec légèreté. Brutaux avec leur
victime, la vengeance souvent graphique de celle-ci n'est qu'une
juste réponse aux conséquences de leurs actes si datés soient-ils.
Shingo Tsurumi, Kazuki Kitamura et Naoto Takenaka incarnent ces
trois brutes qui tour à tour vont connaître un sort funeste mais
mérité. Si dans la forme le film se révèle classique bien
qu'assénant parfois quelques séquences particulièrement brutales
(les meurtres), le fond évoque des thématiques parfois
dérangeantes. Contrainte à la ''commodité'' de vivre
successivement auprès de ses trois bourreaux sans pour autant être
atteinte du ''syndrome
de Stockholm''
, l'héroïne semble ne pas prendre la mesure de ce qui deviendra le
mode d'existence d'une nécrophile. Prenant l'habitude de vivre au
milieu de cadavres entassés dans des congélateurs récemment
acquis, il ne lui vient pas forcément en tête de s'en débarrasser.
Pire : la jeune femme semble ainsi nouer une étrange relation
avec les cadavres désormais congelés. Furîzu
mî
déroule son cortège de sujets tabous sans une once d'ironie. En
résulte une héroïne qui plutôt que d'être définitivement
débarrassée de ses obsessions va plonger dans la folie. Une
dégradation psychologique qui s'exprimera également de manière
physiologique (Chihiro ne prend plus soin de son apparence),
l'appartement finissant lui-même par témoigner du déséquilibre
mental dans lequel est plongée sa propriétaire. Se rapprochant
également du Répulsion
de Roman Polanski à travers l'errance de son héroïne, Furîzu
mî
est une belle réussite dans les domaines qu'il incarne. Une œuvre
ambitieuse, parfois sensuelle, souvent troublante, dérangeante et
surtout essentielle qui se conclue de manière fort élégante. À découvrir d'urgence...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire