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mercredi 6 mai 2020

Replace de Norbert Keil (2017) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



Au départ, Replace partait sur de bonnes bases. Une histoire à la manière du Contracted d'Eric England en moins glauque et plus classieux. Le concept du vampirisme revu et corrigé façon ''épiderme''. Et peut-être même, pour ceux qui ont une bonne mémoire, un goût prononcé pour le plagiat puisque l’œuvre de Norbert Keil se rapproche très concrètement de l'étrange récit de Meurtre sur Internet, sixième épisode de la troisième saison de la série de science-fiction X-Files. Et même de Teliko, le troisième épisode de la quatrième. Des individus qui pour combler un manque physiologique s'adonnaient au meurtre. Comme ne pourra s'y soustraire l’héroïne de Replace, Kyra Mabon. Elle est belle, elle est jeune, elle a tout pour plaire et a toute la vie devant elle et pourtant... Ce qui va lui arriver est ce qu'elle aurait pu imaginer de pire, elle qui refuse l'idée de vieillir, voire même de mourir. Victime d'une étrange maladie qui provoque la desquamation de son épiderme, elle ne trouvera rien de mieux que de se greffer la peau de jeunes femmes qu'elle aura au préalable elle-même fait passer de vie à trépas...

Comment le réalisateur allemand Norbert Keil a-t-il pu foirer la chose avec les outils qu'il avait entre les mains ? Un soundtrack électronique glaçant signé Tom Batoy et Franco Tortora, une direction artistique assurée par Anna Eppstein et Franziska et des décors conçus par Hanna Baumann Danilo Gerul. Pour un résultat qui s'avère en fin de compte très largement en dessous de ce que laissait envisager l'alléchant synopsis. D'un scénario qui promettait une œuvre horrifique éprouvante, Norbert Keil accouche finalement d'un long-métrage sans saveurs ou presque. Souvent bluffant d'un point de vue visuel (les éclairages et les décors nous en mettent plein les yeux), la narration est d'une prétention proportionnellement inverse au peu d'émotion qui s'en dégage. Seuls les plus sensibles se tordront de douleur par procuration lorsque l'héroïne interprétée par l'actrice américaine Rebecca Forsythe ôtera quelques larges bandes de peaux sanguinolentes avant de les remplacer par celles, beaucoup plus saines, de ses victimes. Jouant dans la même cours que le très réussi Grave de Julia Ducournau, Replace n'en a malheureusement jamais l'envergure...

S'il fallait énumérer tous les défauts qui grillent très rapidement cette histoire, de plus, hautement improbable, il faudra s'y attarder durant de longues heures. À vrai dire, Replace est à l'image de la lente dégradation physique dont est victime Kyra. Plus le récit avance, et plus le film semble aller dans la mauvaise direction malgré une idée, la seule, qui aurait pu tout faire basculer du bon côté si elle avait été honnêtement traîtée. Alors que l'on espérait sans doute une aventure beaucoup plus sauvage et désaxée, Norbert Keil transforme le quotidien de son héroïne en celui d'une banale tueuse en série. Et même la relation saphique (très à la mode actuellement) que la jeune femme entretient avec son amie et voisine Sophia Demeraux (l'actrice Lucie Aron) n'a absolument rien d'innovant. Pas plus qu'elle ne dérange ou accentue une atmosphère à la sensualité nauséeuse qui de toute manière est aux abonnés absents. Pire, on se fait chier ! Car à force d'intellectualiser le propos et de signer une œuvre encore plus stérile émotionnellement que l'unique long-métrage à ce jour de Brandon Cronenberg (Antiviral en 2012), le long-métrage de Norbert Keil finit fatalement par perdre son public dans des considérations qui, forcément horripileront ceux que seul l'hémoglobine attire, jusqu'à même laisser indifférents ceux qui par contre misent tout sur l'horreur psychologique.

Comme s'il réalisait subitement certaines de ses erreurs (errances?), Norbert Keil nous pond de plus, un twist absolument sidérant d'invraisemblance une demi-heure avant la fin. Non seulement improbable, mais carrément tué dans l’œuf par l'interprétation végétative de Lucie Aron, décidément jamais dans le ton, quel dommage que le film échappe au réalisateur car au départ, il parvient à créer une ambiance qui renoue parfois avec l'excellence d'un Under the Skin signé de Jonathan Glazer en 2013. Mais le trouble abandonnant sa place au profit d'un indiscutable ennui et d'une prétention inouïe, Replace n'atteint jamais son but et ne fait que survoler très superficiellement son sujet.Allez, pour finir sur une note positive, précisons que la toujours aussi superbe Barbara Crampton fait partie de l'aventure...

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