Timeslip (connu
aux États-Unis sous le titre The Atomic Man
et atrocement traduit chez nous sous celui de Le
Mort Frappe à la Porte)
est un long-métrage réalisé par le cinéaste britannique Ken
Hugues et met en scène une histoire apparemment très banale. Sorte
de film policier mêlant l'enquête d'un ambitieux journaliste dont
la désinvolture à tendance à agacer son entourage (à commencer
par son patron et sa petite amie Jill Rabowski interprétée par
l'actrice américaine Faith Domergue) à celle d'un détective,
incarné par l'irlandais Joseph Tomelty. Nous sommes en 1955 et le
long-métrage est en noir et blanc. Rien que de très classique donc
pour l'époque, tout comme semble l'être le récit d'ailleurs. Sur
fond d'expérience visant à créer du tungstène synthétique, le
docteur Stephen Rayner (interprété par le malaisien Peter Arne) est
un soir retrouvé sur une berge de la Tamise apparemment très
gravement blessé. Selon les médecins, l'homme a peu de chance de
survivre. Atteint d'une balle dans le dos, il meurt durant
l'intervention chirurgicale mais recouvre la vie, sept secondes plus
tard (ce qui, dans les faits, est une erreur puisque comme le
constatera le spectateur, son électrocardiogramme mettra beaucoup
plus de temps à réagir de nouveau... mais passons sur ce menu
détail).
Victime
d'une agression mais survivant finalement à ses blessures, le
détective Cleary éprouve du mal à interroger le malade dont les
propos semblent incohérents. Le héros de cette histoire, le
journaliste Mike Delaney (l'acteur Gene Nelson), très intéressé
par son cas décide malgré les injonctions de son supérieur
d'enquêter sur cette affaire de tentative de meurtre et va mettre à
jour un formidable complot visant à nuire aux travaux de Stephen
Rayner. Classique, donc, ce récit policier ne paierait pas de mine
si n'entrait pas en jeu le caractère fantastique de ce personnage
énigmatique. Entre usurpation d'identité et machination, Timeslip
plonge le spectateur dans un récit où le ''voyage dans le temps'' a
son importance. Le film de Ken Hugues évoque en effet la possibilité
qu'un homme puisse vivre sur un plan temporel très légèrement
décalé par rapport aux autres protagonistes. Ce qui explique les
curieuses réponses qu'il donne à ceux qui l'interrogent (la
solution de cette énigme se révélera d'ailleurs particulièrement
savoureuse).
Le
cœur du récit n'empêche pas Timeslip
d'être
parfois amusant. Surtout dans la relation qu'entretiennent le
journaliste et sa petite amie. Les quelques éléments fantastiques
relevant sous certaines conditions de la science-fiction se révèlent
quant à eux plutôt discrets. L'on y évoque la radioactivité dont
est atteint le scientifique surnommé alors ''L'Homme
Atomique''
(ou ''Isotope
Man'')
et qui est révélée à travers des clichés photographiques
auréolés d'une luminescence dont l'interprétation peut s'avérer
tout autre dans un premier temps. Une économie de moyens contrainte
par un budget relativement modeste. Mais l'aspect ''surnaturel''
s'octroyant une part congrue du scénario, Timeslip
revêt
d'abord l'apparat d'un néo-noir, renforcé en cela par le noir et
blanc et le caractère sinistre du complot mené par un certain
Emmanuel Vasquo incarné par le ventripotent Vic Perry à côté
duquel l'ancien médecin nazi, le docteur Bressler (interprété par
l'acteur allemand Paul Hardtmuth), paraît bien fragile. On le
constate, Timeslip
est une œuvre britannique qui réunit cependant un casting
international. Il y a peu de chance que le film de Ken Hugues ait
laissé une marque indélébile dans l'esprit des amateurs de
policier ou de science-fiction qui purent le découvrir l'année de
sa sortie mais ce long-métrage adapté du roman de science-fiction
The
Isotope Man
de Charles Eric Maine demeure suffisamment bien traité par le
réalisateur et parfaitement interprété pour ne pas laisser le
spectateur indifférent, du moins, lors de sa projection...
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