Vous allez dire que je
suis maniaque, que je cherche la petite bête ou que je suis de
mauvaise foi (et pour quelle raison, d'ailleurs, le serais-je ?),
mais il y a des détails qui demeurent inacceptables et empêchent de
s'imprégner totalement d'un récit ou de son univers. Ce petit
''caillou dans le soulier'' qui empêche mon cerveau de fonctionner à
vitesse réduite pour ne laisser que s'exprimer l'imaginaire du
scénariste et réalisateur polonais Patryk Vega, auteur d'une
poignée de longs-métrages et d'épisodes de différentes séries
aux titres parfois imprononçables. Plagi Breslau est
son antépénultième effort, et si l'on ne doit évoquer qu'un seul
film ayant pu lui servir de source d'inspiration, celui auquel on
pense forcément en premier est Se7en que
David Fincher réalisa vingt-trois ans auparavant. Car oui, tous les
deux se complaisent dans une sordide histoire policière, les
stigmates qu'exhibent les cadavres de l'un rappelant furieusement
ceux de l'autre. Authentique chef-d’œuvre du thriller sombre et
décrépi, il fallait être gonflé pour oser s'aventurer un
demi-siècle plus tard sur les terres fétides du classique
américain...
Mais
lorsque l'on n'a pas, semble-t-il, une once d'imagination, ou quand
celle-ci paraît si prétentieuse qu'elle semble incapable de se
remettre en question, ça peut donner parfois des œuvres telles que
Plagi Breslau.
Un long-métrage qui se veut véritablement dérangeant en repoussant
les limites de l'horreur à travers la découverte de divers cadavres
(il faut le reconnaître, tout de même très impressionnants) tous
liés par une même affaire,mais qui s'avère en réalité parfois
involontairement drôle. Quant au caractère ''habité'' du
personnage interprété par l'actrice Malgorzata Kozuchowska (à vos
souhaits!), notre Daniel Auteuil national était en 2008 mille fois
plus convaincant en flic alcoolique blafard hanté par un drame qui
le toucha personnellement dans le très sombre MR73.
En fait, l'un des principaux soucis du réalisateur polonais est sa
tendance à trop vouloir être démonstratif. Et à trop chercher à
exploiter l'aspect glauque de son script, l’œuvre n'en devient que
plus caricaturale et donc infiniment moins vraisemblable que sur le
papier...
Tout
commence par la découverte d'un homme enveloppé d'une peau de vache
sous l'étal d'un marché à ciel ouvert. D'où ce petit détail que
j'évoquais et qui en feront peut-être bondir certains mais merde :
un corps inanimé, ça pèse quand même son poids, non ? Alors
pourquoi semble-t-il ne pas être plus lourd qu'un mètre-cube de
polystyrène lorsqu'un commerçant l'extrait de sa cachette ? Et
même si ce détail n'a au fond aucune espèce d'importance puisqu'il
n'aura pas la moindre conséquence sur la suite des événements,
cela démontre que dès le départ, Patryk Vega n'est pas aussi
pointilleux qu'un David Fincher. Et ce n'est là qu'un tout petit
exemple puisqu'en matière d'incongruités, Plagi
Breslau va
s'avérer une fontaine que ne se tarira jamais. Cependant, ne lui
jetons pas autant de pierres qu'il en faudrait pour le lapider. Les
interprètes ne font pas simplement acte de présence et s'en tirent
relativement bien. Le film est plutôt bien rythmé et le soin
apporté aux effets-spéciaux de maquillage mérite que l'on souligne
le travail de leurs concepteurs...
Après,
le sentiment de déjà-vu ne pourra que sauter aux yeux des
spectateurs aguerris. Sauf peut-être en ce qui concerne ces moments
d'involontaire bravoure humoristique ET redondante, entre la scène
du cheval et celle du tonneau métallique qui reproduisent chacun à
leur tour les mêmes mécanismes avec un sens de la cascade digne des
gaudrioles d'un autre de nos grands interprètes, Jean-Paul Belmondo.
Patryk Vega veut faire dans le spectaculaire, entre carambolage,
stands et terrasses renversés, passants bousculés, mais son pétard
prend l'eau et c'est avec un certain inconfort que l'on regarde son
voisin en le questionnant du regard. Doit-on rire ? Ou...
pleurer... ? Fort heureusement, Plagi
Breslau propose
un dernier tiers beaucoup plus intéressant et surtout, beaucoup
mieux construit, aidé en cela par une série de flash-back ouvrant
de nouvelles perspectives. Seul le final s'avérera quelque peu
abrupte...à voir, donc, même si le long-métrage de Patryk
Vega ne renouvelle pas vraiment le genre... Disponible sur Netflix.
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