Sans la présence de
l'acteur Michael Shannon, ce second long-métrage du réalisateur
Scott Teems onze ans après That Evening Sun
aurait pu passer tout à fait inaperçu. Une indifférence que
n'aurait pas mérité The Quarry tant
son sujet, la mise en scène et l'interprétation méritent que l'on
s'y attarde le temps de ses quatre-vingt dix-huit minutes. Autant de
temps qu'il en faut pour construire une histoire apparemment simple
mais suffisamment solide pour que le spectateur conserve toute sa
patience devant une œuvre qui a tendance à imprimer un rythme
excessivement lent. De quoi, sans doute, faire tenir le scénario du
réalisateur et d'Andrew Brotzman sur la durée. Car il faut bien le
reconnaître, Scott Teems se complaît à étirer le récit jusqu'au
point de rupture. Celui qui mène au découragement de spectateurs
habitués sans doute à davantage d'action. Des cascades, The
Quarry se
refuse à tout débordement au point qu'aucune ne viendra gripper la
lente tension qui peu à peu va s'installer au cœur d'une petite
localité du Texas où sont implantés bon nombre de mexicains. C'est
là que débarque un bien curieux personnage qui plus tôt, a
assassiné un homme avant de cacher son corps dans une carrière. Un
pasteur qui malgré le peu d'impression positive qu'il laisse d'abord
auprès des villageois va parvenir à se faire accepter.
Alors
qu'à l'église, les paroissiens vont se faire de plus en plus
nombreux à assister aux messes, lorsque deux frères dérobent la
voiture du pasteur, l'histoire bifurque vers un récit où le mystère
entourant ce personnage ne va cesser de grandir...Cet
homme d'église dont le comportement trouble va interroger le
caractère méfiant du shérif Moore (Michael Shannon) semble en
effet cacher un lourd secret directement lié à un élément
découvert chez l'un des voleurs. Valentin (l'acteur Bobby Soto) et
son jeune frère sont rapidement soupçonnés d'être responsables de
la mort de celui dont le cadavre sera découvert enterré dans la
carrière. Se pose alors la question des scrupules. Ce remord qui
étreint de plus en plus au fil de l'intrigue, le pasteur David
Martin qui se sait, lui, responsable de la mort de l'homme et qui va
devoir vivre avec l'idée que l'on condamne injustement un autre que
lui. L'ambiance de The Quarry
se veut de plus en plus pesante. Parallèlement à l'enquête
policière que le spectateur sait prendre une mauvaise direction, on
assiste peu à peu à la lente agonie d'un pasteur revendiquant une
foi en Dieu de plus en plus affirmée.
Shea
Whigham incarne à merveille cet homme de dieu usurpateur d'identité
déchiré entre ferveur, scrupules et cette nécessité de conserver
une certaine opacité pour que ne soit jamais découverte sa
véritable identité. The Quarry baigne
dans un culte religieux parfois quasi mystique tout en évitant
scrupuleusement de dresser le portrait d'une communauté prête à à
sacrifier l'un des leurs au nom de la foi. Les soupçons des uns et
des autres n'étant jamais clairement établis autrement qu'à
travers le personnage incarné par Michael Shannon, il devient
difficile alors d'évaluer dans quelles mesures et dans quelle
direction les événements vont bifurquer. On oublie très rapidement
le rythme léthargique imposé par la mise en scène de Scott Teems
pour se laisser porter par une angoisse sans cesse grandissante. La
rédemption du héros y connaît des limites que son instinct de
survie n'ose pas franchir. La sobriété de The
Quarry est
exemplaire et le dénouement d'un pessimisme absolu...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire