Le réalisateur américain
Wes Craven aura consacré une partie de sa carrière à la famille
américaine moyenne. On la retrouve dès son premier long-métrage La
Dernière Maison sur la Gauche
où
elle fait face aux assassins de sa progéniture, dans La
Colline a des Yeux
où elle est confrontée à une famille d'anthropophages, ou dans
L’Été de la Peur où
l'union de ses membres se délite à l'arrivée d'une cousine/nièce
diabolique. Le réalisateur ira même jusqu'à élargir son champ
d'action aux habitants d'un quartier dont les enfants seront les
victimes d'une vengeance orchestrée par un croquemitaine exécuté
par leurs parents des années en arrière (Les
Griffes de la Nuit).
Et même à un village tout entier occupé par les membres d'une
communauté Hittite. On ne s'étonnera donc pas que Wes Craven ait
une fois de plus à travers le téléfilm Invitation
pour l'Enfer,
convié la famille au sein d'une étrange communauté installée dans
une petite ville de Californie... C'est là que viennent s'installer
Matt Winslow et les membres de sa famille : son épouse Patricia
et leurs deux enfants Chrissy et Robbie. C'est d'abord pour eux,
l'occasion de revoir leur ami Tom Peterson grâce auquel le père de
famille a obtenu une place dans une agence qu'il intègre afin qu'il
développe une combinaison de son invention : celle-ci doit en
effet permettre à de futurs astronautes de partir dans l'espace à
la découverte de la planète Vénus...
Si
Invitation pour l'Enfer
débute
de manière relativement peu convaincante (son statut de téléfilm
saute aux yeux), tout le savoir-faire de Wes Craven devrait
notmalement s'exprimer ensuite dans l'évolution des personnages qui
comme parfois chez lui changent de personnalité au point d'en
devenir inquiétants. C'est le cas des enfants et de l'épouse du
héros incarné par l'acteur Robert Urich que l'on a pu notamment
découvrir dans la série Vegas
en 1978 et qui débuta sa carrière au cinéma dans Magnum
Force de
Ted Post cinq ans auparavant. Il campe dans Invitation
pour l'Enfer,
ce père inquiet de la tournure que prennent les événements.
Invitation pour l'Enfer,
c'est un peu ''Tom Peterson contre le reste du monde''. En effet, ce
qui participe de l'angoisse grandissante, c'est la solitude qui
entoure le personnage lorsque les forces obscures se manifestent.
Quand même au sein de sa propre famille, le héros en vient à
douter de sa propre épouse, il se sait contraint de combattre seul
l'ennemi invisible...
Aux
côtés de Robert Urich, on retrouve dans le rôle de l'épouse de
Tom l'actrice Joanna Cassidy que les amateurs de science-fiction ont
pu notamment voir dans le rôle de la strip-teaseuse Zhora dans le
classique de Ridley Scott, Blade Runner
en 1982. Wes Craven filme une énième variation sur l'invasion de
notre planète par des entités biologiques extraterrestres, mais
avec infiniment moins de subtilité qu'un Philip Kaufman période
L'Invasion des profanateurs,
remake et classique intemporel de science-fiction paranoïaque qui ne
trouve ici malheureusement pas un descendant digne de ce nom.
Invitation pour l'Enfer navigue
dans les eaux boueuses du téléfilm du dimanche après-midi.
Production de science-fiction grandiloquente (le look de Susan
Lucci/Jessica Jones est notamment typique des années quatre-vingt et
donc aujourd'hui, totalement désuet) et kitsch (mon dieu, certains
décors, éclairages et effets-spéciaux) étouffée par un score
envahissant et parfois pesant signé par le compositeur hongrois
Sylvester Levay (L'invasion vient de Mars
de Tobe Hooper en 1986, Three O'Clock High
de Phil Joanou en 1987, etc...), le téléfilm de Wes Craven vaut
essentiellement pour l'interprétation de Robert Urich et Joanna
Cassidy. Pour le reste, Invitation pour l'Enfer
laissera le spectateur indifférent ou tout au plus curieux...
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