Quel dommage... avoir
entre les mains une idée aussi riche pour n'en pas exploiter toutes
les possibilités, quel manque d'opportunité de la part de son
auteur. Oui, vraiment dommage. Car peut-être qu'aujourd'hui,
Invisible Invaders
d'Edward
L. Cahn serait aussi célèbre que The Night of
the Living-Dead
de George Romero, The Day the Earth Stood Still
de
Robert Wise ou Invasion of the Body Snatchers de
Don Siegel. Mais à vrai dire, son film, lui, ressemble davantage à
ces dizaines, ces centaines de longs-métrages de science-fiction qui
ont vu le jour aux États-Unis dans les années cinquante et soixante
et dont la seule qualité fut sans doute celle de divertir les
adolescents d'alors dans les cinémas de plein air. Parce que pour le
reste, Invisible Invaders
est
une foirade absolue. D'autant plus que les premières minutes
pouvaient laisser présager le meilleur avant que le pire ne s'impose
finalement...
Imaginez :
un film dans lequel des morts revenus à la vie et des
extraterrestres feraient bon ménage. Où la menace d'une destruction
massive de notre planète par une civilisation venue d'ailleurs
pèserait sur une poignée de scientifiques ayant la charge de
trouver un remède à cette invasion. De quoi permettre à Edward L.
Cahn, auteur en cinquante ans de carrière de plus de cent-vingt cinq
courts et longs-métrages de confortablement naviguer autour d'un
scénario facile à mettre en place. Pensez-donc : George Romero
et ses zombies anthropophages n'ayant pas encore envahi les écrans,
Invisible Invaders aurait
pu devenir ce film culte que tout réalisateur rêve d'avoir réalisé
au moins une fois dans sa carrière. Mais non, le bonhomme n'ayant
apparemment bénéficié que d'un budget restreint, son œuvre (l'une
des neuf qu'il réalisa en cette seule année 1959 !!!) est loin
d'atteindre le quota raisonnable permettant à son film de
science-fiction de sortir du lot. Un genre tellement encombré à
l'époque qu'il était aisé pour le spectateur de faire son marché
et d'en choisir un plutôt qu'un autre...
Tout
commence pourtant de manière plutôt rassurante. Alors qu'un
scientifique vient de mourir lors d'une explosion dans son
laboratoire, l'un de ses amis également chercheur, du nom de Adam
Penner (l'acteur Philip Tonge) voit débarquer un soir chez lui, le
cadavre bien vivant de son ami. Fraîchement sorti de sa tombe,
celui-ci est en fait venu délivrer un message. Lui, ou plutôt
l'extraterrestre qui s'est emparé de son enveloppe corporelle afin
de communiquer avec les habitants de la Terre. Car oui, les
extraterrestres qui bientôt vont menacer les humains de détruire
leur planète s'ils ne se rendent pas, sont invisibles. Et le seul
moyen pour eux de se faire entendre et voir des terriens et de
''voler'' l’enveloppe corporelle d'un cadavre récent afin de
communiquer avec les vivants... Bien qu'ayant du mal à faire
accepter à ses proches la réalité du phénomène auquel il vient
d'être confronté, c'est avec l'aide de sa propre fille, d'un ami et
d'un militaire qu'Adam Penner va tenter de combattre l'ennemi
invisible...
Si
les cadavres déambulent ici comme le feront neuf ans plus tard ceux
du chef-d’œuvre de George Romero en 1968, on l'aura compris, nos
scientifiques ne sont pas confrontés à de véritables morts-vivants
mais à des extraterrestres ayant pris possession de leur corps. Une
fois le concept établi, le film repose entièrement sur la recherche
d'une méthode permettant d'éradiquer ce fléau venu d''ailleurs. Le
principal soucis de Invisible Invaders provient
du fait d'un manque de moyens évident et surtout de l'incapacité
pour Edward L. Cahn, de s'y adapter en conséquence. Le résultat ne
se fait pas longtemps attendre. La quasi totalité du film se déroule
dans l'unique décor d'un pseudo laboratoire scientifique
(ordinateurs gigantesques et ''Bip-Bip''
d'usages à l'époque) où trois hommes et une femme, le docteur
Penner, donc, ainsi que sa fille Phyllis (l'actrice Jean Byron), le
docteur Lamont (Robert Hutton) et le major Bruce Jay (John Agar) vont
passer leur temps à évaluer différentes possibilités avant de
résoudre l'équation jusqu'à trouver un remède improbable.
N'excédant pas les soixante-sept minutes, Invisible
Invaders se
permet pourtant d'être parfois très ennuyeux à force de
redondance. L'emploi d'un seul décor et de très nombreux
''Stock-Shots''
montrant des édifices s'écrouler ne suffisent pas à faire du
long-métrage d'Edward L. Cahn, l’ouvre hybride tant espérée. Au
final, Invisible Invaders
s'avère
aussi peu enthousiasmant que bon nombre de films de science-fiction
sortis à l'époque...
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