En ces temps troubles où
il est devenu impossible de se retrouver entre cinéphiles(phages)
dans les salles obscures, il n'existe pas mille alternatives. Le VOD
semble LA solution pour ceux qui n'ont pas peur de toucher à leur
porte-monnaie. Les moins frileux, eux, auront opté pour le
téléchargement sauvage. Et puis, il reste les plates-formes légales
du type ''Netflix'', ''Amazon
Prime'' et consorts. Parmi les
films à ne surtout pas manquer actuellement, le premier long-métrage
du réalisateur russe Kirill Sokolov, Why don't You just
Die ! s'impose
très clairement. On notera le point d'exclamation marquant
l’entêtement de son jeune ''héros'' à ne pas vouloir mourir
malgré le traitement dont il va être victime. Partant d'un postulat
anémique (un homme accepte de venger sa petite amie du viol dont
elle a été la victime plusieurs années en arrière de la part de
son propre père), le réalisateur fait preuve d'une imagination
absolument remarquable afin de faire tenir son édifice durant les
quatre-vingt dix huit minutes que dure son œuvre. Présenté au
PIFFF
(Paris International Fantastic Film Festival) en 2019, Why
don't You just Die !
a remporté ''L’œil
d'or''
attribué par un public réellement conquis par ce premier
long-métrage de Kirill Sokolov qui non content d'en avoir assuré sa
réalisation s'est également chargé de l'écriture et du montage...
Comédie
noire, trash, gore, et gentiment glauque, Why don't You just Die !
exploite à fond l'unique environnement du long-métrage.
L'appartement d'Andrey et Tasha Gennadievitch (Vitaliy Khaev et Elena Shevchenko), les parents d'Olya (Evgeniya Kregzhde),
petite amie de Matvey (Aleksandr Kuznetsov). Ce dernier est bien décidé à en découdre
avec le père d'Olya depuis qu'elle lui a demandé de la venger du
viol dont elle a été victime à l'âge de douze ans. Débarquant un
marteau à la main, Matvey accepte de tuer le père de la jeune
femme. Mais rien ne va se dérouler comme prévu. Andrey va se
débattre comme un diable et prendre le dessus sur le garçon qui va
rapidement se retrouver attaché à l'une des canalisations de la
salle de bain des Gennadievitch avant d'être torturé. L'intrigue
tourne donc presque exclusivement autour de l'affrontement entre les
deux hommes. Presque car Kirill Sokolov ponctue son œuvre de
plusieurs séquences additionnelles sous forme de flash-back qui
intégrées au récit délivrent un scénario plus malin qu'il n'en a
l'air. Au centre du conflit familial, un gros paquet d'argent.
Peut-être plus encore que le rythme, les changements de ton passant
de l'humour au thriller, les scènes gore ou le montage nerveux, ce
qui saute tout d'abord aux yeux, c'est l'esthétique du film.
En
la matière, Why don't You just Die !
n'a rien à envier au travail remarquable de l'esthète hongkongais
Wong Kar-Wai. Jouant sur des mêmes teintes répétées à l'envi, le
long-métrage de Kirill Sokolov est une œuvre d'art permanente.
Jouant avec le cadre et une colorimétrie rappelant parfois la
décrépitude d'un Delicatessen
ou d'une Cité des Enfants Perdus signés
du génial duo Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro formé autour des
années 80/90, le long-métrage du russe est d'un constant
raffinement qui confine très souvent à l'art pictural. Évidemment,
l'endurance des personnages ôte au film toute notion de réalisme,
rapprochant ainsi Why don't You just Die !
de certaines œuvres hallucinées (et hallucinantes) du cinéma
japonais cyberpunk. Où le vert se pare peu à peu d'un rouge carmin
giclant des orifices et où les corps se relèvent pour un bref
''rappel'' avant de choir définitivement. L’œuvre de Kirill
Sokolov est une représentation grand-guignolesque où l'humour
prélève sa part dans un contexte pourtant extrêmement violent.
Plus drôle que sinistre, le russe nous offre cependant quelques
séquences proches du torture-porn où les interprètes s'en donnent à cœur joie (''la scène de meurtre'', Matvey
torturé à coup de perceuse dans la jambe, la mort de Yevegenich (l'acteur Michael Gor), le
collègue policier d'Andrey) mais toujours avec ce soin inné apporté
à l'esthétique. Oubliez Quentin Tarantino et ruez vous sur ce très
bel et très sanglant hommage au western de Sergio Leone, à
l'esthétisme de Wong Kar Wai, au gore de Sam Raimi, aux délires de
Takashi Miike et au montage nerveux de Jan Kounen période Gizèle
Kérozène/Vibroboy...
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