À sa naissance, Alucarda
est confiée à un orphelinat tenu par des nonnes. Un couvent qui
abrite des jeunes filles qui n'ont pas connu leurs parents ou les ont
perdu très jeunes. Bien des années après y être entrée, Alucarda
est devenu une belle jeune femme et lorsqu'arrive au couvent Justine,
une orpheline de son âge, Alucarda la considère très rapidement
comme son amie et lui confie beaucoup l'aimer. Possessive, Alucarda
semble manifester d’étranges pouvoirs. Sauvage et plus proche de
la nature que des nonnes, elle convie Justine à des jeux dans la
forêt. Un jours qu'elles s'amusent toutes les deux, Alucarda et
Justine tombent sur un bossu qui leur propose de lui acheter une
amulette et les invite à faire connaissance avec une diseuse de
bonne aventure. Mais cette dernière voyant dans les lignes de la
main de Justine le sort funeste qui l'attend, elle préfère ne rien
lui dire. Plus tard, Justine s'évanouit sans raison et Alucarda
commence une étrange incantation et énumère les différents nom du
Diable. Le lendemain, les deux jeunes femmes avouent leur amour pour
Satan devant des nonne effarées. Le père Lazaro décide alors de
punir Alucarda et Justine. Malheureusement, cette dernière meure de
ses blessures. Prise d'une irrépressible soif de vengeance, Alucarda
invoque les démons et met alors à feu et à sang le couvent et tous
ses membres...
Alucarda,
le troisième des six longs-métrages réalisés par le mexicain Juan
López Moctezuma entre 1973 et 1994 fut tout d'abord diffusé en
France au Festival international du film fantastique de Paris en mars
1977 avant de connaître une sortie officielle dans son pays
d'origine l'année suivante. Souvent considéré comme une œuvre
culte, c'est pourtant avec d'infinies précautions qu'il faut
appréhender ce petit film d'horreur exotique qui n'a en réalité de
''culte'' que le nom et la réputation. Diffusé au Festival
international du film fantastique de Paris dans le cadre d'un cycle
consacré au à la sorcellerie aux côtés de Suspiria
de Dario Argento (hors-compétition), de La Pluie
du Diable
de Robert Fuest et d’Émilie, l'Enfant des
Ténèbres
de Massimo Dallamano, il demeure le moins bon d'entre tous. Ce qui
explique sans doute la raison pour laquelle rares sont ceux dont son
évocation rappelle de glorieux souvenirs. L'une des tares qui
affaiblissent Alucarda
est cet empressement avec lequel Juan López Moctezuma passe de la
découverte des deux jeunes femmes interprétées par Tina Romero et
Susana Kamini à l'aveu même des sentiments qu'éprouve Alucarda
pour Justine. Bien que dans un second temps le mexicain saura faire
davantage preuve de patience, l'incessant ballet d’ellipses qui
couvrent un bon tiers du long-métrage rend invraisemblable la
passion qu'éprouve les deux orphelines l'une pour l'autre...
En
contrepartie, le travail effectué sur les décors s'avère
relativement saisissant. Le directeur artistique Kleomenes
Stamatiades apporte un réel cachet au film. Une touche graphique qui
ne pouvait amener que le sanglant final et des scènes de sabbat
dignes des remarquables environnements. Outre la confrontation entre
le clergé et l'obédience dont font preuve les deux jeunes femmes
envers Satan mêlée d'un profond désir charnel l'une envers
l'autre, Juan López Moctezuma instaure un climat parfaitement
délirant finissant dans un bain de sang orchestré par le maquilleur
A. Ramírez del Río qui livre une succession de séquences
horrifiques plutôt convaincantes si l'on tient compte des origines
et de l'année du long-métrage. Flagellation, décapitation d'une
nonne, brûlures à l'eau bénite, corps qui s'enflamment sous
l'exercice du satanisme. Du sang, mais également quelques corps qui
se dénudent dont ceux de nos deux héroïnes qui n'ont pas peur de
baigner dans l'hémoglobine. La démence semble prendre possession
de la majorité des interprètes et le réalisateur mexicain filme
tout cela avec une apparente délectation. Malheureusement, bien que
de telles descriptions fussent la promesse d'une œuvre puissamment
évocatrice, Alucarda
est en grande partie décevant. L'interprétation y est souvent
désastreuse et la mise en scène pas toujours à la hauteur. Dans le
genre, mieux vaut se rabattre sur le chef-d’œuvre de Ken Russell,
The Devils.
À Noter qu'il est arrivé au film de sortir sous le titre Mark
of the Devil 3
alors qu'il n'entretient aucun rapport avec l’œuvre de Michael
Armstrong sortie sept ans plus tôt...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire