Le buddy movie est
un concept cinématographique opposant deux individus qui n'ont
généralement rien en commun. Aux États-Unis, le genre est célébré
sur grand écran depuis presque un siècle (on ne compte pas les
œuvres qui mettent notamment en scène Laurel et Hardy ou Abbott et
Costello depuis les années trente), le genre ayant connu un succès
phénoménal à partir des années quatre-vingt et la sortie de 48
Heures
de Walter Hill en 1982, Un fauteuil pour deux de
John Landis en 1983 ou encore L'Arme fatale
de Richard Donner en 1987. A vrai dire, quelques rares exemples
prélevés dans une liste longue comme le bras contenant
d'innombrables classiques de la comédie et de l'action. La France
n'aura pas attendu longtemps avant de proposer elle aussi quelques
savoureux spécimens du genre avec, notamment dans les années
soixante, le duo formé par Louis de Funès et André Bourvil dans Le
Corniaud
et La Grande Vadrouille
tout deux réalisés par Gérard Oury en 1965 et 1966. Suivi
notamment en 1973, par le chef-d’œuvre de Édouard Molinaro
L'Emmerdeur
qui opposait le dépressif Jacques Brel au tueur à gages Lino
Ventura. Puis se furent les années quatre-vingt, avec l'excellente
trilogie réalisée par Francis Veber et interprétée par Gérard
Depardieu et Pierre Richard : La Chèvre
en 1981, Les Compères
en 1983 et Les Fugitifs
trois ans plus tard. Là encore, quelques exemples parmi une
foultitude de longs-métrages qu'il serait évidemment trop longs à
énumérer. Parmi eux, quelques-uns ont malheureusement raté le
coche.
Les Gorilles fait
partie de ces quelques erreurs au départ pourtant prometteuses mais
qui au final sentirent le rance dès leur sortie sur grand écran.
Tristan Aurouet, auteur en 2003 de Narco
avec Guillaume Canet qui n'était pas si mauvais malgré l'avis de
certains ''spécialistes'', et en 2018 de Selfie,
signait en 2014 l'une de ces comédies dans l'air du temps qui
réunissent quelques stars autour desquelles le Cinéma offre une
chance à des jeunes de banlieue. D'où des seconds rôles à la
silhouette fort impressionnante et dont le jeu d'acteur ne doit pas
être très éloigné du comportement qu'ils ont dans leur quotidien.
Stéréotype ? Peut-être, mais cela n'a pas empêché le
réalisateur de les employer dans des rôles de petites frappes des
banlieues. Ce détail étant précisé, concernant les vedettes de ce
''french buddy
movie'',
Tristan Aurouet convoque les deux ''gorilles'' Joey Starr et Manu
Payet. D'un côté, Joey Starr, l'une des stars du rap français aux
côté de Kool Shen et leur groupe NTM
qui depuis le début des années 2000 tourne pour le cinéma. De
l'autre, Manu Payet, humoriste, réalisateur et scénariste
(Situation Amoureuse : c'est Compliqué
en 2014) et acteur qui est notamment apparu à la télévision dans
les séries Kaamelott
en 2009 et Péplum
en 2015. D'un côté, Alfonso. la grosse brute, agent de surveillance
du service de protection des hautes personnalités. De l'autre,
l'immature Walter, qui a échoué à l'examen d'entrée dans le
service mais qui par un concours de circonstance s'est vu offerte
l'opportunité de l'intégrer. Confiée à Alfonso, la formation de
Walter ne va pas être de tout repos. Alors que les deux hommes sont
chargés d'assurer la protection de la chanteuse Ja-Y (Alice
Belaïdi), son ancien compagnon récemment échappé de prison va
tout faire pour la retrouver et la récupérer...
Joey
Starr, dans la peau d'Alfonso a bien du mérite de contenir sa colère
face à un Manu Payet/Walter d'une extrême lourdeur. Plus agaçant
que réellement amusant, ce dernier cabotine à outrance face à un
Joey Starr très professionnel. Entre les deux hommes, une Alice
Belaïdi toujours aussi charmante quoique un brin vulgaire dans
certains de ses propos. Une trivialité qui s'étend au delà de son
seul personnage pour gangrener le reste du casting. Si l'on peut se
satisfaire dans un premier temps de l'antinomique caractère de nos
deux gorilles (l'un en mode brute épaisse et le second en mode
pré-pubère), Les Gorilles,
le film, finit par se mordre la queue en tournant en rond et ne rien
proposer de réellement appétissant. Même la présence en arrière
plan de l'acteur Gilles Lellouche dans le rôle du flic Petrovitch ne
parvient pas à relancer une machine grippée au scénario convenu.
Écrit à dix mains (!!!) par le réalisateur et les scénaristes
Matt Alexander, Romain Lévy, Matthieu Le Naour et Mathieu Oullion.
Les Gorilles
reste finalement digne de sa proposition : d'une lourdeur
incommensurable...
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