Cela devient de plus en
plus rare et peut s'expliquer par un profond manque d'imagination de
la part des scénaristes mais il arrive parfois qu'un film, à lui
seul, nous rassure sur l'état de santé du cinéma d'horreur.
Récemment, nous avons eu notamment droit à Get Out de
Jordan Peele ou à Midsommar
de Ari Aster pour n'évoquer que parmi ceux qui ont fait le plus de
bruit autour d'eux. Si le premier s'avère nettement plus original
que le second qui lui, rappelle très fortement le film culte de
Robin Hardy, The Wicker Man,
réalisé quarante-six ans auparavant, il n'en demeure pas moins que
Ari Aster compte parmi ceux dont on attend avec une fébrile
impatience la suite des travaux. Le scénariste, réalisateur et
producteur américain William Brent Bell s'est penché quant à lui
sur un sujet que l'on aurait pu juger avoir été suffisamment traité
sur grand écran, de The Devil-Doll
de Tod Browning en 1936 jusqu'au récent et relativement médiocre
Annabelle
de John R. Leonetti en 2014, en passant par le classique Child's
Play
de Tom Holland en 1988...
Habitué
du cinéma d'horreur depuis son second long-métrage Stay
Alive en
2006, William Brent Bell signe avec The Boy
en 2016, une alternative intéressante au thème de la poupée
habitée par une entité maléfique. Cela ne sautera peut-être pas
forcément aux yeux des spectateurs, mais le film semble tout d'abord
être construit autour de plusieurs concepts dont l'un d'eux n'est
peut-être pas évident à aborder au premier regard et pourtant...
Car oui, si l'on y réfléchi bien, il y a dans The
Boy,
un petit quelque chose qui rappelle indéniablement le chef-d’œuvre
que réalisa Dan Curtis en 1976, Burnt Offerings.
Et si les sujets diffèrent, comment ne pas faire le lien entre les
personnages incarnés à l'époque par Eileen Heckart et Burgess
Meredith et ceux interprétés dans le long-métrage de William Brent
Bell par Diana Hardcastle et Jim Norton ? Seule différence :
ces derniers se montrent immédiatement inquiétants !
Après
avoir abandonné (temporairement?) le rôle de Maggie dans la série
télévisée The Walking Dead,
l'actrice américano-britannique Lauren Cohan profite de l'aura que
lui a rapporté son personnage pour enchaîner les rôles au cinéma.
C'est donc ainsi qu'on la retrouve en 2016 dans la peau de Greta
Evans, une jeune et jolie américaine qui pour fuir son existence aux
États-Unis est venue se réfugier en Angleterre en acceptant un
emploi de baby-sitter dans une immense demeure isolée dans la
campagne britannique. Froidement accueillie par les propriétaires
des lieux, Madame et Monsieur Heelshire, la jeune femme aura la
charge de s'occuper de Brahms, le fils du couple. Mais alors que
Greta s'attendait sûrement à s'occuper d'un enfant comme tous ceux
de son âge, Brahms s'avère être en fait, une poupée !
D'abord amusée, Greta commence à ressentir un certain malaise au
contact de Brahms. Alors que les propriétaires ont pris congés
après s'être assurés que la jeune américaine a bien pris note des
règles à suivre, Greta est désormais seule face à Brahms.
Heureusement, Malcom (Rupert Evans), le livreur personnel des
Heelshire, vient rendre régulièrement visite à Greta...
Vu
sous cet angle, le spectateur se fera tout seul son petit scénario
quant à la suite des événements, persuadé que l'histoire ne fait
que se répéter et que Greta sera la victime des assauts de cette
diabolique poupée dont le visage est aussi angélique qu'inquiétant.
Tourné dans une demeure rustique comportant un nombre important de
sinistres ''représentations'' (le tableau familial, les trophées de
chasse, etc...), on pourrait penser que le scénario de
The Boy et
sa mise en scène sont faits de grands vides et que la marque de
fabrique inhérente au genre y est totalement absente. D'une certaine
manière, c'est vrai. Mais c'est sans doute ce qui participe de
l'angoisse qui monte peu à peu au créneau. De cette impression que
l'on fini par se demander dans quelle mesure Greta n'est pas
elle même génératrice de ses propres inquiétudes. Si seulement,
William Brent Bell s'était contenté de s'arrêter à ce postulat
déjà plutôt bien intégré au récit, The Boy
n'aurait sans doute été qu'un bon petit film d'épouvante parmi
tant d'autres mais en convoquant un dernier acte chamboulant le
concept de base, le réalisateur relance l'intrigue et nous emmène
sur une voie qui relativise l'aspect fantastique du long-métrage
pour nous plonger en plein cœur d'un drame horrifique sans doute
plus efficace encore. Sans être le film qui vous donnera des
cauchemars pour vous réveiller en sursauts, The
Boy
est cependant une excellente surprise à laquelle a donné une suite
cette année même Willian Brent Bell sous le titre The
Boy : La Malédiction de Brahms...
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