Un car de touristes
s'arrête près de la demeure de l'ancienne gloire du cinéma
Katharine Packard qui dans les années trente connu la célébrité
mais qui depuis un certain nombre d'années est tombée dans l'oubli
et vit retranchée dans les hauteurs des collines de Hollywood
entourée de domestiques. Alors qu'un guide explique aux touristes
quelle personnalité vit dans l'immense demeure qui trône au sommet d'une des collines,
l'un d'eux échappe à sa vigilance et s'introduit dans le domaine.
Se faisant passer pour le nouvel employé de la star qui vient juste
d'être victime d'une chute après avoir abusé une fois encore de
l'alcool, Vic Valance cache en réalité un tueur en série
psychotique qui depuis quelques temps sème la terreur dans la région
en tuant exclusivement des femmes d'un certain âge. D'abord rejeté
par Katharine Packard, le jeune homme finit par être accepté par
l'ancienne star du cinéma au grand dame de Leslie et de Mildred, les
deux plus vieilles employées de la septuagénaire qui voient d'un
mauvais œil l'arrivée de ce jeune homme exubérant dans l'existence
de leur employeur...
Étrange long-métrage
que ce Savage Intruder
réalisé par Donald Wolfe dont il s'agissait du seul et unique film
en tant que réalisateur. Auteur du scénario original et producteur
de ce même film, la particularité de cette unique mise en scène de
Donald Wolfe réside dans le curieux mélange des genres et son
approche esthétique très particulière. Une décennie après Alfred
Hitchcock et son Psychose
et une avant William Lustig et son Maniac,
Donald Wolfe aborde avec Savage Intruder
les conséquences d'une enfance traumatique sur le comportement d'un
jeune homme qui n'a pas tout à fait digéré celui de sa mère qui,
lorsqu'il était un tout jeune garçon, couchait avec de nombreux
étrangers. Le choc de découvrir sa génitrice dans les bras
d'individus lubriques, celle-ci ne faisant rien pour cacher son
attirance pour le sexe, a semble-t-il laissé des traces indélébiles
constituant un motif suffisant pour Vic (l'acteur David Garfield) de
tuer de vieilles femmes dont l'image lui renvoie celle de sa mère...
En
résulte une œuvre bâtarde, entre le sort accordé à une ancienne
gloire du cinéma tombée dans l'oubli et l'alcool (la séquence lors
de laquelle l'actrice Miriam Hopkins déambule chez elle, ivre et
persuadée d'avoir reçu du monde est saisissante) et un Savage
Intruder
en mode ''Home
Invasion''
dans lequel l'usurpateur d'identité va littéralement s'offrir la
place de l'amant auprès de la star malgré les inquiétudes de
Leslie et Milfred (respectivement les actrices Gale Sondergaard et
Florence Lake), les deux employées fidèles. L'une des
particularités du long-métrage de Donald Wolfe réside également
dans l'emploi de très vielles interprètes qui connurent surtout la
célébrité dans leur pays aux alentours des années 30, 40 et 50.
La vedette Miriam Hopkins, que le réalisateur tente vainement de
faire passer pour celle qui interpréta la créature féminine du
classique de l'épouvante de James Whale, La
Fiancée de Frankenstein
en 1935 (rôle qui fut en réalité incarné par l'actrice Elsa
Lanchester) tournait ici son dernier film. Ce qui n'était pas le cas
de l'actrice sino-américaine Virginia Wing qui, elle, débutait au contraire sa
carrière sur grand écran. Entre idées fameuses (l'enseigne
''Hollywood'' partant littéralement en lambeaux, Vic se shootant,
ses visions psychédéliques, etc...) et déroutantes (Donald Wolfe
semble avoir eu beaucoup de mal à conclure son récit, le film se
traînant alors en longueur), Savage Intruder
est
une curiosité intéressante pour qui aime compiler les œuvres axées
sur l'état de santé mentale d'individus psychologiquement
perturbés. Quelques effets sanglants et des personnages parfois
ambigus maintiennent l'intérêt de cette drôle de production
dramatico-horrifique...
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