Il
faut se mettre dans la peau du spectateur qui comme ma compagne et
moi vient de terminer la séance consacrée à la comédie Docteur ?
de
Tristan Séguéla pour se retrouver devant le nouveau film de
Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière qui signèrent sept
en plus tôt le formidable Le Prénom.
D'un côté, le rêve de voir se croiser dans le nouveau long-métrage
les deux grands interprètes français que sont Fabrice Luchini et
Patrick Bruel, de l'autre la crainte de n'être sans doute pas aussi
réceptifs devant un sujet plus sérieux même si l'on envisage tout
de même que les deux réalisateurs ont probablement consacré à Le
Meilleur reste à Venir
une part non négligeable à l'humour. Ce qui dans les faits semble
être le cas. Pourtant, ça n'est très certainement pas cet humour
beaucoup moins ''populaire'' que celui déployé par Tristan Séguéla
qui fait du nouveau long-métrage de Matthieu Delaporte et Alexandre
de la Patellière un très grand film qu'il est urgent, lui aussi, de
découvrir au cinéma avant qu'il ne soit retiré de l'affiche...
Tout
d'abord, bonne nouvelle : en ce réveillon du nouvel an, et
alors qu'il est un peu plus de 22h20, le public est nombreux, massé devant
l'écran qui bientôt va projeter le film dans lequel Patrick Bruel
et Fabrice Luchini vont partager la vedette dans les rôles
respectifs des deux amis d'enfance César Montesiho et Arthur
Dreyfus. Preuve que le cinéma français se porte bien. Si la salle
n'est pas comble, une grande partie des places est déjà prise.
Confortablement installés dans nos sièges, seuls au monde puisque
personnage n'a osé s'asseoir devant nous, les lumières s'éteignent
et le film commence. Comme je le craignais, et même si dans la salle
et qu'à côté de moi, les rires du public et ceux d'Anna résonnent,
lorsque Le Meilleur reste à Venir
démarre et se poursuit durant une bonne demi-heure, j'ai beaucoup de
mal à me faire à cet humour qui ne parvient pas à me faire oublier
celui de Docteur ? Et
peut-être encore moins l'exceptionnelle écriture du Prénom.
Pourtant, peu à peu, la magie finit par opérer...
L'alchimie qui opère entre la mise en scène et le scénario de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière et
l'interprétation de Fabrice Luchini et Patrick Bruel d'un côté,
mais également celles de Pascale Arbillot et Zineb Triki de l'autre
est absolument remarquable. Rien d'improbable dans ce récit pourtant
parfois ubuesque où le quiproquo se mêle à un sens du tragique qui
vous cloue sur votre fauteuil. On rit, certes... Mais surtout,
l'émotion que dégage ce récit de la mort programmée de l'un des
héros dans un contexte où le personnage de César pense que son ami
va bientôt mourir d'un cancer alors que le malade c'est lui, s'avère
parfois étouffant tant les deux réalisateurs ont su appuyer très
exactement là où ça fait mal. Tout en laissant leur œuvre baigner
dans un environnement où l'absurde l'emporte fort heureusement à
quelques occasions. Confiant le poids de l'interprétation à
Luchini, Bruel, Arbillot ; Triki, et même, ne l'oublions pas
Jean-Marie Winling (qui incarne le père de César, Bernard), les
deux réalisateurs signent une comédie dramatique absolument
formidable, bouleversante, drôle, magnifiquement interprétée, sur l'amitié, le pardon et
qui signe le retour du duo Fabrice Luchini-Patrick Bruel
trente-quatre ans après le cultissime P.R.O.F.S de
Patrick Schulmann.
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