Avant
Shinboru,
avant Saya Zamutaï
et
avant
Āru hyaku,
le réalisateur japonais Hitoshi Matsumoto, d'abord connu dans son
pays d'origine pour incarner l'un des membres du duo comique Dauntaun
aux côtés de Masatoshi Hamada, a débuté sa carrière au cinéma
en 2007 après avoir signé une poignée de courts-métrages. Tout
comme les œuvres qui suivront, son tout premier essai intitulé Dai
Nippon-jin (Big Man Japan)
s'avère tout à fait original et ne ressemble pratiquement à rien
de connu. Le réalisateur s'y met lui-même en scène dans le rôle
de Masaru Daisatō, qui fait partie d'une lignée de ''grands
hommes du Japon''
dont l'étonnante faculté de pouvoir grandir dans d'exceptionnelles
proportions lui permet de combattre des monstres géants. Demeuré
humble et discret malgré la grande popularité dont il bénéficie
en son pays (mais pas auprès de ses voisins qui le détestent), il
accepte cependant d'être suivi par une équipe de reporters qui vont
le suivre jusqu'à la centrale électrique lui permettant de se
transformer en ''grand
homme du Japon''.
En effet, après un rituel religieux, Masaru a besoin d'une grande
source d'énergie électrique pour pouvoir grandir et ainsi combattre
les immenses créatures qui pointent ponctuellement le bout du nez.
Mais alors qu'il se défait généralement facilement des diverses
créatures, il va être bientôt confronté à un monstre beaucoup
plus résistant que les autres...
Dai
Nippon-jin est
un long-métrage étonnant à plus d'un titre. Hommage pittoresque
aux kaijū
eiga
nés dans les années cinquante au cinéma grâce à l'impulsion du
réalisateur Ishirō Honda et du scénariste Takeo Murata, le film de
Hitoshi Matsumoto est un très étrange objet qui démarre et se
poursuit durant les trois quarts de sa durée (qui frôle les deux
heures) sous la forme d'un faux documentaire. Un documenteur diraient
sans doute certains même si très rapidement, le sujet révèle la
supercherie. Hitoshi Matsumoto y incarne un individu semblable à
n'importe lequel de ses concitoyens. Peut-être un peu plus
excentrique que la moyenne mais ne laissant à personne l'opportunité
de penser qu'il pourrait être le fameux ''grand
homme du Japon''
si populaire auprès des habitants. Tourné caméra à l'épaule,
Dai Nippon-jin
bénéficie d'un look très particulier, entre documentaire et
blockbuster du pauvre...
Ici,
pas de Godzilla, de Mothra, de Rodan, de Ghidra ou de Gamera. Les
créatures que combat le ''grand
homme du Japon''
sont toutes originales. À plus d'un sens. Non seulement elles sont
''endémiques'' à Dai
Nippon-jin,
mais arborent de plus une esthétique plus folle que n'importe quel
autre kaijū
eiga.
Peu nombreuses, elles sont en revanche très étonnantes: à ce
titre, celui qui arbore un corps de rat dont la très longue queue
débouche sur un immense globe oculaire reste sans doute le plus
démentiel. L’œuvre de Hitoshi Matsumoto balance entre fausses
interviews du héros et combats titanesques dans un Japon moderne modélisé. Entre maquettes et CGI, Dai
Nippon-jin
ne peut sans doute pas prétendre rivaliser avec les grosses
productions américaines (Godzilla
de Gareth Edwards en 2014), mais le propos étant ailleurs, le
spectateur s’accommodera facilement d'effets-spéciaux parfois
bancals. Par contre, le film souffre d'un rythme qui parfois confine
à l'ennui. On ne peut pas dire que les dialogues soient d'une
qualité exceptionnelle et les interprètes ont du mal à combler
certains vides. Le dernier quart-d'heure confine à l'absurde le plus
complet, mais derrière lui se cache sans doute un message beaucoup
plus profond qu'il n'y paraît et que je vous laisse deviner par
vous-même. Au final, Dai
Nippon-jin n'est
pas aussi passionnant et visuellement bluffant que Shinboru,
mais cependant, il demeure suffisamment original pour que l'on s'y
arrête. Un véritable OFNI !!!
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