Que l'on apprécie le bonhomme ou que l'on mette en cause la
pertinence de la surmédiatisation d'un avocat (regardez donc ce
qu'est devenu Gilbert Collard), il faut avouer qu'Eric Dupont-Moretti
fascine. Son bagou et son caractère sont légendaires et il n'a pas
volé son surnom de ''acquitator''.
Alors, lorsque 6 février 2019 sort sur les écrans le premier
long-métrage du réalisateur français Antoine
Raimbault, on se demande dans quelle mesure l'acteur Olivier Gourmet
parviendra à revêtir la robe de cet avocat au charisme tout aussi
impressionnant que sa verve. Une
Intime Conviction
revient sur une affaire absolument remarquable dans ce sens où un
homme s'est vu non seulement soupçonné d'avoir assassiné son
épouse sans que son corps ne soit jamais retrouvé, mais a été la
victime de l'amant supposé de celle-ci. Un individu qui s'est
acharné à faire d'un père de famille le meurtrier de son épouse,
employant des méthodes peu scrupuleuses telles que la subornation de
témoins...
Cette
affaire que relate le long-métrage d'Antoine Raimbault, c'est celle
de Suzanne Viguier, qui le 27 février 2000 disparaît purement et
simplement. Une affaire qui a fait grand bruit et qui fut
sur-médiatisée. Alors qu'à l'issue du premier procès l'accusé
Jacques Viguier fut acquitté, lors du procès en appel, c'est
l'avocat pénaliste Eric Dupont-Moretti qui devait prendre en charge
le dossier de l'accusé.
C'est
ce second procès que choisit de nous exposer le réalisateur
français qui pour son premier long-métrage fait preuve d'une
maîtrise absolue du sujet. D'un scénario qu'il a écrit en
compagnie d'Isabelle Lazard et Karim Dridi, Antoine Raimbault en
extrait tout le pouvoir d'attraction d'un tribunal en effervescence,
là-même où l'on juge, où l'on acquitte, où l'on condamne des
hommes et des femmes. Entre témoignages, mensonges, écoutes
téléphoniques, dissimulations, Une
Intime Conviction
décortique cette hallucinante affaire opposant des avocats, un
accusé, la partie civile, des témoins plus ou moins moraux
(l'actrice India Hair et l'acteur Philippe Uchan y incarnant
respectivement la baby-sitter Séverine Lacoste et le supposé amant
de la disparue Olivier Durandet, deux témoins plus que douteux) et
un public venu en masse assister au ''spectacle''.
Si
tous les personnages évoluant lors du récit ont réellement existé,
Antoine Raimbault fait une entorse à la réalité en incluant celui
de Nora. Personnage fictif donc, que le réalisateur place comme l'un
des jurés du premier procès et à laquelle la fille même de
l'accusé (incarné par le toujours excellent Laurent Lucas) demande
de l'aide. Si les crimino-cinéphiles en herbes trouveront peut-être
la chose étonnante, l'implication de ce personnage imaginaire donne
une ampleur remarquable à ce récit qui alors est porté à bout de
bras par le formidable duo composé de Marina Foïs qui décidément,
se montre une nouvelle fois magnifique, et surtout Olivier Gourmet,
égal à lui-même, incarnant ici le difficile rôle du célèbre
avocat. Si le timbre est différent et que l'acteur aurait mérité
de prendre des kilos supplémentaires afin de coller encore davantage
au personnage, après un petit temps d'adaptation, Olivier fait
parfaitement illusion. Que l'on connaisse ou non l'issue du procès à
l'avance, Une
Intime Conviction
repose avant tout sur la sobriété de sa mise en scène et surtout
sur la brillante interprétation des actrices et acteurs secondaires
(Laurent Lucas, Jean Benguigui, François Caron, Philippe Dormoy,
etc...). Antoine Raimbault, en s'appuyant sur un fait-divers
particulièrement étonnant, réalise un excellent premier film. Qui
par delà le réalisme n'empêche pas son œuvre d'être tout à fait
divertissante. Un premier essai plus que convainquant...
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