Lorsque l'on n'attend
rien de précis d'un long-métrage dont on ne connaît ni le
réalisateur, ni ses interprètes, ni l'histoire et que seul
l'évocation du titre nous donne envie d'en connaître le contenu,
nos exigences ne peuvent se mesurer à celles du spectateur qui,
fébrile, attend de découvrir une œuvre sur laquelle il fonde tous ses
espoirs de cinéphile depuis de long mois. Kansen (ou
Infection)
est l'exemple type de long-métrage qui peut apparaître sur un
planning sans crier gare, croisé pour la première fois au hasard
d'une critique de magasine spécialisé, un commentaire audio ou
vidéo trouvé sur Internet, ou sur tout autre support en relation
avec le cinéma. Réalisé par le cinéaste japonais Masayuki Ochiai
en 2004 mais n'ayant eu chez nous les honneurs d'une sortie DVD
qu'en 2008, Kansen est
typiquement le genre de long-métrage que l'on imagine bien sortir de
l'esprit d'un cinéaste qui, si l'on se réfère à sa filmographie,
allait dix et onze ans plus tard, se charger de réaliser deux
nouveaux épisodes de la mythique saga d'épouvante Ju-On
initiée en 2000 par son homologue japonais Takashi Shimizu et poursuivi tout
au long d'une filmographie constituée en tout de douze
longs-métrages...
Alors
que le futur réalisateur du J-Horror
qui nous préoccupe dans le cas présent débutait sa carrière de
cinéaste à la télévision avant de s'intéresser au grand écran à
travers son premier-long métrage Parasaito Ivu
(adaptation
d'un jeu vidéo ''Survival-Horror''
sorti sur Playstation
en 1998 connu chez nous sous le titre Parasite
Eve),
Kansen
s'inscrit bien dans un courant dans lequel bien des cinéastes
japonais se sont engouffrés depuis l'incroyable phénomène Ringu
de 1998 réalisé par Hideo Nakata (auteur du très angoissant et
sans doute meilleur film de sa carrière, Honogurai
Mizu no Soko Kara
connu chez nous sous le titre Dark Water).
À
travers Kansen,
Masayuki Ochiai réalise une œuvre bâtarde, que l'on pourrait
presque oser comparer à un croisement entre l'énormissime Riget
de Lars von trier (L'Hôpital et ses Fantômes,
1994-1997), un quelconque Soap Opera hospitalier, tout un tas de
J-Horror concernant fantômes et autres esprits malveillants, ainsi
que le thème de l'épidémie à travers un virus d'origine inconnue
s'en prenant aux membres d'une équipe médicale travaillant de nuit
au service des urgences. L'une des spécificités de Kansen
demeure
dans l'étrange déroulement de l'intrigue qui, digne de certaines
productions italiennes des années 70 et 80, paraît se fondre dans
un univers peu cohérent, en toute cas, de toute manière parfois
tellement alambiqué que le spectateur aura l'occasion de se perdre
dans un récit qui semble parfois n'avoir ni queue, ni tête.
Ce
qui d'une manière générale, plutôt que de nuire au récit, semble
au contraire lui être bénéfique. Au cœur d'un récit dans lequel
sont évoqués : une erreur médicale, la présence d'une entité
maléfique, une maladie contagieuse particulièrement virulente,
ainsi que les ambitions de chacun (l'un veut devenir riche et célèbre
en exploitant un tout nouveau virus, une autre rêve d'une carrière
d'infirmière à défaut d'en avoir les compétences, etc...), Kansen
n'est
peut-être pas parfait. Le déroulement de l'histoire est sans doute
chaotique. Certains passages dignes des pires soap opera
s'apparentent éventuellement à des erreurs de choix... Toujours
est-il que le film de Masayuki Ochiai fonctionne. On ne sait par quel
miracle d'ailleurs. Les amateurs de frissons trouveront sans doute
leur bonheur en piochant ça et là dans les quelques très bonnes
idées d'un scénario également écrit par Masayuki Ochiai lui-même.
Si Kansen
n'est pas toujours au point, le réalisateur crée cependant un
climat oppressant pratiquement permanent, jouant avec l'obscurité,
les jeux de lumières et les couleurs ainsi que de nombreuses
interventions horrifiques entre épidémie et surnaturel. Au final,
on tient là un petit bijou qui s'il n'égale pas les ténors de la
J-Horror
a de quoi satisfaire les amateurs du genre et ce, grâce à
l'implication de ses divers interprètes féminines et masculins (
Michiko Hada, Mari Hoshino, Tae Kimura, etc...)...
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