Et une fêlée de plus au cinéma, une. Les dingues, sur grand écran,
c'est comme une seconde nature dans le septième art. Et si Sue Ann
Ellington n'en est pas la plus brillante incarnation, elle a tout de
même le mérite d'exister. Produit par la société de Production
Blumhouse, Ma
est un petit thriller horrifique plutôt sympathique même si
question frissons, il ne faudra pas s'attendre à des miracles. Ici,
tout se joue entre une vieille dame pas si vieille et des adolescents
biens comme il faut pas vraiment... biens comme il faut. À dire
vrai, le film du réalisateur, scénariste et producteur américain
Tate Taylor hésite entre accorder à son héroïne incarnée par
l'actrice Octavia
Spencer qui débuta sa carrière plus de vingt ans en arrière avec
Le Droit de Tuer de
Joel Schumacher, de bonnes raisons d'agir comme elle le fait, et
parfois, la rend si pénible que l'on attend avec ferveur qu'une
balle ou un couteau se loge entre ses côtes.
Ma
renoue avec l'esprit des ''psycho-killers'' d'antan et dont le but
premier des assassins était généralement la vengeance. Celle qui
se cache sous ce court pseudonyme, on l'apprendra au fil du récit, a
la rancœur tenace. Mais qui aurait pu oublier un tel passif de
victime ? Car dans le genre beaucoup moins cradingue que le
héros de The Toxic
Avenger,
Ma a survécu à une offense qui aurait pu entièrement briser son
existence... quoique, à bien y regarder, cette femme d'âge mûr
beaucoup moins vieille que ne le répètent inlassablement les sales
garnements qui s'invitent chez elle pour se saouler la gueule ne semble
plus avoir toute sa tête.
Tate
Taylor traite autant du thème de la vengeance que d'un certain
mépris dont fait preuve la jeunesse actuelle vis à vis de ses aînés
(à un certain moment du récit, Ma n'est-elle pas humiliée par des
adolescents auxquels elle vient pourtant de rendre service?). Le
long-métrage traite également de la solitude, de l'isolement, de
cette envie d'avoir des amis mais qui pour les autres reste
inenvisageable.
Ma
peut se révéler tour à tour émouvante, cruelle, possessive ou pathétique.
Employée dans un cabinet de vétérinaire, elle scrute une bande
d'adolescents menée par le beau Andy dont va très vite tomber
amoureuse la nouvelle venue Maggie Thompson dont la mère Erica est
incarnée à l'écran par la mythique interprète de Kalifornia
de Dominic Sena, Natural
Born Killers
d'Oliver Stone, ou encore From
Dusk Till Dawn
de Robert Rodriguez : Juliette Lewis. Mais c'est bien entendu
l'actrice Octavia Spencer qui de son regard un brin globuleux
laisse sourdre un très léger sentiment d'angoisse. Si petit
malheureusement que le film finit par s'enliser dans une succession
de séquences qui tentent vainement d'effrayer les spectateurs sans
jamais y parvenir. Face à elle, une population qui semble liguée
contre elle. Effectivement, on aura rarement vu autant d'individus
avoir une dent contre une seule personne. Les adolescents d'abord :
si pour une fois ils n'ont pas l'air totalement obsédés par le
sexe, l'alcool tient en revanche un rôle très important dans leur
sociabilisation. Les adultes (du moins certains) n'en mènent pas
large non plus grâce à quelques caractérisations caricaturales bien comme
il faut.
Le
réalisateur joue au yoyo avec le spectateur qui applaudira sans
doute la mort de cette conne de Mercedes écrasée par une voiture
(!!!) ou celle de Ben Hawkins, le père du petit ami de la jeune
héroïne incarnée par (Diana Silvers). Mais en contrepartie, il
pourra également voir d'un mauvais œil le harcèlement dont fait
preuve Ma et priera finalement pour qu'elle finisse six pieds sous
terre. Aucune surprise particulière à attendre pour ce Ma
plus sympa à voir que vraiment flippant. Octavia fait très bien son
boulot. Un froncement de sourcils et voilà que ses jeunes amis se
font pipi dessus. Pas sûr que cela fonctionne sur les spectateurs
même si certaines séquences marqueront sans doute les plus jeunes
et les moins initié à ce type de cinéma. Un film qui se regarde
mais qui s'oublie aussi très rapidement...
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