S'il est souvent de
coutume de dire qu'un film ennuyeux dans lequel il ne se passe pas
grand-chose mériterait d'être expurgé d'un certain nombres de
séquences pour voir sa durée revue à la baisse, concernant le
sixième et dernier long-métrage de fiction du cinéaste américain
Ted Demme disparu à seulement trente-huit ans, c'est un peu le cas
inverse. En effet, Blow
est très certainement l'exemple même du film qui aurait mérité
d'être étoffé dans sa durée, et donc dans son exploitation du
fait-divers. Non pas que le film soit raté, mais lorsque l'on prend
conscience de l'extraordinaire potentiel du scénario qui se base sur
l'histoire bien réelle du protagoniste principal, on finit par
penser qu'une demi-heure, et pourquoi pas même, une heure de plus
aux deux que dure l’œuvre de Ted Demme aurait sans doute permis à
Blow
de
gagner ses gallons de chef-d’œuvre. Un titre que le long-métrage
frôle dangereusement mais sans véritablement l'atteindre... Parfois
comparé au cinéma de Martin Scorsese, ce long-métrage sorti chez
nous le 19 septembre 2001 en France ressemble sans doute davantage à
celui de Brian de Palma, et notamment son percutant Scarface
et l'incroyable ascension d'un certain Tony Montana joué par
l'acteur Al Pacino. Ted Demme, lui, confie le premier rôle à Johnny
Deep, cet acteur caméléon qui une fois encore incarne à l'écran
un personnage inoubliable.
Celui
de George Jung, un trafiquant de drogue qui pour que son existence ne
ressemble surtout pas à celle de ses parents, va quitter le cocon
familial et se lancer dans le commerce de la marijuana mais se fera
surtout connaître pour avoir été l'un des plus influents
importateurs de cocaïne aux États-Unis dans le courant des années
soixante-dix et le début des années quatre-vingt. Pour George et
son ami d'enfance Tuna, le trafic de marijuana rapporte d'abord
d'énormes capitaux. Mais c'est lorsqu'il est jeté en prison après
avoir été arrêté en possession de trois-cent trente kilos d'herbe
que la vie de George va prendre un tournant décisif : en effet,
il y partage sa cellule avec un certain Diego Delgado qui a sa sortie
de prison va lui proposer de travailler avec lui. Ce sera l'occasion
pour le jeune homme de faire connaissance avec le célèbre
trafiquant de drogue colombien Pablo Escobar. Mais aussi celle
croiser la route de la belle Mirtha qu'il finira par épouser et qui
lui donnera une enfant prénommée Kristina...
Plus
que le simple thriller sur fond de trafic de drogue qu'il paraît
être, Blow
est surtout un formidable drame sur l'ascension, les dérives et la
chute de l'un des acteurs majeurs du célèbre cartel de Medellin
spécialisé dans le trafic de cocaïne entre la Colombie et les
États-Unis. Une œuvre sur l'amour, l'amitié, la fidélité, mais
aussi la trahison. Johnny Deep incarne avec un talent et une
sensibilité infinis cet homme d'origine modeste, fils d'un Fred Jung
merveilleusement incarné à l'écran par l'acteur Ray Liotta. Les
trop rares séquences qui uniront cet deux formidables interprètes
seront l'occasion d'éprouver la sensibilité des spectateurs. Ted
Demme, à travers le récit d'un homme qui, allons soyons honnêtes,
était d'abord un criminel, parvient à toucher au plus profond de
notre cœur, jusqu'à le déchirer dans un ultime soubresaut final.
C'est peut-être ce que le spectateur retiendra finalement de ce
long-métrage dont l'un des rares défauts est d'avoir voulu
condenser un fait-divers authentique extrêmement touffu en deux
heures seulement quant un film fleuve d'au moins trois heures aurait
sans doute permis au cinéaste de ne pas évacuer trop rapidement
certains aspects de l'existence de son personnage. À sa décharge,
on pourra accorder à Ted Demme d'avoir d'abord voulu signer une
œuvre humaniste malgré toute la charge rédhibitoire qu'évoquent
certains des faits évoqués tout au long de l’œuvre. À tel point
que le trafiquant de drogue finit par s'effacer pour n'être plus que
le fils, l'époux et le père que l'on respecte. Un très grand film,
et un immense Johnny Deep...
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