Il existe plusieurs
catégories qualitatives en matière de cinéastes et au moins deux
que nous retiendrons dans le cas présent : Il y a ceux qui dès
leur premier long-métrage ont signé un grand film, un long-métrage
culte, un chef-d’œuvre et ont continué sur la même voie (au
hasard, David Lynch, Richard Kelly). D'autres qui sans véritablement
réaliser une première œuvre remarquable ont su pourtant conserver
leur style pour le sublimer à travers les années (David
Cronenberg), et puis, il y a ceux qui ont créé, on ne sait pour
quelle raison, l'événement. Comme ce fut le cas de Luc Besson dont
Le Grand Bleu
fut (et est sans doute demeuré) le film de toute une génération
(ouais, ben en tout cas, pas la mienne) et qui depuis plus de vingt
ans accumule les nanars, voire les navets avec une régularité de
métronome (Le Cinquième Élément en
1997, Angel-A
en 2005 ou les pires de tous en attendant d'avoir découvert son
dernier long-métrage : Lucy
en 2014 et Valérian et la Cité des Mille
Planètes
en 2017). The Domestics étant
le premier long-métrage du cinéaste américain Mike P. Nelson, on
ne s'avancera pas trop rapidement sur le devenir de sa carrière de
réalisateur et de scénariste (il est en effet l'auteur du scénario
du film ici incriminé), mais à juger par cette première tentative
plutôt maladroite, il n'est pas certain que l'on entende à nouveau
parler de son cinéma dans les meilleures conditions.
Ce
qui, bien évidemment, ne demeure pas une certitude puisqu'avec un
peu d'entraînement, voire de formation supplémentaire, peut-être
Mike P. Nelson nous offrira-t-il une œuvre digne de figurer parmi
les plus grandes. En attendant, The Domestics
est à reléguer au rang des copies mal fagotées du genre
post-apocalyptiques qui évoquent instantanément le film culte de
George Miller, Mad Max
et ses suites. C'est donc dans un monde dévasté par une série
d'attaques chimiques orchestrées par le gouvernement américain sur
ses propres concitoyens que roulent en direction du Wisconsin Nina et
Mark West. Un couple au bord de la rupture qui tente de rejoindre les
parents de la première qui n'ont pas donné signe de vie depuis
quelques semaines. Sur la route, les dangers sont multiples et de
nombreux gangs s'interposeront entre les deux époux, mettant ainsi
leur existence en péril. C'est en chemin qu'ils rencontrent
cependant Nathan Wood, sympathique époux et père de deux enfants,
heureux de constater qu'il existe encore des gens civilisés...
Le
scénario de The Domestics
étant particulièrement sommaire, Mike P. Nelson ne peut compter que
sur son imagination afin de confronter ses deux principaux
personnages à des bandits particulièrement imaginatifs en matière
d'accoutrement. Sur la route de Nina et Mark West se dressent parfois
des individus à visage découvert mais en général, ces derniers
sont affublés de masques et de casques qui renvoient directement aux
personnages qu'affrontait Mad Max tout en revêtant désormais une
attitude et une apparence plus drôles qu'effrayantes. Il n'est pas
certain qu'à la rencontre de ces voyous opportunément attirés par
les faibles gains de voyageurs égarés, le cinéaste ait réellement
cherché à amuser le public. Au contraire. Malheureusement, et même
si le spectateur ne rira jamais aux éclats à moins d'avoir un verre
dans le nez, les gangs croisés en chemin par les West sont, certes,
pittoresques, mais ne provoquent aucun sentiment d'angoisse.
Pittoresque... et pourquoi pas, même, pathétiques ? À l'image
de ce type au nœud papillon, sourire dément façon ''Joker'',
que le cinéaste tente de rendre sinistre mais qui au final se révèle
aussi ridicule que la majorité des ''méchants'' du film. À défaut
de proposer un scénario qui tient la route, Mike P. Nelson accumule
les rencontres entre nos deux héros et les gangs. Une envie d'en
donner pour son argent à son public qui se solde par un semi-échec
tant la facilité qu'ont Nina et Mark à se sortir de la pire des
situations empêche le spectateur de ressentir le moindre sentiment
de peur pour ces deux personnages. Entre Mad Max
et La Route
de John Hillcoat, The Domestics
tente en plus de réconcilier les deux époux dans des circonstances
assez discutables : alors que Nina évoque de plus en plus son
indifférence pour Mark, voilà qu'à la suite d'un entraînement de
tir au fusil, elle est bien décidée à renouer avec lui. Allez-y
les gars. Le jour où votre femme menace de vous quitter, achetez une
arme et proposez lui de faire du tir au pigeon au lieu de payer une
fortune des séances de thérapie de couple...
Trop
simpliste et amateur dans sa conception et ce, malgré la motivation
et la générosité de Mike P. Nelson, on a du mal à croire et
adhérer au concept déjà mille fois rebattu de The
Domestics.
Dans le genre road-movie post-apocalyptique, ce long-métrage demeure
donc tout à fait anecdotique et dispensable...
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