Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


lundi 29 juillet 2019

Trilogie de la Glaciation Émotionnelle - Le Septième Continent (Der siebente Kontinent) de Michael Haneke (1989) - ★★★★★★★★★☆



Le Septième Continent (Der siebente Kontinent) est le premier long-métrage du cinéaste autrichien Michael Haneke à être sorti sur les écrans en 1989. Lui qui consacra jusque là sa carrière au petit écran (une dizaine de téléfilms entre 1974 et 1997) posait donc cette année là, la première pierre d'une filmographie hors-normes. Déjà, tout Haneke est dans Le Septième Continent. Tous les tics de l'auteur de Funny Games, de Caché, ou du dernier Happy End sont déjà là : Cette manière si particulière de filmer son prochain. Clinique, austère, maussade, avec l'enjeu de montrer de la manière la plus réaliste possible le sort qu'il accorde à quelques familles plus ou moins aisées. Pour cette première tentative qui date maintenant de trente ans, tout le génie du cinéaste transpire déjà. Cette incroyable faculté qu'a Michael Haneke de décrire la lente implosion d'un couple, emportant avec lui dans cet inexorable (et pourtant très exactement calculé) naufrage, leur propre gamine âgée d'un peu moins d'une dizaine d'années. Œuvre en trois actes qui couvrent chacun une année (entre 1987 et 1989), Le Septième Continent semble d'abord faire référence à ce long voyage que Georg et Anna s'apprêtent à entreprendre avec ou sans leur fille (la décision, le couple la prendra après avoir assisté à une cantate sous l'initiative des parents de Georg) en Australie dont une affiche particulièrement dépaysante vante les mérites avant de prendre vie. Mais l'on comprendra vraiment l'erreur soulignée par le titre qui indique un septième continent qui à l'époque n'est encore connu de personne (Michael Haneke serait-il un visionnaire?), comme étant un voyage vers l'oubli, la destruction et la mort.

Celle programmées de Georg, Anna et Eva, donc, que ses parents ont finalement choisi d'emporter avec eux. Sans l'évoquer vraiment à grands renforts de lignes explicatives, Michael Haneke sème cependant des indices qui laissent présager le pire : alors que la vie de ses trois principaux interprètes (le film est particulièrement avare en seconds rôles) est régie par des actes répétés (repas à trois, travail, école, prières avant de s'endormir, actes sexuels, etc...), l'autrichien laisse infuser un certain malaise comme il en a déjà le secret à l'époque. Souvent, il filme ses personnages dans un cadre si étriqué qu'il en ''oublierait'' presque de leur offrir une identité visuelle. Ce choix artistique étonnant ayant sans doute une signification, on pourra ou pas y voir la volonté pour Michael Haneke de montrer le quotidien de bon nombre de familles autrichiennes. Comme un livre de collage ou serait proposé à son propriétaire de remplacer les corps sans tête des personnages par celles de son choix. Ici, le spectateur est donc invité à se soustraire aux personnages afin de prendre la place de tel ou tel autre. Que faire alors lorsque les conditions sont réunies pour que ce quotidien morose qui nous est présenté n'ait d'autre alternative que celle de mettre fin à ses jours ?

Pour ce premier volet de la ''Trilogie de la Glaciation Émotionnelle'', Michael Haneke signe l'une de ses œuvres les plus fortes et les plus fondamentalement évocatrices. Chaque acte servant à décrire les différents processus menant au suicide. Si lors du premier acte Michael Haneke nous convie à découvrir la vie plus qu'austère de cette petite famille, le second met en place tout un dispositif pour préparer Georg, Anna et Eva à quitter leur existence pour ce septième continent évocateur. Le troisième, forcément le plus dramatique de tous, démontre cet acharnement des trois membres de la famille (la pauvre petite Eva étant mise à contribution) à détruire tout ce qu'ils possèdent : photos, meubles, vêtements, chaque objet, chaque pièce est méticuleusement réduit en poussière. Une action méthodique aux répercussions que l'on devine dramatique sur leurs proches mais que le cinéaste se gardera de nous montrer. Sans pouvoir agir sur le sort qu'accorde le cinéaste à ses personnages, le spectateur est le témoin troublé d'une affliction qui n'a d'explication que dans les images et non dans des dialogues qui se veulent parfois volontairement stériles. Bouleversant, Le Septième Continent est d''une efficacité redoutable mais laissera sans doute certains spectateurs aux portes de l'incompréhension. Dès son premier long-métrage, Michael Haneke imprime ce qui sera sa marque de fabrique et signe d'ors et déjà l'un de ses plus grands film. Quant à Dieter Berner, Birgit Doll et Leni Tanzer, ils incarnent à merveille les membres de cette famille autodestructrice. Un film choc !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...