Si
vous aviez envie de passer un mois de juillet un peu moins rude en
terme de chaleur, il fallait absolument se rendre sur Netflix
dès le 26 pour y découvrir un film argentin réalisé par le
cinéaste Sebastián Schindel dont il s'agit du second long-métrage
de fiction après El Patrón, Radiografía de un Crimen
cinq ans plus tôt en 2014. Auparavant habitué des documentaires,
l'argentin s'est très vite accoutumé à son nouveau format et signe
en 2019, le thriller El Hijo
qui n'a pas connu de diffusion au cinéma mais qui est directement
passé par la case Netflix.
Une petite précision qui n'a pas vraiment d'importance puisque ce
thriller est aussi agréable à découvrir chez soit, devant son
poste de télévision, qu'il l'aurait été dans une salle de cinéma.
Le
récit tourne autour de Lorenzo et de son épouse Sigrid. Lui est
peintre, et c'est lors d'une exposition consacrée à son oeuvre et
organisé par son ami Renato qu'il retrouve une ancienne amie très
proche de lui, la belle Julieta. Si dans un premier temps Sigrid
s'avère mal à l'aise devant celle qu'elle semble juger comme une
rivale possible au bonheur de son couple, l'arrivée prochaine de
leur premier enfant conforte Lorenzo et son épouse dans leurs
sentiments. Pourtant, tout bascule lorsque Sigrid décide contre
l'avis des spécialistes d'avoir recours à une maternité
alternative. En effet, la jeune femme veut accoucher chez elle, sans
l'aide des médecins et uniquement épaulée par une vieille
sage-femme qu'elle connaît depuis des années. Lorsque naît
Enrique, tout se complique. Lorenzo est mis à l'écart. Tant et si
bien que le jour où il décide enfin de sortir dehors en compagnie
de son fils que Sigrid et la sage-femme gardent enfermé dans
l'appartement, Lorenzo bouscule accidentellement sa femme, celle-ci
se blessant en chutant. Pour autant, le père d'Enrique sort en sa
compagnie mais lorsqu'ils sont de retour à la maison, la police
attend Lorenzo auquel est formellement interdit de s'approcher de sa
femme et de leur enfant...
De
manière presque métronomique, Sebastián Schindel filme ses
personnages sur deux plans temporels. Dans le présent, celui qui
signifie déjà que Lorenzo est passé par un institut psychiatrique
duquel il vient tout juste d'être libéré, et dans un passé pas si
lointain puisqu' il ne remonte qu'à quelques mois précédant
sa rupture d'avec Sigrid. Une Sigrid aux méthodes d'éducation
toutes particulières puisque cette biologiste totalement obsédée
par le bien-être de son enfant a choisi de l'élever dans des
conditions très particulières. Lorenzo ne faisant apparemment plus
partie des projets de son épouse, on assiste à la lente descente
aux enfers d'un hommes plongé dans les affres de la folie. Du moins
c'est ce que semblent évoquer les divers indices que laisse traîner
le réalisateur. La question se pose alors : Lorenzo est-il
réellement atteint de cette étrange maladie qui l'empêche de
reconnaître son enfant, comme un subterfuge de Sigrid ayant remplacé
Enrique par un autre pour empêcher son père d'entrer en contact
avec lui ? Ou bien cet artiste bohème est-il victime d'une
machination ?
Des
questions qui demeurent en suspend et que Sebastián Schindel s'amuse
à cultiver. Déjà, à travers le personnage ambigu incarné par
l'actrice Regina Lamm, laquelle incarne une sage-femme s'exprimant
dans une langue que seule Sigrid est en mesure de comprendre. Le
spectateur est ainsi placé dans la même position que Lorenzo et
fini par se demander dans quelles mesures ces deux là ne seraient
pas déjà en train de comploter contre lui. Joaquin Furriel incarne
Lorenzo Roy. Cet homme que l'on aimerait voir réagir mais qui
curieusement demeure léthargique devant l'urgence de la situation. El Hijo
a donc tendance à se révéler crispant devant l'inaction de son
héros et devant celui d'une Sigrid (Heidi Toini) parfois
volontairement très irritante. El Hijo
est un très bel exemple de thriller argentin mais dont le scénario
ne s'affranchit pas vraiment du reste de la production puisque plane
au dessus de sa tête, l'ombre du classique de Roman Polanski,
Rosemary's Baby.
Très bien interprété et perclus de séquences angoissantes, le
film de Sebastián Schindel est une excellente et dépaysante
alternative au cinéma horrifique actuellement en vogue...
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