Troisième et dernier
volet de la trilogie de Francis Veber réalisé autour du duo
d'acteurs Gérard Depardieu et Pierre Richard après La Chèvre
en 1981 et Les Compères
en 1983, Les Fugitifs
n'est peut-être pas le plus drôle des trois long-métrages, il n'en
demeure pas moins d'une très grande qualité. Réalisé en 1986,
soit trois ans avant le pitoyable remake américain que le cinéaste
réalisera lui-même outre-atlantique avec dans la peau des
principaux personnages, les pourtant excellents Nick Nolte (48
Heures de
Walter Hill) et Martin Short (L'Aventure
Intérieure
de Joe Dante), le film de Francis Veber est surtout plus marquant
pour son approche dramatique. Après le duo François Perrin/Campana
lancé à la recherche de la fille kidnappée d'un PDG d'une grande
entreprise, après le binôme François Pignon/Jean Lucas,
hypothétiques père d'un adolescent en fuite que la mère prie
d'accepter de retrouver, c'est à nouveau autour du duo François
Pignon/Jean Lucas (ces derniers, toujours incarnés par Gérard
Depardieu et Pierre Richard, n'ayant aucun rapport avec ceux du film précédent)
dans un récit parfois fort émouvant. L'histoire de Pignon veuf, et
surtout père d'une adorable gamine interprétée par la toute jeune
et toute mignonne Anaïs Bret (laquelle ne tournera plus guère que
dans le court-métrage de Kathleen Fonmarty Un
Arbre de Noël pour Deux
en 1988 avant de se consacrer plus tard à une carrière de
professeure dans l’Éducation Nationale) que les services sociaux
vont lui retirer.
Il
fait la connaissance de Jean Lucas, tout juste sorti de prison après
avoir purgé sa peine pour une séries de braquages à main armée.
C'est alors que François Pignon braque lui-même une banque qu'il
prend Jean Lucas en otage. A leur sortie de l'agence bancaire, le
commissaire Duroc (excellent Maurice Barrier), qui a décidé de
suivre l'ancien taulard à sa sortie de prison ne croit pas en la
culpabilité de François Pignon et pense que Jean Lucas est le
véritable auteur du braquage. Ces derniers vont donc être
contraints de faire équipe ensemble accompagnés de la fille de
Pignon, Jeanne. Laquelle va malheureusement bientôt se retrouver
confisquée à son père par les services de protection des mineurs...
Si
Les Fugitifs
consacre une partie de son histoire au triste sort de Jeanne et de
son père, Francis Veber dont il s'agit ici du quatrième
long-métrage en tant que réalisateur après un premier film tourné
en 1976 (Le Jouet)
suivi des deux premiers volets de la trilogie
Veber/Depardieu/Richard,
ne manque cependant pas de situations cocasses. Pour preuve, la
présence à l'écran de l'irrésistible Jean Carmet en vétérinaire
déphasé traitant son nouveau patient Jean Lucas tel un animal de
compagnie, allant jusqu'à lui servir de la pâtée pour chien !
Chaque apparition de l'acteur est l'occasion de franches rigolades.
Pourtant, Les Fugitifs
aborde des sujets parfois très graves. Comme la clochardisation de
l'un des personnages (Pierre Richard, contraint d'aller ramasser
quelques légumes et fruits pourris à la fermeture d'un marché ou
de dormir sur un trottoir et sous un carton), ou encore
l'inflexibilité des services sociaux séparant le héros de sa fille
rendue muette au décès de sa maman. La musique du Compisteur
Vladimir Cosma qui officiait déjà sur les deux premiers volets de
la trilogie participe de cette émotion, le compositeur accompagnant
la dérive des personnages tout en ponctuant également les séquences
les plus drôles du film de Francis Veber. Gérard Depardieu incarne
comme à son habitude une brute charismatique tout en observant
parfois un comportement tout en sensibilité (surtout envers la jeune interprète
Anaïs Bret) tandis que Pierre Richard réserve des gags dont il a le
secret (François Pignon se cognant contre un réverbère renvoyant à
son propre personnage de Pierre Malaquet dans Le
Distrait
qu'il réalisa lui-même en 1970). A noter également le passage remarqué de Michel Blanc dans le rôle du médecin généraliste alcoolisé. Tout comme La
Chèvre
et Les Compères,
Les Fugitifs
est un indispensable et mettait un terme de manière brillante ,
drôle et émouvante, à une trilogie comique parfaitement accomplie...
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