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samedi 26 janvier 2019

Edge of Sanity de Gérard Kikoïne (1989) - ★★★★☆☆☆☆☆☆



A l'origine, il y a le monumental ouvrage de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson, l'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde. Non par la taille (ce court roman compte entre une soixante-dizaine de pages et un peu plus de cent selon les éditions traduites en français et dénuées de toutes illustrations supplémentaires), mais par son contenu. Une œuvre qui inspirera des légions de cinéastes, de metteurs en scène et de réalisateurs. Sur grand et petit écrans, ainsi que sur les planches de théâtre. Des chansons s'inspirèrent du récit de Robert Louis Stevenson publié en 1886. Des jeux vidéos et des bandes-dessinées également. Un ans après sa sortie, le roman inspire déjà le théâtre qui en propose une version incarnée par l'acteur britannique Richard Mansfield à Boston, aux États-Unis, puis l'année suivante au Lyceum Theatre de Londres.
Alors que tout le monde y est allé de son hypothèse sur l'identité du premier tueur en série officiel de l'histoire de l'humanité, un certain... Jack L’Éventreur (bien que le terme de Serial Killer ne soit apparu dans les dictionnaires qu'en 1961 et qu'il a été prononcé pour la première fois lors du procès de Ted Bundy en 1977), à la lecture du récit de Robert Louis Stevenson, édité deux ans seulement avant le premier meurtre officier de l'éventreur, il aurait été sans doute plus facile d'imaginer un cas de Copycat ayant agit après avoir lu le roman ou après avoir vu son adaptation au théâtre. Du moins, avant que ne soient soupçonnés, entre autres, Seweryn Klosowski, suspect idéal qui tua tout de même ses trois épouses avant d'être pendu en 1903, le juif polonais Aaron Kosminski, ou encore Thomas Neill Cream, un médecin connu pour pratiquer des avortement illicites.

Le cinéphile a de quoi contenter sa passion pour le sujet. Plus de vingt-cinq longs-métrages se penchent sur le sujet. Parmi les meilleurs, le Dr Jekyll and Mr. Hyde de Victor Flemming avec Spencer Tracy en 1941. Et parfois, quelques fantaisies pas toujours respectueuses mais néanmoins amusantes (Abbott and Costello Meet Dr Jekyll and Mr. Hyde de Charles Lamont en 1953 ou The Nutty Professor de et avec Jerry Lewis). Et puis, il y a le cas Gérard Kikoïne. Ancien transfuge du Porno français qui fit notamment tourner à la chaîne Brigitte Lahaie (La Clinique des Fantasmes), Marilyn Jess (Chaudes Adolescentes ) ou bien même, oui, oui, la Catherine Ringer des Rita Mitsouko dans Théâtre de l'amour en 1980. Vingt-cinq films X environs avant de se tourner vers la télévision et même le cinéma avec, justement, une vision toute personnelle du roman de Robert Louis Stevenson : Edge of Sanity, sobrement intitulé chez nous Docteur Jekyll et M. Hyde. Pas la meilleure idée qu'ait eu le cinéaste, mais peut-être la pire. Surtout pour les amateurs, et de porno, et du roman de l'écrivain britannique qui s'attendaient sans doute à une version bouleversant leurs hormones.

Le résultat est pire que ce que l'on aurait pu imaginer. Un film absolument indigeste, dans lequel le personnage campé par Anthony Perkins (lequel mourra trois ans plus tard du sida) n'est que l'ombre du Norman Bates qu'il incarna dans la série de quatre longs-métrages (dont l'un, on le sait, est prodigieux) Psycho. La nuit venue, maquillé telle une drag-queen avant l'heure, l'acteur arpente de nuit, dans la peau de Monsieur Hyde, les rues sordides de Whitechapel où vendent leur corps des prostituées de bas étage. Sous l'impulsion d'une substance, fruit des recherches du Docteur Jekyll, ce dernier se transforme en bête sanguinaire dont les prostituées, peu méfiantes (il faut pourtant voir la gueule de Perkins à ces moments là), font les frais...
Film de cinéma, le Docteur Jekyll et M. Hyde de Gérard Kikoïne ressemble en fait à un téléfilm désastreusement laid que n'importe quelle chaîne nationale française aurait pu produire et diffuser à une heure de grande écoute. Quitte à découvrir une version filmée pour la télévision, autant fallait-il suivre les aventures de Michael Caine dans l'excellent Jekyll & Hyde de David Wickes datant de 1990 (à noter que ce même David Wickes réalisa deux ans auparavant, en 1988, une très belle reconstitution télévisée de trois heures sur les méfaits de Jack L'éventreur dans le très réussi Jack the Ripper, et dans lequel, justement, on assistait à une très impressionnante représentation théâtrale de l'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde).

Gérard Kikoïne se contente de réaliser un film sans saveur, faussement provocateur, dégueulant littéralement de couleurs criardes. Aussi ringard que Le Repaire du Ver Blanc de Ken Russel, dont le Docteur Jekyll et M. Hyde de Kikoïne transpire littéralement l'esthétique et le baroque de pacotille (Ken Russell qui en outre, réalisa pourtant notamment l'extraordinaire The Devils), et peut-être encore plus que le trop décrié Der Dirnenmörder von London avec Klaus Kinski que Jess Franco réalisa en 1976. N'est pas Peter Greenaway qui veut. Gérard Kikoïne n'a ni le talent, ni la folle imagination du cinéaste britannique alors même qu'il tente de l'imiter à chaque plan. Non vraiment, ça n'est pas rendre hommage que de regarder la version de Docteur Jekyll et M. Hyde signée du réalisateur français Gérard Kikoïne. On rêvait d'une introspection morbide, on se retrouve devant un produit vendable au prix de trois euros à l'avant des caisses de supermarché. On regretterait presque que l'auteur de Indécences 1930 ait abandonné le porno pour se lancer dans le cinéma dit « classique »...

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