Paul Sanchez est
Revenu !,
c'est un peu comme ma première cervelle, mes premiers épinards, ma
première tranche de foie gras. Une très mauvaise expérience.
Pourtant, si depuis, mon palais a évolué, je ne suis pas certain de
revenir faire un tour dans l'univers de la cinéaste française
Patricia Mazuy. Un rythme lent, un scénario hybride, des courants
qui s'entremêlent, et une direction d'acteurs pas vraiment à la
hauteur. Comme jetés en pâture sans recommandations particulières,
Laurent Laffite et Zita Hanrot se retrouvent au cœur d'un récit
étrange, presque inconfortable dans la manière qu'à la cinéaste
d'aborder le scénario qu'elle a elle-même écrit e compagnie d'Yves
Thomas (les deux ont déjà travaillé ensemble sur Travolta
et Moi
en 1993 et Saint-Cyr
en 2000). En réalité, le principal soucis de Paul
Sanchez est Revenu ! n'est
pas tant la lenteur du récit, ni même son étrangeté (Guillaume
Nicloux à notamment signé les barrés Valley of
Love et The End
avec Gérard Depardieu, mais son œuvre n'en est pas moins
passionnante), mais son manque profond d'intérêt.
Bien
que Patricia Mazuy tente avec plus ou moins de réussite d'unir
humour et policier, je n'ai, de mémoire, souris qu'à une seule
occasion, au moment très précis où la gendarme Marion, rare
spécimen de la gente féminine bossant dans une brigade presque
exclusivement constituée de membres masculins, saucissonne Paul
Sanchez à l'aide d'un hamac avant de lui clouer le bec à l'aide
d'un jouet de piscine. A part cela, Paul Sanchez
est Revenu !
ressemble à une pseudo-tentative échouée de mélange entre le
quotidien d'une gendarmerie (on comprend alors avec un certain
cynisme pourquoi des affaires mettent tant d'années à être
élucidées), la quête d'une jeune recrue voulant faire ses preuves
en passant à la vitesse supérieure (y'en a marre des petites
affaires sans envergures), et la fuite d'un individu soupçonné
d'être le criminel qui dix ans auparavant, assassina femme et
enfants avant d'y mettre le feu.
Durant
cent-dix minutes, la cinéaste ne fait pas vraiment avancer l'enquête
de cette fort jolie métisse qui tombe dans les bras d'un journaliste
(l'acteur Idir Chender) au moins aussi ambitieux qu'elle, pour finir
par enfin par mettre la main sur celui qu'elle traque seule contre
l'avis d'un commandant de gendarmerie un brin misogyne. C'qu'on peut
s'faire chier devant ce Paul Sanchez est Revenu !
qui pourtant, on ne sait par quel miracle, parvient à retenir
l'attention. Il faut dire qu'après une heure durant laquelle
Patricia Mazuy tente difficilement d'injecter une forte dose d'humour
façon « scandinave »,
le spectateur se sent presque obligé de rester jusqu'au bout à
défaut de quoi, il aura l'impression d'avoir perdu soixante minutes
de son existence pour rien. Résultat : quand débarque le
générique de fin, les soixante minutes de pure perte se sont
transformées en cent-dix !
Paul Sanchez est
Revenu ! ressemble
à l'un de ces téléfilms policiers diffusés par France 2 ou 3.
visuellement fade, tout comme l'interprétation. Une direction
d'acteurs qui gâche la présence à l'écran du pourtant talentueux
Laurent Laffite. Sous-exploité et carrément à côté de la plaque
comme l'est son personnage, l'acteur se révèle donc décevant. Une
déception contrecarrée par la fraîcheur et l'innocence de Zita
Hanrot qui interprète là son dixième rôle tout rond au cinéma.
Au final, le long-métrage de Patricia Mazuy se révèle fort
ennuyeux. D'autant plus que sa conclusion se termine de manière
relativement terne. Le film échoue donc quelque peu dans sa volonté
de changer de ton à intervalles réguliers. Il paraît que certains
aiment cela. Moi pas !
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