Second long-métrage de
l'actrice et réalisatrice Anne Le Ny, plus connue pour ses
différentes interprétation au cinéma qu'en tant que cinéaste, Les
Invités de mon Père
est une excellente surprise. Débutant sur le ton d'une comédie
savoureuse, le film va peu à peu glisser vers un courant plus
émouvant que drôle. Conviant les personnages incarnés par Fabrice
Luchini, Karin Viard, Michel Aumont et Valérie Benguigui à
accueillir dans leur existence deux clandestines d'origine moldave,
Tatiana (Veronica Novak) et sa fille Sorina (Emma Siniavski), le
fils, la fille et leur conjoint respectifs vont être les témoins de
la transformation de leur père, Lucien. Un homme au grand cœur,
veuf, aux convictions profondément ancrées, médecin retraité, qui
accepte d'accueillir chez lui une mère et sa fille en situation
irrégulière. Alors qu'il s'est marié avec Tatiana sans en avoir
touché un mot à ses enfants, ces derniers vont constater peu à peu
que la jeune et jolie moldave semble avoir une grande emprise sur
lui, bouleversant non seulement la vie du patriarche, mais également
celle de ses enfants qui finissent par ne plus le reconnaître. Alors
que la jeune Sorina s'intègre parfaitement dans sa nouvelle école,
bien qu'elle ait trouvé un emploi de femme de ménage dans un hôtel,
Tatiana rencontre encore de nombreuses difficultés avec
l'administration. Bien qu'ayant accueilli la mère et la fille les
bras ouverts, Arnaud et Babette vont cependant constater le
changement qu'opère la présence de Tatiana envers un Lucien qui ne
semble plus avoir toute sa raison. De manière inattendue, le vieil
homme est tout simplement tombé amoureux de sa jeune compagne. Ce
qui engendre alors des conséquences qui vont se révéler
dramatiques pour toute la famille...
D'abord
très drôle, Les Invités de mon Père
glisse peu à peu sur une pente vertigineuse. Anne Le Ny réalise une
œuvre pleine de tendresse, admirablement interprétée, étudiant
avec une réelle maîtrise le cas des clandestins dans notre pays :
mariage blanc, difficulté d'intégration, clichés, xénophobie. La
cinéaste y montre de manière exemplaire les différents
comportements d'individus d'une même famille ayant des points de vue
divergents. Elle y démontre surtout que même avec un luxe de
prudence, il arrive que rien ne se déroule comme prévu. Michel
Aumont est émouvant dans le rôle de Lucien, ce vieil homme pourtant
bien entouré depuis la disparition de son épouse. Impliqué dans
des œuvres humanitaires, sa nature humaine ne pourra cependant pas
l'empêcher de tomber amoureux de la jolie Tatiana. Une Tatiana dure,
parfois inflexible... un comportement qui laisse entrevoir son
existence passée et ses nouvelles ambitions de mère préoccupée
par l'avenir de son enfant. Fabrice Luchini et Karin Viard campent
quant à eux un couple de frère et sœur remarquables, pris dans un
ouragan d'émotions dont la jeune moldave n'est évidemment pas
étrangère.
Anne
Le Ny ne prend aucune précaution avec ses personnages et nous les
livre tels qu'ils en existe dans la vie. Entre prise de conscience
et choix cornéliens aboutissant sur des conséquences qui forcément
auront des répercussions, la réalisatrice réussit là où d'autres
se sont cassés les dents : Les Invités de
mon Père
ne juge à aucun moment les faits et gestes de ses différents
personnages et évite surtout toute démagogie. Rien à voir donc
avec la légèreté d'une comédie telle que À
bras ouverts
de Philippe de Chauveron dont le fond ne sert que la forme pour un
résultat qui se révèle au final désastreux. Anne Le Ny réalise
une comédie dramatique dont le propos, même huit ans après sa
sortie, n'a pas pris une ride puisqu'éternellement d'actualité. Une
totale réussite...
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