Le
voici donc, l'objet de l'un de mes innombrables fantasmes de
cinéphile. Le genre de film que j'avais enfoui si loin dans mes
pensées que j'avais oublié son existence jusqu'à la lecture de
l'excellente interview de l'actrice Lynn Lowry dans le dernier
numéro de Vidéotposie
paru il y a peu. Au même titre que le mythique Last
House on Dead end Street
de Roger Watkins, I Drink Your Blood de
David E. Durston est auréolé d'une réputation de film culte sans
doute due à un certain nombre d'éléments. Tout d'abord, son
contexte très particulier qui le lie non seulement à quelques
pellicules fumeuses de la décennie précédent sa sortie (Blood
Feast en
1963 et
2000 Maniacs
en 1964, tout deux signés Herschell Gordon Lewis), mais aussi à
l'un des crimes les plus odieux qu'ait connu l'Amérique un an
auparavant avec le meurtre de l'actrice américaine Sharon Tate
(alors épouse du cinéaste Roman Polanski) par les adeptes d'une
secte sataniste dont le gourou n'était autre que le célèbre
Charles Manson. Tout comme dans cette sordide histoire, elle,
malheureusement bien réelle, la petite bourgade dans laquelle ont
lieu les événements décrits dans le long-métrage de David E.
Durston voit arriver parmi la population, une secte sataniste menée
par un certain Horace Bones.
Dès
l'arrivée de ce culte dont le cercle est relativement réduit
puisque n'étant constitué que d'un peu moins d'une dizaine d'individus,
Bones et ses membres font très vite parler d'eux en se rendant
responsable du viol d'une adolescente du cru. Inacceptable pour le
grand-père de celle-ci qui armé d'un fusil, est décidé à venger
l'honneur de sa petite fille. Sauf que rien ne se déroule comme
prévu. Renvoyé dans ses pénates totalement défoncé au LSD par
Bones et les siens, la vengeance, la vraie, viendra du tout jeune
frère de l'adolescente violée. Ayant découvert qu'un chien atteint
de la rage rodait dans les parages, Pete saisit l'occasion de le
tuer, de prélever sur lui une pleine seringue de sang afin d'en
garnir des gâteaux avant de les proposer aux membres de la secte dès
le lendemain matin. Une fois consommés par Bones et les siens, les
effets ne se font pas longtemps attendre et chacun à leur tour, ils
vont se montrer violents au point de commettre des meurtres et de s'en
prendre ensuite aux villageois, chose que n'avait bien entendu pas
prévu le jeune Pete...
Première
chose : Si I Drink Your Blood
a sans doute en un autre lieu, un autre temps, mérité
le prestige d'être accolé au terme d’œuvre culte, presque
cinquante ans plus tard, le film paraît bien puéril même s'il
conserve un peu de sa force évocatrice. Le contexte psychédélique
et le jeu en totale roue libre de ses différents interprètes lui
confèrent une curieuse ambiance. L'idée de départ vient à
l'origine du producteur Jerry Gross qui alors était le PDG des
studios Cinemation
Industries.
Désirant produire le film le plus sanglant de l'histoire du cinéma
(rappelons que nous sommes alors en 1970 et que les rares références
que nous avions à l'époque, étaient les films réalisés par le
papa du Gore, Herschell Gordon Lewis), l'homme fait appel au
réalisateur David Durston qui jusque là n'avait signé que des
nudies
semble-t-il.
Concernant
l'histoire à proprement parler, c'est pourtant bien ce dernier qui
l'imagine après avoir lu un article édifiant concernant l'attaque
d'un village Iranien par une meute de loups enragés qui firent des
victimes parmi la population dont certains tombèrent à leur tour
malades. Vu le faible budget alloué au futur long-métrage de David
Durston, la majorité des interprètes demeurent de parfaits
inconnus. Pourtant, Lynn Lowry, l'une des interprètes féminines, allait
quelques années plus tard traîner dans quelques décors de films
qui allaient participer à la légende de leurs auteurs respectifs.
The Crazies
de George A. Romero en 1973 ainsi que Shivers
du canadien David Cronenberg deux ans plus tard.
Chez
nous, I Drink Your Blood
vaut en partie pour son catastrophique doublage qui fait de certaines
scènes involontairement drôles, des occasions de rire à gorge
déployée. L'un des interprètes ayant eu le moins de chance en la
matière étant le pauvre Riley Mills dont l'affreux doublage ruine
toute crédibilité. Concernant les effets-gore, le film nous
gratifie de quelques séquences ma foi, plutôt réjouissantes même
si la promesse d'un sabbat de sang est bien moins graphique que celui
espéré. L’œuvre de David E. Durston repose également sur le
jeu parfois outré, voire théâtrale de certains interprètes comme
ce fut le cas de Bhaskar Roy Chowdhury qui incarne à l'écran le
personnage de Horace Bones. Bien qu'étant relativement peu sanglant
et encore moins effrayant, I Drink Your Blood
dégage pourtant parfois une drôle d'ambiance. Entre le jeu
surréaliste de certains interprètes et l'insistance de la caméra à
nous montrer ce lieu sordide où a élu domicile, non seulement la
secte, mais aussi une famille de rats. Le climat s'avère en de
courtes occasions, assez malsain. Malheureusement le faible budget et
le manque de professionnalisme des interprètes font de I
Drink Your Blood,
rien d'autre qu'une petite pellicule horrifique dispensable. A
réserver aux amateurs, donc...
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