Christophe Lambert, c'est
un peu le Patrick Sébastien du grand écran. Moqué, raillé, il a
le sinistre privilège d'avoir tourné dans des films que tout
cinéphile qui se respecte aura le droit de juger de navrants.
Absolon
fait partie de ces longs-métrage qui ont bâti le mur séparant son
ancienne et très glorieuse première partie de carrière (Greystoke,
la légende de Tarzan
de Hugh Hudson, Paroles et musique
d'Eli Chouraqui, Subway
de Luc Besson, ou encore Highlander
de Russel Mulcahy) de la seconde, désavantagée par nombre de nanars
(Mortal Kombat
de
Paul W. Anderson, Nirvana
de Gabrielle Salvatores ou Beowulf
de Graham Baker pour ne citer que parmi les films les plus probants).
Absolon,
lui, mêle policier et science-fiction sur fond de virus ayant
causé la mort de cinq milliards d'êtres humains et sur le meurtre du
scientifique qui travaillait justement sur la conception d'un vaccin
devant l'éradiquer.
L’œuvre
de l'espagnol David De Bartolome, dont Absolon
semble être le premier des deux seuls longs-métrages qu'il a tourné
depuis ses débuts en 1996 avec le court Nunca es
Nunca,
se gâte pratiquement dès son ouverture. Et même, si l'on veut être
véritablement objectif, il n'attend même pas que les premières
minutes soient passées pour que l'inquiétude du spectateur
s'installe. A grand renfort d'images d'archives empruntées ça et
là, l'avant propos revient sur le fléau qu'a connu notre planète
et notre espèce en particulier. S'en suit une séquence lors de
laquelle le héros incarné par Christophe Lambert est plongé en
plein cœur d'une reconstitution en trois dimensions de la scène de
crime dont a été victime le scientifique qui menait des recherches
sur le vaccin. A ce moment très précis, le doute n'est plus
permis :
Oui,
Absolon
est un nanar. Un bon gros Z qui par dessus tout, ose franchir la
barrière de ses propres limites en tentant d'installer une séquence
à effets-spéciaux. Sauf que dans le cas de David De Bartolome, il
faudra comprendre images de synthèses toutes pourries. Pas dignes de
ces années 2000 naissantes. Pas même de la décennie précédente
si le film avait été tourné dix ans auparavant. David De
Bartolome nous replonge avec son premier long-métrage à l'époque
du Forum International des Nouvelles Images connu à l'époque sous
le nom de Imagina.
D'ailleurs, il est fort amusant d'imaginer que Absolon
ait pu être tourné deux ans après la cessation d'activité du
forum tout en proposant des effets numériques à peine à la hauteur
de ce que proposait Imagina avant lui.
Un très douloureux (et involontaire) retour en arrière en matière
d'effets-spéciaux donc, qui empêchent toute identification
personnelle tant le visuel façon bouillie de pixel est désagréable
à l’œil.
Quant
à l'histoire, elle est elle-même gâchée par une mise en scène
navrante, chaque séquence étant plombée par des choix esthétiques
et d'interprétation catastrophiques. D'immenses incohérences
viennent étayer l'hypothèse selon laquelle David De Bartolome n'a
pas d'intérêt personnel dans l'accomplissement de sa tâche en tant
que réalisateur. Bien qu'elles demeurent en général anecdotiques
pour qui ne s'intéresse que de très loin aux enjeux artistiques
d'une œuvre, le passage lors duquel le héros John Basset incarné
par Christophe Lambert demande à voir le laboratoire de la victime
pour quelques instants plus tard, le découvrir par lui-même sans
avoir été aiguillé quant à son emplacement est une facilité
scénaristique de très mauvais goût pour qui attache cette fois-ci
beaucoup d'importance à l'écriture.
Dans
un contexte anticipatif, David De Bartolome réalise un film axant
principalement son intrigue autour de son principal personnage et des
hommes qui se sont lancés à sa poursuite et à la tête desquels
nous retrouvons l'acteur Ron Perlman (Le Nom de
la Rose),
lequel emploie notamment Walter, lui-même incarné par Lou Diamond
Philips (Young Guns).
Un Lou Diamond Philips vétu de noir, dans une attitude
« matrixienne »
pathétique. Tout au plus apprécierons-nous la présence de la belle
Kelly Moore qui dans le rôle du docteur Claire Whittaker demeure
peut-être encore la moins ridicule. Un film de science-fiction bas
de gamme...
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