En 1978, l'acteur et
cinéaste Philippe Clair revient quelques mois après avec la suite
de Comment se Faire Réformer.
Cette version 2.0 se présentant sous le titre
Les Réformés se Portent Bien se
permet le luxe d'être encore plus mauvais, plus stupîde, et plus
indigeste que son prédécesseur. On se doutait bien que la présence
de Michel Peyrelon, vu chez Claude Chabrol, José Giovanni,Yves
Boisset, Georges Lautner, ou encore Claude Lelouch n'y changerait
rien, mais tout de même. On atteint désormais le fond. Tant et si
bien qu'on pourra toujours tenter de gratter pour s'enfoncer encore
davantage dans les limbes du vide artistique, cela demeure mission
impossible.
L'une
des spécificités de cette séquelle est d'inonder son récit de
nombreuses idées originales mais tellement bas du front qu'on
n'arrive même pas à se taper sur la cuisse en riant à gorge
déployée. C'est navrant. Triste. Presque épuisant à force de
tenter d'y déceler cette part infime d'humour que le cinéaste a
injecté à son œuvre et que l'on ne parvient pas à percevoir, sans
doute trop obtus que nous sommes à exiger un minimum de tenue en
matière d'écriture.
Ici,
c'est l'anarchie. Des dizaines de blagues 'Carambar'
sans lien véritable si ce n'est ces soldats toujours désireux de se
faire la malle. Au générique, nous retrouvons une fois encore
Philippe Clair dans le rôle de l'adjudant, Richard Anconina dans
celui du juif, Vidal Benchimol en arabe, Jérôme Bensoussan en
témoin de Jéhovah, Daniel Derval en homosexuel (cette séquelle
nous apprendra qu'en réalité, il n'en est rien), Eddy Jabès dans
le rôle du belge, ou encore Gérard Lecaillon dans celui du snob.
Ceux-ci
ainsi que d'autres participant au tournage firent partie des 13
Cloches
qui dans les années soixante-dix formaient une troupe de comédiens
humoristes comparables aux Charlots
et parmi lesquels, outre Richard Anconina, on pouvait reconnaître
le futur réalisateur des Frères Pétard
et d'Un Indien dans la Ville,
Hervé Palud. Avec ses personnages venus de tous horizons (culturels,
religieux, sociaux) Les Réformés se Portent
Bien
ressemble à une blague belge de très mauvais goût, nantie de gags
éculés, parfois vulgaires, mais en tout cas, jamais amusants.
Michel Peyrelon en capitaine du navire... cela paraît à peine
concevable et pourtant...
Le
film de Philippe Clair possède au moins le mérite de proposer aux
spectateurs réticents, d'étudier des œuvres telles que la série
des Bidasses incarnés par Les
Charlots
sous un nouveau jour. S'il est possible d'établir une comparaison
entre deux œuvres, il sera alors judicieux de mettre en parallèle
l'immense fossé qui sépare Les Réformés se
Portent Bien
des Bidasses en Folie
de Claude Zidi, et celui qui fixe une frontière entre ce dernier et
la saga La
Septième Compagnie.
Voir
Les Réformés se
Portent Bien
et mourir pourrions-nous dire... mais de quoi ? De plaisir ?
D'extase ? De jubilation ? Non, non, non ! D'ennui !
S'il y a surprise, celle-ci est mauvaise. Et même si la simple
évocation du nom de son auteur donne le vertige aux Cinéphiles avec
un grand C, et même certains cinéphage (avec un petit), on ne
pouvait s'attendre à un tel désastre.
Il
faudra sans doute avoir découvert Les
Réformés se Portent Bien
lors de sa sortie sur les écrans de cinéma en 1978 pour que naisse
un certain émoi. Car un public tout neuf, peu ou pas préparé à
l'aventure Les Réformés
se Portent Bien,
risque de déchanter. Ne pas se prémunir d'un filtre anti-connerie,
c'est s'assurer une rupture d'anévrisme. Sans vaccin, rien ne pourra
vous convaincre du bien fondé de cette œuvre dégageant une odeur
aussi malodorante qu'un vieux numéro de Cocoboy,
de La
Classe,
ou du Théâtre
de Bouvard...
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