Qu'ont en commun Herk
Harvey, Charles Laughton, Leonard Katle, Saul Bass, Jim Muro, et dans
le cas présent, Bill Paxton ? Et si je vous dis, Carnival
of Souls, The Night of the Hunter, The
Honeymoon Killers, Phase IV, Street Trash
et Frailty ? Oui, bon, en fait, je triche un peu,
car contrairement aux autres, Bill Paxton n'a pas réalisé un
long-métrage, mais deux. Car oui, le point commun entre les
autres cinéastes est d'avoir signé un seul film. Cinq longs-métrages, cinq
grands classiques dans leur genre respectif. Concernant Bill Paxton,
nous éluderons la question concernant son second et dernier film
réalisé en 2005, soit douze ans après sa mort, pour nous pencher
sur Frailty,
qui chez nous est sorti sous le titre Emprise.
A ne pas confondre bien entendu avec L'Emprise
de
Sidney J. Furie qui comme son homonyme est lui aussi un très grand
film, et lui aussi tiré d'un fait divers réel. Les deux films
entretiennent d'ailleurs beaucoup plus de points communs qu'il n'y
paraît au premier abord. Celui de Sidney J. Furie prend
pour cadre le cas véridique concernant une certaine Doris Bither qui
affirmait que sa maison était hantée. Les médecins Barry Taff et
Kerry Gaynor qui menèrent leurs propres investigations se rendirent
compte que la jeune femme était la victime d'une entité invisible.
Si
le récit de Frailty ne
semble avoir que peu de rapports avec celui évoqué ci-dessus, le
cas qui nous est présenté ici par Bill Paxton est la transposition
cinématographique des méfaits perpétrés par un tueur en série
ayant réellement commis des meurtres, aidés par son fils de quinze
ans. Là encore, il s'agit d'une récit tournant autour d'une
emprise. Mais désormais, le personnage incarné par le mal ne fait
qu'exécuter des tâches ingrates ordonnées par Dieu lui-même.
C'est en tout cas ce qu'affirme Meiks, père d'Adam et Fenton, qui
après avoir eu une vision ordonne à ses deux enfants d'accomplir
avec lui une série d'actes criminels qui ont la particularité de
recouvrir l'aspect d'actes de foi.
Bill
Paxton réalise à cette occasion un film d'une noirceur extrême.
Que l'on aurait pu simplement juger de film d'horreur mais qui en
réalité est bien davantage que cela. L'acteur-réalisateur évoque
l'absence de libre-arbitre, et le développement d'une obsession
découlant d'une éducation religieuse jusqu’au-boutiste. La mère
absente, les deux enfants n'ont que leur père auquel se raccrocher.
Seule figure parentale, il est celui que les plus jeunes écoutent.
Celui qui prône les justes valeurs. Et indique la voie à suivre.
Encore faut-il que ses deux jeunes brebis acceptent de l'accompagner
dans sa démarche criminelle. Une solution finale que Bill Paxton a
l'intelligence d'organiser sous forme de combat contre le mal. C'est
ainsi donc que les enfants n'ont jamais l'occasion de tuer leurs
semblables puisque dans l'esprit de leur père et dans le leur, leurs
victimes sont des démons et non pas des humains. D'un mysticisme
parfois fort inquiétant, Frailty
plonge ses personnages dans un univers nihiliste effroyablement
sombre que la partition musicale obsédante de Brian Tyler accentue
davantage.
L'incarnation
des différents interprètes est tout à fait remarquable. Bill
Paxton bien entendu, mais également Matt O'Leary qui campe le fils
Fenton enfant, et surtout Matthew McConaughey à l'âge adulte. Le
film dérange et questionne sur les dérives de la foi. Le doute
plane au dessus des spectateurs, avides de connaître la vérité sur
les visions du père. Est-il réellement investit de ce pouvoir ou
bien n'est-il que la victime d'un déséquilibre mental ? D'une
manière générale, les crimes perpétrés dans Frailty
sont
le résultat d'une psychose qui a tendance à se généraliser depuis
quelques années. Une œuvre incroyable. Bouleversante, parfois
choquante, et en tout cas admirablement mise en scène par le
regretté Bill Paxton...
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