Philippe Clair, de son
vrai nom Prosper Bensoussan, n'est rien moins que le cinéaste qui
fit débuter Les Charlots au
cinéma avec La Grande Java
en 1970. Ce que l'on sait peut-être moins, c'est qu'un autre acteur
débuta lui aussi auprès de ce cinéaste connu pour avoir réalisé
bon nombre de nanars. Cet acteur, c'est Richard Anconina. Bensoussan
de Tchao Pantin,
Jeff Montelier de
Zone Rouge,
Moïse Levy de Lévy
et Goliath
et surtout Eddy Vuibert de la trilogie
La Vérité si je Mens,
c'est lui. Autant dire que depuis Comment
se Faire Réformer,
l'acteur a fait du chemin. Et plutôt dans la bonne direction si l'on
tient compte du fait que sa participation à deux longs-métrages
signés Philippe Clair (dont Les
Réformés se Portent Bien)
aurait pu nuire à sa future carrière. Si l'on devait classer
l’œuvre présente dans un top dix auquel elle serait comparée à
d'autres longs-métrages du même acabit, Comment
se Faire Réformer aurait
de grandes chances de faire partie des deux ou trois plus mauvais.
Car faut-il être un pur cinéphile et 'oublier'
qu'il existe de telles engeances pour ne pas reconnaître leurs
piètre qualités ? Non, même avant d'avoir été projeté dans
une salle de cinéma, un salon, à l'aide d'un rétroprojecteur, un
vidéoprojecteur, un magnétoscope, sur une toile blanche ou un écran
de télévision, le film de Philippe Clair est d'ors et déjà
précédé d'une réputation peu élogieuse.
Descendant
direct des Bidasses chers à Claude Zidi ou à ceux de Robert
Lamoureux (La
Septième Compagnie),
Comment
se Faire Réformer ressemble
pourtant davantage à l'une des nombreuses imitations qui leur ont
succédé. On pense notamment aux
Bidasse en Vadrouille réalisé
en 1979 par Christian Caza, aux
Bidasses aux Grandes Manœuvres
de Raphaël Delpard en 1981, ou encore aux longs-métrages de Michel
Gérard, Michel Vocoret et Max Pécas (respectivement, et au hasard,
Arrête ton Char... Bidasse... !,
Embraye Bidasse, ça Fume,
ou Les
Bidasse au Pensionnat).
Attention,
perte de neurone en vue ! Car l’œuvre de Philippe Clair est
assurément l'un des représentants de sa catégorie parmi les plus
navrants. Pourtant, même si le contexte (une caserne militaire)
demeure de la première à la dernière seconde le seul lieu dans
lequel se situe l'intrigue, Comment
se Faire Réformer conserve
davantage d'intérêt que le film de Christian Caza précédemment
chroniqué. En effet, même si l'humour n'y est pas plus fin,
Philippe Clair tente malgré tout de diversifier les situations. De
l'incorporation des soldats jusqu'à leur entraînement. Motifs pour
ces derniers d'en faire voir de toutes les couleurs à leur adjudant
instructeur, et par la même occasion, aux spectateurs, effarés par
tant de bêtise. On passera sur certaines lignes de dialogues qui
n'auraient sans doute pas passé les portes de la LICRA
de nos jours (lors des tests physiques et urinaires, un appelé
d’obédience musulmane (avec fort accent étranger et pourtant
incarné par un français bien blanc) se fait appelé
'Ben Couscous'...
(sic!). Pour le reste, Comment
se Faire Réformer
est un conglomérat de caricatures grotesques que l'on n'oserait plus
servir au public de nos jours. Trop risqué. Mais surtout, trop con !
Parmi nos valeureux appelés, nous citerons l'homosexuel en mode
'folle',
le témoin de Jéhovah lévitant durant son sommeil, les deux
lèches-bottes, le gros bras décérébré, le juif portant la kippa
sous le béret, le poète illuminé, ou encore le bourgeois ne voulant pas se mêler à
des individus de classe inférieure. L'armée est tournée en
dérision à travers un adjudant (incarné par Philippe Clair
lui-même) pas plus malin que les hommes dont il a la responsabilité
de leur formation.
Tout
ceci est donc hautement stupide et pourtan, j'avoue, il demeure moins
rebutant de regarder Comment
se Faire Réformer jusqu'au
bout que Les
Bidasse
en Vadrouille.
Allez savoir pourquoi. Une œuvre culte pour les fans de nanars et de
séries Z mais un film tragiquement inutile pour les
autres...Choisissez votre camp...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire