Au Secours, J'ai 30 ans !... de... de... de... ?
Marie-Anne Chazel ! Alors bien entendu, on imagine la membre de
la cultissime troupe du Splendid demeurer à sa place d'actrice. On a
du mal à l'imaginer derrière une caméra, dirigeant d'autres
interprètes, basant sa mise en scène sur un script écrit de ses
propres mains ainsi que celles de l'écrivain Benjamin
Legrand, sur la base d'un ouvrage dont le titre est Le
Club de la dernière chance
et l'auteur l'écrivainE irlandaise Marian
Keyes. Certes, le premier et seul long-métrage en tant que
réalisatrice de la compagne de l'acteur Christian Clavier ressemble
davantage à un téléfilm programmable sur le réseau de chaînes
France
Télévisions qu'à
une œuvre produite pour les salles obscures. Mais de là à le
mépriser au point d'en faire un point de comparaison avec certaines
émissions télévisées (Aden)
ou d'arguer qu'il n'est que naïveté, proche de l'amateurisme,
caricatural, et alors ? Quel est donc le problème ? Sans
doute que Marie-Anne Chazel a-t-elle voulu troquer son uniforme d'actrice
pour celui de réalisatrice. Alors oui, pour ne reprendre que les
propos du Monde
ou des Inrockuptibles, Au
Secours, J'ai 30 ans ! est
naïf, et caricatural. Sans doute amateur, je l'accorde. Mais
certaines de ces remarques ne sont-elles pas le lien commun de
beaucoup d'autres comédies ? Prenons comme exemple ce pauvre
Franck Dubosc qui jusqu'à maintenant (et à part en quelques rares
occasions) ne nous a offert que des rôles à la hauteur des
personnages qu'il incarne sur scène. Cela n'a pourtant pas gêné
certains d'encenser une œuvre telle que l’infâme Camping
lors de sa sortie alors que dans le genre comédie ringarde et
dépassée, on a rarement fait mieux.
Oui,
Au
Secours, J'ai 30 ans ! est
léger. Oui les situations décrites l'ont déjà été mille fois
auparavant. Bien entendu, Marie-Anne Chazel ne convoque pas les
spectateurs à une conférence intellectuelles sur les affres de
l'existence et sur le positionnement à adopter face aux obstacles que
chacun pourrait rencontrer. Mais merde, quoi. Qu'ils se décoincent
un peu, ces journaleux qui ont la prétention de détenir la vérité
en torchant des articles qui serviront davantage de papier hygiénique que de Bible
à celles et ceux qui comme moi ont apprécié ce tout petit film
qu'est Au
Secours, J'ai 30 ans !
Pierre Palmade
n'étant pas connu pour avoir fait une immense carrière au cinéma
(une grosse dizaine de longs-métrages, ce qui n'est tout de même
pas mal), il était donc intéressant de le découvrir dans le rôle
de Yann, ami depuis l'enfance de Khaty (l'actrice italienne Giovanna
Mezzogiorno) et Tara (Nathalie Corré). Un trio qui s'est promis de
toujours s'entraider. Et l'occasion va se présenter lorsque le jeune
homme annonce à ses deux amies qu'il est atteint d'un cancer. Mais
alors qu'aux côtés de son compagnon Alfredo, Yann va se battre
contre la maladie, le jeune homme va tout faire pour pousser Khaty et
Tara à améliorer leur existence. Car en effet, la première
s'acharne à vivre seule et refuse catégoriquement tout rapport avec
les hommes. Quant à Tara, elle vit en compagnie de Thomas avec
lequel, malgré ses affirmations, la jeune femme n'est pas vraiment
épanouie...
Si l'on doit
faire un reproche au long-métrage de Marie-Anne Chazel, c'est
d'avoir quelque peu zappé
le
personnage incarné par Pierre Palmade qui du coup, devient
secondaire alors que le portrait de cet homme s'accrochant à la vie
tout en faisant face à toutes les étapes comportementales liées à
la maladie (le combat, la résignation, l'acceptation) était des
plus intéressant. Non, Marie-Anne Chazel s'intéresse davantage au
personnage de Khaty et dans une moindre mesure, à celui de Tara. Ce
qui ne réduit pas l'intérêt puisqu'entre le charme de l'une et le
désordre affectif de l'autre, le spectateur n'a pas le temps de
s'ennuyer. La cinéaste convoque pour l'occasion Marthe Villalonga
pour un rôle qui tient plus de l'hommage puisque son personnage, en
demeure fort peu développé, n'est pas vraiment intéressant. Le
beau Arnaud Giovaninetti participe également à l'aventure dans la
peau de Romain, séducteur et collègue de Khaty. Plusieurs petits
clins d'oeil viennent émailler le récit, comme l'apparition de
Thierry Lhermitte dans son propre rôle ou Alain Doutey en prêtre.
Quant à
Franck Dubosc, Marie-Anna Chazel l'emploie dans le registre qui l'a
fait connaître : celui du beauf intégral. Situation qu'il
partage d'ailleurs avec le toujours excellent François Morel qui
dans le rôle de Thomas n'a rien à envier à son acolyte. D'un côté,
l'acteur raté. De l'autre, le professeur des collèges. Comme quoi,
la ringardise n'est pas l’apanage d'un seul et unique milieu social
et peut toucher toutes les couches. Au
Secours, J'ai 30 ans ! n'est
pas un grand film, loin de là. Pas le genre de long-métrage à
remporter le moindre prix ni à bouleverser la ménagère de plus de
quarante ans. Tout ce même, le spectateur relèvera sans doute
l'interprétation toute en justesse d'un Pierre Palmade-Yann épuisé
par la maladie mais conservant sa bonne humeur (du moins, jusqu'à un
certain point), la beauté magnétisante (toute italienne) et
l'incarnation touchante de Giovanna Mezzogiorno, ainsi que
l'incarnation « marilou-berrienne »
de
l'excellente Nathalie Corré...
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