Zéro Population
Ground est sans doute l'un des longs-métrages dont
l'intrigue a lieu dans un univers dystopique les moins connus. Du
moins a-t-il été réalisé avant les classiques que sont devenus
par la suite L'Age de Cristal (dans lequel la vie de
chacun est limitée à trente ans), Soleil Vert ( du
nom d'une plaquette alimentaire dont les origines vont se révéler
effarantes), ou plus récemment Les Fils de L'Homme
(dans lequel les êtres humains ne sont carrément plus en mesure de
se reproduire. Proche de ces œuvres qui décrivent l'absence ou
l'interdiction totale du moindre sentiment humain, le film de Michael
Campus est loin d'être aussi divertissant que ses congénères. Dans
un climat dont l'austérité n'a nul égal, il promène ses
personnages dans un décor futuriste dont le minimalisme
architectural est renforcé encore davantage par la pollution. Un
épais brouillard empêchant d'y voir à plus de quelques mètres,
forçant ainsi les habitants d'une métropole à se déplacés
affublés d'un masque de protection.
Nous sommes dans un futur
proche, au début du vingt et unième siècle (le film date de 1972).
Après que l'homme ait surpeuplé la planète, il est décidé
que durant les vingt-deux prochaines années sera interdite toute
naissance. Pour pallier à ce manque, une entreprise propose à des
couples d'adopter de faux enfants mécaniques. Des robots doués de
la parole. Mais pour Carol McNeil, cette situation étant
intolérable, elle décide sans l'accord de son mari Russ de mettre
au monde leur enfant alors qu'un protocole visant à systématiquement
avorter est mis en place dans chaque foyer. L'époux accepte
finalement cette situation mais très vite, leurs plus proches
voisins et amis Edna et George Borden apprennent la présence du
bébé. Alors que la délation est généralement de mise dans ce
genre de cas, les Borden préfèrent ne rien révéler et proposent à
leurs amis de partager l'enfant
avec eux. Craignant que leurs amis ne finissent par décider de
prévenir les autorités, Carol et Russ acceptent de confier leur
enfant un jour sur deux aux Borden. Mais ces derniers vont peu à peu
s'accaparer de plus en plus l'objet de leur convoitise. Jusqu'à ce
que les McNeil décident finalement de leur refuser cette
alternative...
Glaçante
est l'ambiance de ce long-métrage très particulier. Une œuvre qui
semble au premier abord cacher ses faiblesses financières derrière
un épais brouillard. De quoi faire l'impasse sur des décors qui se
seraient montrés fort gourmands en matière de financement. Si cet
aspect peut paraître assez gênant au départ, l'intrigue est
suffisamment prenante pour que l'on passe outre ce défaut. Zéro
Population Ground développe
donc l'hypothèse d'un futur pessimiste. La vie d'avant y est décrite
à travers des tableaux vivant auxquels participent nos quatre
personnages. En permanence, un haut-parleur diffuse les règles
imposées par le gouvernement tandis qu'une autre revient sur les
faits qui ont failli mener l'espèce humaine à sa perte. L'instinct
maternel est au cœur de cette intrigue dont le moindre écart est
condamné et dont le pire d'entre eux se révèle être la naissance
d'un enfant (considéré ici comme crime contre l'humanité). La
sentence est la même pour tous : la mort par suffocation. Les
couples bravant l'interdiction se voient enfermés en compagnie de
leur enfant sous une cloche transparente, forcés à méditer durant
des heures sur leur acte avant de mourir étouffés.
Oliver
Reed et Geraldine Chaplin forment à l'écran un couple uni, refusant
de se conformer à cette terrible loi leur refusant le droit d'avoir
un enfant, fruit de leurs entrailles. Don Gordon et Diane Cilento
incarnent quant à eux les Borden. Un couple déjà beaucoup plus
inquiétant formant cette épée de Damoclès qui menace à tout
instant de tomber sur la tête des McNeil. Inspiré par le roman
écrit à quatre mains par l'écrivain Paul R. Ehrlich et son épouse
Anne en 1968 The
Population Bomb,
lequel décrit la surpopulation de l'espèce humaine, Zéro
Population Ground est
vraiment une excellente surprise malgré son avarice en matière de
décors. Les personnages semblent en effet se promener dans des
décors de carton-pâte dignes des pires plagiats italiens des années
soixante-dix et quatre-vingt. C'est bien grâce à l'interprétation
des quatre principaux acteurs et à la mise en scène du cinéaste
que le film fait mouche. Tout est question d'adaptation car après
quelques minutes éprouvantes, on finit par adhérer à ce récit à
l'ambiance toute particulière, ancêtre des dystopies devenues
depuis quelques années à la mode au cinéma. A voir...
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