Una Vela para el Diablo est un long-métrage espagnol
réalisé par le réalisateur Eugenio Martin qui au court de sa
carrière de cinéaste a tourné environs trente films. Autant
d’œuvres qui lui ont permi de toucher à tous les genres (ou
presque) puisqu'on y trouve des western spaghetti dont il se fit une
spécialité, mais aussi de l'action, de l'aventure, de l'horreur
(mettant ainsi en scène les célèbres britanniques Christopher Lee
et Peter Cushing ainsi que l'américain d'origine grecque Tellys
Savalas dans Terreur dans le Shanghaï
Express),
et même du musical avec notamment
La Vida Sigue Igual.
Una Vela para el Diablo,
lui, s'inscrit directement dans la mouvance franquiste que connaît
alors l'Espagne (nous sommes en 1973 et le régime politique espagnol
instauré par le général Francisco Franco ne prendre fin que quatre
ans plus tard). L'autoritarisme et l'idéologie conservatrice et
nationale-catholique transparaît à travers les personnages
interprétés par les actrices espagnoles Aurora Bautista et
Esperanza Roy. Deux silhouettes étonnamment semblables pour un
binôme meurtrier pour lequel les préceptes du franquisme, ou en
tout cas, certaines valeurs morales ne peuvent souffrir d'aucun
exception.
La
rigueur de ces deux sœurs célibataires mais vivant ensemble depuis
toujours, propriétaires d'une auberge et proches de Dieu font
d'elles deux bigotes conservant pourtant l'une pour l'autre certains
secrets. La première Marta, la plus âgée mais également celle
ayant une véritable ascendance sur sa sœur est la plus virulente
envers les femmes de petite vertu. Impossible d'être approuvée par
cette vieille mégère si l'on porte jupe courte, décolleté
plongeant, si l'on est mère d'un petit enfant mais qu'on ignore qui
est son père ou que l'on laisse les rayons du soleil lécher sa peau
au vu et au su de tous. Pourtant, Marta est la première à rompre
avec ses propres principes lorsqu'elle guette de jeunes garçons
s’ébattre entièrement nus dans un lac. Veronica ne vaut pas
mieux : elle, cache carrément un amant, auquel elle donne de
l'argent volé à sa sœur. Un rien perfectibles donc, que sont les
deux sœurs. Les tentations de tuer sont nombreuses. Surtout après
que leur première victime meurt par accident alors qu'elles
tentaient de la chasser de leur auberge. Marta, surtout, prend goût
à la chose. Des meurtres violents, au couteau. Des cadavres coupés
en morceaux, remisés dans la cave. Dans une immense jarre remplie de
vin, et de restes humains donc. Una
Vela para el Diablo
donne lieu à quelques scènes plutôt glauques. D'autant plus que la
cuisine des deux sœurs n'est pas des plus chatoyante et se prête
bien à ce genre d'exercice particulièrement sanglant.
Les
macabres affaires du duo aurait pu durer éternellement si un grain
de sable n'était venu s'insinuer dans l'engrenage. Ce grain de
sable, c'est Laura Barkley, jeune et jolie touriste anglaise venue
retrouver sa sœur. Qui n'est autre que la première victime des deux
sœurs. Ces dernières affirment à l'arrivée de Laura que sa sœur
a justement quitté l'établissement le matin-même. Laura trouve la
chose étrange, mais loue quand même une chambre. On ne sait jamais,
peut-être sa sœur réapparaîtra-t-elle ? Tout se complique
lorsque les disparitions se multiplient. Désormais, Laura n'a plus
aucun doute : il se passe de bien curieuses choses à l'auberge
Les
Deux Sœurs...
Laura est incarnée par l'actrice britannique Judy Geeson dont la
carrière semble avoir récemment quelque peu redémarrer grâce au
cinéaste Rob Zombie qui lui a offert coup sur coup et respectivement
en 2012 et 2016, deux rôles dans The
Lords of Salem
et 31.
les plus anciens amateurs de séries B reconnaîtront sans doute
celle qui fut Sandy dans Inseminoïd
que réalisa Norman J. Warren en 1981.
Meurtres
sanglants, voyeurisme, ambiance trouble, le cinéaste Eugenio Martin
a le chic pour nous concocter une œuvre parfois insalubre dans son
propos. La soi-disant respectabilité de deux sœurs appréciées de
tous mais au fond d'elles, terriblement perverses puisque prenant
goût au sang versé, s'en trouve alors malmenée On appréciera
notamment la rumeur touchant l'une des victimes quant au moment de
rendre son dernier souffle devant le feu crépitant de la cheminée,
ses bourrelles découvrent que la jeune femme était innocente des
accusations proférées contre elle. Petite anecdote qui a tout de
même son importance : le film ayant été prévu pour être
entièrement traduit en anglais, l'actrice Judy Geeson dû apprendre
l'espagnol face au refus de l'actrice Esperanza Roy de lire son texte
en anglais (l'apprentissage de l'espagnol permettant ainsi à la
britannique de savoir très exactement à quel moment son personnage
devait répondre à celui qu'interprétait l'espagnole)... Una
Vela para el Diablo est
une excellente surprise témoignant de l'humeur régnant à l'époque
en Espagne...
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