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lundi 18 décembre 2017

Hounds of Love de Ben Young (2017) - ★★★★★★★★☆☆



Sa mère lui avait pourtant interdit de sortir ce soir là et pourtant, Vicki Maloney lui a désobéit. L'adolescente n'arrivera pourtant pas jusqu'à la fête où elle était conviée car en chemin, elle a croisé la route d'Evelyn et de son compagnon John... Hounds of Love est un film qui marque durablement les esprits. Pas un film d'horreur. Ni d'épouvante. Et pourtant, l’œuvre du cinéaste australien Ben Young s’inscrit bien dans le genre. Plus psychologique que réellement démonstratif, ce film dont la dureté rappelle le cinéma de Greg McLean, un autre australien, offre une vision "mentale" du torture-porn, qui emporte tout sur son passage, tel un raz de marée émotionnellement éprouvant. A travers un sens de la mise en scène remarquable et aiguisé, Ben Young nous décrit le quotidien sordide d'un couple de psychopathes ayant pour habitude d'enlever de jeunes femmes afin d'assouvir leurs penchants sexuels déviants. Le génie du cinéaste australien demeure dans ces menus détails qui viennent étayer l'hypothèse que l'on a affaire à un couple pas vraiment dans la norme. Tout d'abord avec ces noms de gamines affichés sur les murs d'un commissariat et dont on n'a pas de nouvelles depuis des mois. Puis ces quelques clichés qui décrivent aussi succinctement qu'avec concision le dernier méfait en date du couple. Puis vient cette tragédie dont est victime la jeune Vicky et que l'on sentait venir à des kilomètres. Ce piège qui se referme doucement, mais assurément autour d'elle, comme un collet se resserrant lentement autour du cou de sa proie. Ben Young continue à trimballer sa caméra et pointe des éléments d'évidence. Comme ces cassettes vidéos qui jonchent le salon d'Evelyn et de John et qui donnent à Vicky une idée assez précise de ce qui l'attend.

Autre aspect du long-métrage fort intéressant et habilement mené, l'analyse approfondie des personnages et notamment celle de deux psychopathes puisque celle de la victime est assez peu exploitée, évitant ainsi l'inconvénient du portrait habituellement caricatural offert à ce genre d'individu. On notera une grande différence de caractère entre les personnages d'Evelyn (Emma Booth) et de John (Stephen Curry). La première demeure en effet totalement sous l'emprise du deuxième. Amoureuse à l'excès, Evelyn apparaît donc comme un être fragile soumis aux perversions d'un homme dont elle accepte les morbides extravagances par amour. Dans la peau d'Evelyn, Emma Booth incarne une femme dont les repères affectifs sont erronés du fait de sa relation avec John dont les prémices remontent alors qu'elle n'avait que treize ans. C'est donc dans des conditions particulières que la gamine a grandit, encore faut-il supposer qu'à l'époque John versait déjà dans le genre de pratiques que nous détaille le cinéaste. Alors que Stephen Curry campe un sociopathe presque ordinaire, perclus de tocs (il aligne ses chaussures, exigeant sans doute de la part d'Evelyn qu'elle fasse de même lorsqu'elle prépare le petit déjeuner, est obsédé par la propreté, etc...), sa compagne, remarquablement interprétée demeure presque plus effrayante encore. Car contrairement à John dont les objectifs sont clairs et dont le comportement ne fait aucun doute sur ses intentions, Evelyn se comporte souvent de manière imprévue. Aussi touchante qu'effrayante, on ne sait jamais à quel moment elle va exploser. Mixant les phases de pseudo normalité avec les périodes de crises (de jalousie). Si graphiquement Hounds of Love ne verse jamais dans le gore, c'est psychologiquement que le film atteint son objectif.

Pour pallier à la quasi absence de dialogue de la victime interprétée par la jeune Ashleigh Cummings, Ben Young nous pourfend le cœur en la montrant se dégrader physiquement peu à peu. Intelligente, la jeune femme comprend assez vite que si elle veut espérer s'en sortir, il va lui falloir jouer sur la corde sensible avec Evelyn. Ben Young tente plutôt judicieusement de nous donner des raisons valables de comprendre (sans pourtant accepter) le comportement d'Evelyn tandis qu'il fait l'impasse sur les motivations à l'origine du comportement de John qui apparaît alors mu par le seul désir de perversion. En forme de huis-clos puissamment orchestré par le cinéaste australien, Hounds of Love décortique avec précision l'âme humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus sordide. La caractérisation des personnages est un modèle du genre et pour son premier long-métrage, Ben Young a presque réussi le film parfait. En tout cas, un cinéaste à suivre...

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