Sa mère lui avait
pourtant interdit de sortir ce soir là et pourtant, Vicki Maloney
lui a désobéit. L'adolescente n'arrivera pourtant pas jusqu'à la
fête où elle était conviée car en chemin, elle a croisé la route
d'Evelyn et de son compagnon John... Hounds of Love est
un film qui marque durablement les esprits. Pas un film d'horreur. Ni
d'épouvante. Et pourtant, l’œuvre du cinéaste australien Ben
Young s’inscrit bien dans le genre. Plus psychologique que
réellement démonstratif, ce film dont la dureté rappelle le cinéma
de Greg McLean, un autre australien, offre une vision "mentale" du
torture-porn, qui emporte tout sur son passage, tel un raz de
marée émotionnellement éprouvant. A travers un sens de la mise en
scène remarquable et aiguisé, Ben Young nous décrit le quotidien
sordide d'un couple de psychopathes ayant pour habitude d'enlever de
jeunes femmes afin d'assouvir leurs penchants sexuels déviants. Le
génie du cinéaste australien demeure dans ces menus détails qui
viennent étayer l'hypothèse que l'on a affaire à un couple pas
vraiment dans la norme. Tout d'abord avec ces noms de gamines
affichés sur les murs d'un commissariat et dont on n'a pas de
nouvelles depuis des mois. Puis ces quelques clichés qui décrivent
aussi succinctement qu'avec concision le dernier méfait en date du
couple. Puis vient cette tragédie dont est victime la jeune Vicky et
que l'on sentait venir à des kilomètres. Ce piège qui se referme
doucement, mais assurément autour d'elle, comme un collet se
resserrant lentement autour du cou de sa proie. Ben Young continue à
trimballer sa caméra et pointe des éléments d'évidence. Comme ces
cassettes vidéos qui jonchent le salon d'Evelyn et de John et qui
donnent à Vicky une idée assez précise de ce qui l'attend.
Autre aspect du
long-métrage fort intéressant et habilement mené, l'analyse
approfondie des personnages et notamment celle de deux psychopathes
puisque celle de la victime est assez peu exploitée, évitant ainsi
l'inconvénient du portrait habituellement caricatural offert à ce
genre d'individu. On notera une grande différence de caractère
entre les personnages d'Evelyn (Emma Booth) et de John (Stephen
Curry). La première demeure en effet totalement sous l'emprise du
deuxième. Amoureuse à l'excès, Evelyn apparaît donc comme un être
fragile soumis aux perversions d'un homme dont elle accepte les
morbides extravagances par amour. Dans la peau d'Evelyn, Emma Booth
incarne une femme dont les repères affectifs sont erronés du fait
de sa relation avec John dont les prémices remontent alors qu'elle
n'avait que treize ans. C'est donc dans des conditions particulières
que la gamine a grandit, encore faut-il supposer qu'à l'époque John
versait déjà dans le genre de pratiques que nous détaille le
cinéaste. Alors que Stephen Curry campe un sociopathe presque
ordinaire, perclus de tocs (il aligne ses chaussures, exigeant sans
doute de la part d'Evelyn qu'elle fasse de même lorsqu'elle prépare
le petit déjeuner, est obsédé par la propreté, etc...), sa
compagne, remarquablement interprétée demeure presque plus
effrayante encore. Car contrairement à John dont les objectifs sont
clairs et dont le comportement ne fait aucun doute sur ses
intentions, Evelyn se comporte souvent de manière imprévue. Aussi
touchante qu'effrayante, on ne sait jamais à quel moment elle va
exploser. Mixant les phases de pseudo normalité avec les périodes
de crises (de jalousie). Si graphiquement Hounds of Love ne
verse jamais dans le gore, c'est psychologiquement que le film
atteint son objectif.
Pour
pallier à la quasi absence de dialogue de la victime interprétée
par la jeune Ashleigh Cummings, Ben Young nous pourfend le cœur en
la montrant se dégrader physiquement peu à peu. Intelligente, la
jeune femme comprend assez vite que si elle veut espérer s'en
sortir, il va lui falloir jouer sur la corde sensible avec Evelyn.
Ben Young tente plutôt judicieusement de nous donner des raisons
valables de comprendre
(sans pourtant accepter) le comportement d'Evelyn tandis qu'il fait
l'impasse sur les motivations à l'origine du comportement de John
qui apparaît alors mu par le seul désir de perversion. En forme de
huis-clos puissamment orchestré par le cinéaste australien, Hounds
of Love décortique
avec précision l'âme humaine dans ce qu'elle peut avoir de plus
sordide. La caractérisation des personnages est un modèle du genre
et pour son premier long-métrage, Ben Young a presque réussi le
film parfait. En tout cas, un cinéaste à suivre...
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