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samedi 21 octobre 2017

Dong de Tsai Ming-Liang (1998) - ★★★★★★☆☆☆☆



Dong est mon premier long-métrage du cinéaste malaisien Tsai Ming-Liang. Mon premier film en provenance de Malaisie également d'ailleurs. Un objet filmique non identifié. Une expérience aussi incongrue qu'intrigante. Pas ou peu de scénario. Juste un point de départ intéressant qui ne survivra pas vraiment à l'option narrative que choisira le cinéaste qui à cette occasion, préférera se concentrer sur les deux seuls personnages de Dong. Bienvenue à l'aube de l'an 2000. Quelque part à Taiwan. Dans un immeuble dont nous ne verrons jamais la silhouette mais que l'on devine imposant au vu de la rangée de boites aux lettres qui trônent au rez de chaussée. Il n'y a pas âme qui vive. Ou presque. Un homme et une femme règnent désormais sur cet univers perpétuellement corrodé par une pluie drue et incessante. Une caractéristique chez Tsai Ming-Liang qui semble aimer reproduire ce type de climat dans la plupart de ses films.

Les coutumes y sont étranges. Les poubelles se jettent par la fenêtre. Uniquement. D'énormes sacs de plastique accompagnent ainsi le rideau de pluie. De ce temps exécrable naissent les infiltrations d'eau. Deux personnages pour autant d'appartements dont la situation géographique dans l'immeuble reste floue. Tout ce que l'on sait d'eux, c'est que Lui habite au dessus d'Elle. Seuls locataires à avoir résisté à l'envie d'échapper au mystérieux virus qui s'est attaqué aux habitants de la ville, ils ne se fréquentent pas. Ne se côtoient pas. Ne se croisent même pas dans l'escalier. Elle, collectionne les rouleaux de papier-toilette. Lui, fume cigarette sur cigarette et nourrit quotidiennement le seul chat errant de l'immeuble. L'homme travaille dans une épicerie. Sans clients. La seule activité qu'ils partagent finalement sans se tenir compagnie, c'est manger. Et ce, toujours dans un luxe de détails auditifs que même le bruit infernal et incessant de la pluie battante ne parvient pas à étouffer. A force de créer des courants dans les fissures des plafonds, des murs et des planchers, l'eau a créé un trou dans l'unique structure de béton séparant les deux appartements. Pour Elle, le plafond. Pour Lui, le plancher. Un judas d'abord pas plus grand qu'un dé à coudre mais qui va très naturellement grandir avant que Lui ne l'aide à prendre de l'importance.

En bas, l'appartement se dégrade assez rapidement. Les murs se dénudent de leur tapisserie. L'eau forme des flaques stagnantes, et la jeune femme commence à ressentir d'inquiétants symptômes. L'homme devient de plus en plus curieux. Scrute la voisine d'en dessous. Élargit le trou. Le chat a disparu. Son bienfaiteur, alors, mange sa pâtée. Et la vie, ainsi, entre ces deux étrangers, se mue en une forme d'attirance très curieuse. Lui tente d'observer la jeune femme tandis que celle-ci mime des conversations téléphoniques avec celui du dessus tout en parlant dans le vide.

Dong est une œuvre très étrange. Peu de dialogues. Pas davantage d'action. Durant presque une heure trente, le long-métrage de Tsai Ming-Liang passe de l'incongruité de ses deux personnages à des pauses musicales plutôt amusantes. De la calypso, du swing, et même un peu de rock'n'roll pour faire passer la pilule. Une comédie musicale survivaliste comme on n'a pas l'habitude d'en voir. D'autres intervenants apparaissent. Faut-il pour autant les comparer à des interprètes ou simplement des artistes jetés au beau milieu d'un récit léthargique et parfois même, envoûtant ? Le cinéaste taïwanais impose un univers très particulier. La dissolution d'un cadre miné par un rideau de pluie assourdissant. Des acteurs qui miment presque davantage qu'ils ne parlent réellement. Un film sans but réel. A moins qu'il ne s'agisse d'une histoire d'amour muette sur fond d'apocalypse ? L'aspect quelque peu poétique de la dernière séquence tendrait-elle à envisager cette hypothèse ? Toujours est-il que Dong demeure unique en son genre. Certainement pas un chef-d’œuvre, non, mais assez spécifique pour qu'on lui accorde tout de même un certain intérêt...

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