Considéré comme une
œuvre mêlant les genres policier, horreur et épouvante, Fade
to Black de Vernon Zimmerman dont il s'agissait ici du
troisième et dernier long-métrage est en réalité, bien plus que
cela. Un drame. Sur la solitude. Sur une passion destructrice. Sur
celle aussi, d'un homme, jeune, sur qui le mensonge, la perte de ses
parents et celle de certains repères ont eu un effet désastreux. Un
film qui ne parlera sans doute pas beaucoup aux dernières
générations de cinéphiles, et qui sera peut-être considéré par
certains des plus anciens, comme un bon petit film d'horreur... sans
plus. Pourtant, je tiens encore à l'affirmer, Fade to Black
est
bien plus que cela. Une œuvre culte qui sous ses allures de petite
production horrifique cache un véritable hommage au septième art.
En général, et au cinéma fantastique et d'épouvante en
particulier. S'identifiant à certains personnages dont il ne cesse
de voir et revoir les aventures dans sa chambre encombrée d''objets,
de pellicules et de photos nous rappelant sans cesse
qu'Eric Binford est fan de cinéma, celui-ci se grime, s'exprime
comme ses idoles, et parcourt, les rues et les salles obscures,
s'exprimant dans un langage cinématographique qui effraie, intrigue,
et parfois provoque le rire de ceux qui ne comprennent pas ce
personnage hors du commun travaillant dans l'entrepôt d'un
distributeur de films à Los Angeles.
Sa rencontre avec Marilyn
O'Connor, troublant sosie de la blonde Marilyn Monroe va tout
remettre en cause. Ou bien est-ce la mort de Stella, la tente
d'Eric ? Une fois libéré des contraintes imposées par cette
dernière (qu'Eric jettera dans les escaliers de leur demeure à la
manière d'un personnage de cinéma). Une fois orphelin, et plus que
jamais seul, Eric s'enfonce, de plus en plus, dans une certaine forme
de folie. Inédite. Ou presque puisque se rapprochant sensiblement
des obsessions vécues par Vinny Durand, le héros de The Last
Horror Film (Les Frénétiques) de David
Winters, et avec Joe Spinell et Caroline Munroe.
Dennis Christopher hante
de son visage si particulier cette bande dans laquelle fraie une
certaine morosité. Attachant malgré certains de ses actes, son
personnage développe un comportement inquiétant. Avec finesse, sans
brusqueries. Un sociopathe en puissance que le réalisateur préfère
voir comme la projection dans le monde réel d'un fantasme sur
pellicule s'étant extrait de sa gangue de nitrocellulose.
Aussi explosif que la matière recouvrant les bobines qu'il
collectionne, Eric fait parfois froid dans le dos. David Winters
fait preuve de ludisme en optant pour une mise en scène intéressante
mêlant des images d'archives cinématographiques aux scènes qu'il
tourne lui-même à proprement parler.
D'où
ce mélange entre fiction et réalité figurant le trouble psychique
(psychiatrique) du héros qui peu à peu, devient incapable de
différencier le vrai du faux. La
Nuit des Morts-Vivants, Psychose,
Dracula...
films d'épouvante, d'horreur, fantastiques, policiers, thrillers
servent de matière première. De plusieurs longs-métrages sont
tirés quelques passages servant à un Eric mimant à la perfection
les personnages qu'il chérie... L'une des particularité de Fade
to Black
demeure dans son apparente innocence. Son auteur n'en fait jamais
trop Tout comme Dennis Christopher, incroyable, et que l'on a pu
revoir plus tard dans Les
Chariots de Feu,
« Il » est
Revenu,
ou dernièrement dans Django
Unchained.
Fade
to Black est
sans nul doute l'un des portraits de serial killers au cinéma les
plus intéressants. Il est alors objectif de vouloir le ranger aux
côtés des illustres Frank Zito de Maniac,
le tueur sans nom de Schizophrenia,
ou celui, encore plus perturbé de Deranged,
Edward Gein. Quelques rares exemples parmi tant d'autres qui ont
laissé une trace indélébile dans l'esprit de ceux qui ont eu la
chance de les découvrir dans les salles obscures ou confortablement
installé dans le fauteuil de leur salon. Combien pourtant citeront
Fade to Black
faisant partie des classiques du genre le jour où ils seront
questionnés sur ce sujet. Bien trop peu, j'en ai peur. Une œuvre à
redécouvrir d'urgence donc. A noter la présence du tout jeune Mickey Rourke qui interprétait là, l'un de ses premiers rôles au cinéma...
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