Le blog Warning Zone nous
offre cette semaine une perle. Et même deux. Kitsch, nanardesques,
Z, et surtout... turcs ! Deux plagiats. Deux œuvres totalement
passées sous silence dans notre pays. J'ai décidé de consacrer un
article au second (le premier, Vahset Kasirgasi ou,
Turkish Candle for the Devil aura peut-être mes faveurs dans
les jours ou semaines à venir), Biri Beni Gözlüyor ou,
Turkish Shining,
dont le titre ne laisse aucune équivoque quant à son appartenance
avec le Shining de Stanley Kubrick. Celui-là même que l'auteur du
roman original, Stephen King, n'aima pas vraiment et auquel il donna
un proposition qui, d'un avis personnel, aurait mieux fait de rester
ranger bien au fond d'un placard. Après vous avoir proposé il y a
quelques mois deux articles consacrés à deux perles turcs du même
tonneau (Seytan ou,
Turkish Exorcist
et Turist Ömer Uzay Yolunda ou,
Turkish Star Trek),
je vous propose de vous replonger à nouveau dans un type de plagiat
bien particulier puisque provenant de Turquie. Tourné en 1988 par le
cinéaste Omer Ugur, Turkish Shining plagie,
pille, VIOLE le classique de Kubrick tout en ne conservant de
l'hallucinant cauchemar couché sur pellicule par l'américain que
quelques bribes de scénario. Suffisantes cependant pour qu'aucun
doute ne soit émis sur la paternité de la chose.
Après
avoir tenté d'approfondir mes recherches sur le net (recherches
qui sont demeurées infructueuses), j'ai pu constater à quel point
les informations sur Turkish Shining
étaient pauvres. Pour ne pas dire inexistantes. Qu'il s'agisse des
pages françaises, américaines et même turcs, aucune info ne semble
avoir transpiré depuis la sortie de ce très curieux (et
terriblement chiant) objet filmique non identifié... ou presque
puisqu'une fois encore, et ce, grâce à Warning Zone, j'ai pu ainsi
apprendre le nom de son auteur, et ceux de ses rarissimes
interprètes. Yarik Tarfcan, Selin Dilmen, Erhan Keceli, ainsi que
Ali Ates. Très certainement nanti d'un budget riquiqui, l’œuvre
d'Omer Ugur professe à chaque plan sa vision du minimalisme. Tant
dans les décors, dans le jeu des acteurs que dans la mise en scène.
Terminées
les vues panoramiques du Glacier National Park du Montana. Exit le
luxueux hôtel Overlook. Finis les longs couloirs et l'inquiétant
labyrinthe dans lequel se réfugiait l'enfant. Adieu la lente et
angoissante montée dans la folie du héros principal. Ici, nous
sommes face à une œuvre qui déconstruit systématiquement celle
dont il est davantage encore qu'une pâle copie. Transparente,
inexistante. A tel point que rien ni personne (ou presque) ne vient
référencer cette chose d'un ennui abyssal. L'interprétation est
catastrophique et plusieurs des thèmes essentiels ont tout
simplement été bannis du récit. L'Overlook est ici remplacé par
un taudis abandonné qui de l'extérieur rappelle ces grands
ensembles à loyer modéré dans lesquels ont échoué, chez nous, de
très nombreuses familles françaises et immigrées. L'immense Jack
Nicholson se voit remplacé par un interprète qui n'a, ni son
talent, ni son charisme. Les pouvoirs du personnages de Danny, qui
demeurent au cœur du long-métrage de Kubrick et du roman de King
ont été purement et simplement ignoré. A croire que Omer Ugur
considérait le public turc incapable de gérer et d'assimiler tout à
la fois le caractère monstrueux de cet hôtel qui rend fou ceux qui
y restent trop longtemps ainsi que les pouvoir psychiques d'un gamin
pas plus haut que trois pommes. A moins qu'il ne s'agisse simplement
de ce foutu budget qui mine l'impact final de Turkish
Shining. Ça
n'est pas drôle, et pourtant, si vous avec l'opportunité de
découvrir ce long-métrage, vous risquez de rire dans de rares
occasions. Surtout si vous vous amusez, tout comme je l'ai fait, à
comparer les deux œuvres. La seule petite chose, insignifiante,
anecdotique que l'on retiendra de positif, c'est l'emploi (le vol,
une fois encore), de la superbe partition musicale créée par
Bernard Hermann pour le mythique Psychose
d'Alfred Hitchcock. Turkish Shining
prouve que de s'inspirer d'un classique de l'épouvante ne suffit
pas. Encore faut-il avoir les moyens et le talent de se lancer dans
un tel projet...
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