Il y a peu, j'en était
encore à me demander quand arriverait le jour où un film mettant en
vedette l'acteur Jake Gyllenhaal me décevrait. Un bien, ce jour tant
redouté, semble être arrivé. Le responsable de cette impardonnable
erreur de parcours, c'est le cinéaste suédois Daniel Espinosa qui,
comme son nom ne l'indique pas, est originaire de Stockholm. J'aurais
aimé lui dire de rester chez lui le jour où il eut l'idée de
réaliser ce qui ne demeure finalement qu'une pâle resucée du
classique de Ridley Scott, Alien, le Huitième Passager.
Car Life : Origine Inconnue a beau se dérouler
sur une station internationale située en orbite autour de notre
bonne vieille Terre, le film de Daniel Espinosa délivre presque
point par point, la même histoire que le classique étouffant et
éminemment plus angoissant réalisé par l'américain presque
quarante ans plus tôt. Presque un anniversaire pour LE film
consacrant le mélange des genres science-fiction et épouvante. Mais
plutôt que de nous offrir une ressortie en grandes pompes du
chef-d’œuvre de Ridley Scott, certains producteurs opportunistes (
David Ellison, Dana Goldberg, Bonnie Curtis et Julie Lynn) semblent
lui préférer une novélisation finalement peu convaincante et
manquant cruellement d'originalité.
Le récit de
Life : Origine Inconnue
évoque la mission de six membres de l'équipage de la station
spatiale internationale réceptionnant une sonde revenant de Mars et
contenant un certain nombre d'échantillons dont plusieurs semblent
être d'origine organique. Pour l'équipage constitué du Dr David
Jordan, de Miranda North, de Rory Adams, du japonais Sho Kendo, de
Hugh Derry et de la russe Katerina Golovkin, l'aventure qui se
présente devant eux marquera sans doute une date très importante
pour l'humanité puisqu'ils vont découvrir que l'un des échantillons
n'est autre que la preuve de l'existence d'une vie extraterrestre sur
Mars. En état de stase, la cellule reprend soudainement vie lorsque
Hugh décide de modifier la composition de l'air dans la pièce où
sont conservés les échantillons. L'équipage tout entier est
fasciné, et bientôt, ce qui ne ressemblait jusque là qu'à un
embryon se développe à grande vitesse pour devenir une créature
multicellulaire d'une force et d'une forme incroyables. Plus
émerveillé encore que les autres, Hugh en oublierait même les
règles de sécurités régies par la station internationale. Ce que
n'oublient d'ailleurs pas de lui rappeler ses compagnons.
Mais au bout de quelques jours, et alors que sur Terre, le nom de
Calvin a été proposé afin d'identifier la créature, celle-ci
semble être dotée d'une intelligence propre et d'une force
insoupçonnable. Lors d'une énième expérience, Hugh va d'ailleurs
en faire les frais lorsqu'au contact de Calvin, il va perdre sa main
droite. C'est le début du cauchemar pour les membres de la station
car dès lors, Calvin va s'échapper du laboratoire où il était
enfermé et tenter d'éliminer un à un chacun d'entre eux, avec un
seul objectif : parvenir jusqu'à entrer dans l'atmosphère
terrestre...
Bien qu'il tente d'en mettre plein la vue, Life : Origine
Inconnue n'innove à aucun moment. Qu'il s'agisse pour Daniel
Espinosa d’œuvrer dans l'épouvante ou d'éprouver les habitudes
du spectateur en terme de visuel en lui proposant des scènes de
destructions spatiales massives, son long-métrage n'est qu'une
succession de redites. Pour l'horreur et le sentiment d'angoisse, je
renverrai une fois encore les spectateurs en direction du classique
cité plus haut, quant aux effets-spéciaux montrant les dégâts
infligés à la station internationale, on avait déjà vu aussi
saisissant visuellement avec le pourtant très navrant Gravity
de Alfonso Cuaron quatre ans auparavant. D'ailleurs, à part le twist
final assez inattendu, l'approche terrestre de la navette ressemble
presque à un copier-coller de l'original.
Ensuite, je comprends que tous les interprètes aient droit à leur
part de gâteau, mais découvrir un Jake Gyllenhaal souriant avec
béatitude sans décrocher un mot durant au moins une bonne
demi-heure est assez exaspérant. Sous-employé lors du premier tiers
du film, Daniel Espinosa aura sans doute à cœur d'évoquer le fait
que l'acteur aura à lui seul le champ libre pour profiter de
l'espace libéré par la mort de ses compagnons pour s'imposer enfin
comme véritable star du film. Au final, Life : Origine
Inconnue n'est rien de moins, rien de plus qu'une honnête
petite série B nantie d'un confortable budget de plus de cinquante
millions de dollars. Pas de quoi fouetter un chat mais relativement
agréable à regarder, surtout si l'on parvient faire abstraction de
l’œuvre (toujours la même, citée plus haut) dont il n'est qu'un
pâle remake...
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