Pour cette nouvelle
aventure de Zatoichi, maître dans l'art du sabre, notre héros est
confronté à Waheiji et ses hommes dont l'intention est une fois de
plus de tuer le masseur aveugle. Deux porteurs proposent leurs
services à Zatoichi, mais après quelques dizaines de mètres, il
décide de faire chemin à pieds, laissant une femme portant un très
jeune enfant prendre sa place. Ceux qui l'épient et le suivent ne
s'étant pas aperçus de l'échange attaquent le palanquin et le
traversent de leur sabre, croyant ainsi tuer le masseur. Lorsque
Zatoichi entend les porteurs hurler, il est déjà trop tard. La mère
est morte serrant dans une étreinte de mort son bébé, lui, encore
en vie.
Persuadé d'avoir
lui-même livré la jeune femme à la mort en lui offrant sa place à
l'intérieur du palanquin, Zatoichi décide de prendre soin du bébé
jusqu'à ce qu'il retrouve son père. Il apprendra plus tard que
l'homme ayant contracté une dette, il avait envoyé sa femme louer
ses services pour rembourser la dette auprès d'un parrain local. Sur
la route, Zatoichi fait la connaissance de Ishuko, une pickpocket,
qui va l'accompagner lors de son voyage.
Après sept volets
consacrés à la légende de Zatoichi, le masseur itinérant, c'est
l'homme qui mit en scène l'acteur Shintaro Katsu pour la première
fois dans le rôle deux ans plus tôt qui retourne à la réalisation.
Entre temps, Kenji Misumi a tourné plusieurs longs-métrages et
tournera à partir de 1972 plusieurs volets de la saga Baby
Cart. Une saga inspirée du manga Lone
Wolf and Cub,
et pourtant, La Légende de Zatoichi : Voyage
meurtrier
semble déjà comme le brouillon de ce qui fera la légende du loup à
l'enfant.
Dès
les premiers instants, on est saisis par la superbe partition
musicale de Akira Ifukube qui accompagnera le héros durant toute
l'intrigue. Une histoire bien différente des précédentes car si
les combats sont toujours présents (et toujours aussi magnifiquement
chorégraphiés), nous sommes plus proches désormais du drame que du
simple film de combat et d'aventures. L'humour est omniprésent grâce
au jeu parfois caricatural et théâtral de l'excellent Shintaro
Katsu, mais c'est à une véritable déchirure affective à laquelle
on assiste. D'abord cette mère que le cinéaste tue sans ménagement.
Rares sont les fois une la gente féminine est morte sous les coups
de sabres. Mais ce que l'on retient surtout de ce récit en
lévitation, c'est l'attachement de Zatoichi et de Ishuko pour ce
jeune enfant dont ils auront bien du mal à se détacher.
On
y découvre un Zatoichi beaucoup plus sensible, déversant des larmes
lorsqu'il s'agit de rendre l'enfant à son père. Sensible et pudique
puisqu'à l'arrivée d'Ishuko, il séchera ses larmes pour ne pas
être vu dans cette gênante situation. Kenji Misumi se réapproprie
totalement le sujet en bouleversant la donne établie par des
cinéastes qui se concentraient de plus en plus sur les combats et
bien moins sur la psychologie de leur héros. On découvre un
Zatoichi fin prêt à prendre le rôle de père. Plus grave
qu'auparavant, l'acteur Shintaro Katsu campe avec toujours autant de
maestria ce personnage déjà attachant, mais qui gagne aux yeux des
fans, des gallons supplémentaires. Contre toute attente, et malgré
le propos, La Légende de Zatoichi : Voyage
meurtrier fait
jusqu'à maintenant partie des meilleurs épisodes. Moins centré sur
les combats, Kenji Misumi y dévoile donc un Zatoichi nouveau,
rafraîchissant ainsi de belle manière la saga. Ainsi se clôt la
première partie du cycle consacré à La Légende
de Zatoichi...
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