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jeudi 25 mai 2017

Grave de Julia Ducournau (2016) - ★★★★★★★★☆☆



Alors même que je n'ai toujours pas osé visionner Dans ma Peau de Marina de Van pour des raisons strictement hypocondriaques et épidermiques, voici que débarque en ce début d'année 2017 le franco-belge Grave de la réalisatrice Julia Ducournau. Si le sujet semble différent (entre l'autodestruction de l'une et la découverte d'un amour irrépressible pour la chair humaine pour la seconde), les deux réalisatrices ont semble-t-il choisi d'aborder des thèmes où la chair humaine devient l'expression physique d'une déviance obsessionnelle rare. Je ne m'étendrai donc pas sur le premier et m'épancherai plutôt sur le second dont je viens tout juste de terminer le visionnage.
Je me rappelle encore des bruits retentissants dont fut l'objet le trop surestimés (et de mon avis, RIDICULE) Martyrs de Pascal Laugier, considéré alors, et sans doute par beaucoup encore aujourd'hui comme l'expérience cinématographique en terme d'horreur à la française comme la plus extrême et la plus aboutie. « Mouarf » ai-je envie de dire. Caricatural, poussif, incohérent, et proprement grotesque, voilà ce que j'avais retenu de cet objet filmique finalement tellement peu incommodant Une déception, donc.

Alors, lorsque je découvre dans la presse des termes aussi imagés et élogieux que « déflagration », « intelligence », « audace », « organique », « viscéral », « cruel », « sensuel » ou encore « dérangeant », c'est avec la plus grande prudence que je décide de me jeter dans ce récit au départ, intriguant. Une jeune femme dont les coutumes familiales les ont habitués, elle et ses parents, à proscrire la viande sous toutes ses formes débute ses étude de vétérinaire dans le même établissement que sa sœur. Comme tous les étudiants de première année, Justine va devoir subir une longue période de bizutage dont elle ne risque pas d'oublier l'une des épreuves consistant à manger de la viande crue. Poussée même par sa sœur Alexia, la jeune femme va contre toute attente développer une véritable obsession pour ce que ses parents ont toujours proscrit, au point même de faire exploser tous les tabous en dévorant un jour, de la chair humaine...

D'une certaine manière, le film de Julia Ducournau reprend là où les travaux de David Cronenberg sur la chair et l'esprit se sont interrompus. L'un des interdits les plus inconcevables. La cinéaste développe avec une maturité folle la transformation d'une chenille en papillon. D'une jeune adolescente fragile, évanescente et timide, Julia Ducournau fait de son héroïne une prédatrice sauvage. Une louve dans une bergerie. Ou presque puisque l'univers qui nous est décrit (ici, une université de médecine vétérinaire) nous semblera parfois fort incommodant. De mœurs étranges à l'accoutumance de pratiques visant à désensibiliser l'individu face à la mort, Grave distille un doux et dérangeant parfum.
Beaucoup moins auteurisant que l'épuisant (dans tous les sens du terme) Trouble Every Day de Claire Denis, le long-métrage de Julia Ducournau porte en lui plusieurs grilles de lecture dont celle d'une cellule familiale imposant un interdit tellement puissant qu'une fois délivrée de l'emprise de ses parents, la gamine va braver leur autorité comme le fit déjà plusieurs années auparavant sa propre sœur. Grave et sauvage, beau, intimiste, révolté, sans complexe et parcouru de vision fantasmagoriques extraordinaires dont le baiser oculaire que l'héroïne vampirise de son regard n'est pas des moindres. Les codes du teen-movie explosent ici et passent ses héros à la moulinette afin d'en faire des adultes bien avant l'heure. Le trio de tête formé de Garance Marillier, Ella Rumpf et Rabah Naït Oufella explose à l'écran. Derrière l'horreur du sujet se cache un message de liberté. Le papillon prenant son envol... Shocking !

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