Le fantastique,
Jean-Pierre Mocky, ça le connaît puisque déjà, en 1964, le
cinéaste français originaire de Nice avait signé l'intéressante
Cité de l'Indicible Peur avec
l'acteur Bourvil. Dix-sept ans plus tard, il revient au genre alors
que ses thèmes de prédilections sont habituellement la comédie et
le policier. Encore une cité, celle des Spectres Verts de Litan où
se déroule une fête et autour de laquelle démarre une intrigue
incroyablement confuse. Dans des décors étouffés par une brume
incessante et où circule une eau investie par les spectres verts du
titre, Nora est la victime d'un horrible cauchemar dont les moments
essentiels ressurgissent une fois qu'elle a mis les pieds à Litan.
Une bourgade labyrinthique parcourue de grottes et de couloirs
souterrains inondés à laquelle la petite commune française
Annonay située dans le département de l'Ardèche sert de décor.
En plein cœur d'un carnaval où les habitants circulent logiquement
le visage caché derrière un masque se déroule un récit complexe
de part le montage et la mise en scène incohérents de leur auteur.
Basé sur un scénario écrit à huit mains par Suzy Baker, Patrick
Granier, Jean-Pierre Mocky et Jean-Claude Romer, Litan
: La Cité des spectres verts
est
vérolé par un trop grands nombre de problèmes pour mériter
jusqu'au Prix de la critique qui lui a été accordé au Festival
international du film fantastique d'Avoriaz en 1982.
Jean-Pierre
Mocky a beau engager quelques têtes bien connues telles Marie-José
Nat, Nino Ferrer ou Dominique Zardi, le reste du casting (dont fait
partie la propre épouse du réalisateur Marysa Mocky) peine à avoir
l'envergure nécessaire à la bonne marche d'un projet, pourtant au
départ, très alléchant. L'un des aspects les plus remarquablement
fantastique du film (et fil conducteur d'une bonne majorité de ses
longs-métrages) est la préférence du cinéaste pour les être
difformes, laids et effrayants. Sans vouloir trop m'appesantir sur la
chose, reconnaissons à Jean-Pierre Mocky cette tendance à vouloir
n'engager sur ses plateaux que des êtres au physique hors norme. Non
pas que la pratique soit universellement nuisible mais les acteurs
sont si mauvais qu'on ne peut pas, en tout honnêteté, reconnaître
une quelconque qualité d'acteur à ces interprètes qui ne
connaissent du métier, pas même le minimum obligatoire.
C'est
pourtant cet aspect dénigrant du film qui offre justement au
spectateur l'occasion d'assister à un spectacle hors du commun. Car
en agissant de la sorte, Jean-Pierre Mocky sort des sentiers (plutôt
mal) battus par d'autres. C'est d'ailleurs peut-être en cela qu'il a
touché le jury d'Avoriaz cette année là. Malheureusement, après
temps d'années, le film a semble-t-il perdu du peu de charme qu'il
possédait déjà et suivre les aventures rocambolesques de Nora et
Jock est plus ennuyeux que véritablement captivant. Une épreuve de
force qui, si elle est menée jusqu'au bout, laisse alors le champ
libre aux curieux de tous poils qui voudraient par la suite en savoir
un peu plus sur ce cinéaste français vraiment atypique. D'autant
plus que contrairement aux apparences laissées par la majeure partie
des films qu'il signera par la suite, Jean-Pierre Mocky a, durant
toute sa carrière, émaillé sa filmographie de quelques bijoux
cinématographiques. Reste à fouiller dans le tas afin d'y déceler
les quelques pépites qui s'y trouvent. Œuvre unique en son genre,
Litan : La Cité des spectres
verts aura
malheureusement subit les outrages du temps et ne demeure aujourd'hui
plus qu'un Nanar devant lequel rigoler reste encore la meilleure
chose à faire...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire